Les personnes qui demandent une sortie prématurée ou « avant avis médical » (BMA) de l'hôpital ont un risque 10 fois plus élevé de surdose de médicament au cours du mois suivant, selon une nouvelle étude JAMC (Journal de l'Association médicale canadienne) https://www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.240364.
Les patients quittent l'hôpital prématurément pour diverses raisons, notamment une douleur mal traitée, des envies de fumer, un stress qui accentue les problèmes psychiatriques, des conflits avec le personnel hospitalier et des restrictions de mouvement ou de visite. Les patients hospitalisés qui demandent une sortie de l'hôpital après une BMA ont jusqu'à trois fois plus de risques de mourir dans l'année suivante que les personnes qui subissent une sortie de routine conseillée par un médecin. La sortie « avant avis médical » a également été appelée « sortie à l'initiative du patient » ou « contre avis médical ».
« Depuis longtemps, les médecins et les infirmières de première ligne se demandent si la sortie de l’AMM augmente le risque de surdose ultérieure », explique le Dr John Staples, auteur principal de l’étude et professeur clinicien associé à l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver, en Colombie-Britannique. « Pour les patients souffrant de troubles liés à la consommation de substances, un long séjour à l’hôpital peut parfois être une période d’abstinence médicamenteuse, ce qui peut réduire la tolérance aux opioïdes et interrompre l’accès aux traitements (contre la toxicomanie). Après leur sortie de l’hôpital, ces patients peuvent être victimes de douleurs persistantes et d’une dépendance non traitée, ce qui peut les inciter à consommer des drogues plus que d’habitude. Tous ces facteurs peuvent accroître le risque de surdose ultérieure. »
Pour comprendre le lien entre la sortie de l'hôpital et les surdoses de drogue, les chercheurs ont mené une étude qui a examiné les données de santé de 189 808 admissions à l'hôpital survenues entre 2015 et 2019 en Colombie-Britannique, au Canada. Au total, 6 440 (3,4 %) de ces admissions se sont terminées par un départ de l'hôpital contre l'avis médical. Ils ont constaté que les patients ayant obtenu une sortie de l'hôpital étaient plus susceptibles d'être des hommes plus jeunes souffrant d'une maladie psychiatrique, d'un trouble de consommation de substances ou d'antécédents de consommation de drogues illicites. Le taux de surdose mortelle ou non mortelle de drogues illicites dans les 30 premiers jours suivant la sortie de l'hôpital était 10 fois plus élevé après la sortie de l'hôpital qu'après la sortie sur avis médical. La sortie « avant l'avis médical » était associée à une surdose ultérieure, même après prise en compte d'autres facteurs de risque de surdose.
« Ces résultats indiquent que les patients qui entament une sortie de BMA présentent un risque élevé de surdose, que la sortie de BMA peut être un facteur causal de surdose ultérieure et que les patients qui entament une sortie de BMA (en particulier ceux qui ont des antécédents de troubles liés à la consommation de substances) devraient se voir offrir un soutien clinique et social urgent pour réduire les dommages liés à la surdose », écrivent les auteurs.
Ils suggèrent qu’il existe des possibilités d’améliorer les soins médicaux prodigués à ces patients.
« Les hôpitaux et les systèmes de santé devraient élaborer des protocoles fondés sur des données probantes pour prévenir la sortie des BMA et devraient explorer de nouveaux moyens de sensibilisation après le départ pour réduire le risque de surdose de médicaments après la sortie de l'hôpital », conseillent les auteurs.