Alors que 600 000 doses de Botox, d’acide hyaluronique et autres produits de comblement sont consommées en France chaque année, il paraît légitime de se demander si les injections antirides sont réellement sans danger. Car ce type de pratique de plus en plus répandu entraîne parfois, selon les produits, des réactions et des effets indésirables sévères, bien que circonscrits à moins de 1% de la clientèle. Ces chiffres illustrent pourtant les risques potentiels représentés par la chirurgie esthétique du visage.
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Botox, acide hyaluronique, collagène… Les principaux risques de la chirurgie esthétique
Comme toute introduction de corps étranger dans la peau, les diverses injections antirides, même s’il s’agit de produits résorbables, peuvent entraîner des réactions cutanées transitoires telles que :
- l’apparition de rougeurs,
- la formation d’ecchymoses,
- des gonflements inopinés,
- des paralysies faciales,
- etc.
Si ces symptômes disparaissent généralement au bout de quelques jours, 0,1 à 1% des personnes traitées développent des complications beaucoup plus graves, comme des réactions allergiques spectaculaires parfois difficiles à contrecarrer.
Dans le cas des produits voués à se dégrader totalement dans le corps au bout d’un certain temps, les risques de cette chirurgie esthétique sont souvent limités, la réaction disparaissant avec le produit.
En ce qui concerne les substances volumatrices, les injections antirides nécessitent davantage de précautions afin d’écarter tout risque d’infection. Ces actes de petite chirurgie esthétique entrainent des risques plus importants liés à l’injection de produits non résorbables. Inflammations diverses et granulomes ne sont pas rares.
Selon les données de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM), les effets indésirables prononcés concernent 600 à 6 000 personnes par an, pour de simples interventions dont le but est d’embellir et de rajeunir le visage. Dans un rapport récent, l’ANSM affirme d’ailleurs s’inquiéter du manque de données de sécurité concernant les injections antirides réitérées. Les risques de la chirurgie esthétique seraient-ils minimisés voire même, plus grave, dissimulés ?
Substances résorbables et non résorbables
Tous les produits destinés aux injections antirides ne sont pas équivalents, même s’ils relèvent pourtant de la même réglementation. Leur pouvoir de résorption, lorsqu’il existe, varie sensiblement et les effets secondaires pouvant apparaître sont encore très mal maîtrisés.
Il convient de distinguer les produits « résorbables » des produits « non résorbables » :
- les premiers ont une durée d’action de trois à six mois. Ils se présentent sous forme de gels plus ou moins denses à base d’acide hyaluronique ou d’acide polylactique. Leur tenue reste efficace jusqu’à dix-huit mois environ. Même s’ils sont de plus en plus répandus dans l’univers de la chirurgie esthétique, ils ne sont pas sans risque, à tel point que leur innocuité ne fait pas consensus…
- les produits « non résorbables » ou « partiellement résorbables », tels le Polycrylamide, l’Hydrogel acrylique et le Polymatacrylique de Méthyle. Ils restent quant à eux dans la peau une fois l’injection antiride pratiquée. Ils font l’objet de nombreuses critiques, car ce sont surtout eux qui causent des réactions allergiques préjudiciables à la santé humaine. Si ce type de produits à visée thérapeutique s’avère efficace, comme c’est le cas pour la chirurgie reconstructive en cas de perte osseuse, leur utilisation en chirurgie esthétique est aujourd’hui encore trop risquée. L’ANSM déconseille leur emploi.
À savoir : également très utilisée pour les injections antirides, la toxine botulique, ou Botox, est une substance résorbable mais obéit à la réglementation du médicament et non à celle des produits de comblement…
Risques de la chirurgie esthétique : les produits de comblement en question
Qu’est-ce qu’un produit de comblement ?
Balayons d’emblée cette idée reçue et fortement employée dans l’argumentaire de vente des partisans les plus fervents de la retouche artificielle : non, les produits de comblement ne sont pas des médicaments !
Ils sont issus de la démocratisation de l’utilisation de dispositifs de comblement de volumes utilisés dans le cadre de la reconstruction faciale ou corporelle. La plupart du temps utilisés comme injections antirides, ils sont introduits dans la peau à l’aide d’une seringue.
Ces substances sont destinées à rester en place plus de trente jours et doivent répondre à la définition d’un dispositif chirurgical à long terme, ce qui dans les effets est rarement le cas !
Au contraire des médicaments dont l’efficacité objective et mesurable ainsi que l’intérêt direct pour la santé sont prouvés par des études cliniques réalisées sur plusieurs années, il en est tout autre pour les produits et injections antirides utilisés à des fins esthétiques.
Les faits sont malgré tout là : en dix ans, la pratique initiale plutôt confidentielle a évolué vers un marché en plein développement, avec plus d’une centaine de produits injectables commercialisés en France par près de 30 fabricants !
Pourtant, si vous décidez d’avoir recours aux injections antirides ou aux pratiques à risques de la chirurgie esthétique, il est peu probable qu’un remède miracle parvienne à terme à améliorer votre apparence ou à rajeunir l’ovale de votre visage.
Le marquage CE comme garantie des injections antirides ?
Si la majorité des fabricants et des distributeurs contrôlent la production, la stérilisation ainsi que la traçabilité de leurs produits injectables antirides de manière convenable, c’est sans doute parce que l’ANSM est intransigeante en la matière. L’organisme a déjà suspendu par le passé un fabricant de gel d’acide hyaluronique qui ne respectait pas les exigences essentielles qu’impose le marquage CE (Communauté européenne).
Directive européenne créée en 1993 et modifiée en 2007, le marquage CE oblige les fabricants à fournir des tests justifiant de la sécurité et des performances de leurs produits et injections antirides.
Les tests sont effectués par un organisme indépendant habilité à délivrer la norme. Pourtant, ce label de qualité, s’il a le mérite d’exister, paraît insuffisant dans la mesure où il ne donne aucune indication sur l’acceptabilité, à court et long terme, d’un produit par le corps humain. Tous les risques potentiels inhérents à la chirurgie esthétique ne sont pas évalués de manière exhaustive.
De plus, la plupart des études fournies sur le sujet sont réalisées par les fabricants eux-mêmes. Étrangers au protocole médical, ces derniers ne sont en outre pas indépendants et manquent de transparence.
Face au déferlement de nouveaux produits, les autorités sanitaires devraient prochainement exiger la réalisation d’études plus complètes. Une synthèse rétrospective des effets secondaires et des risques de la chirurgie esthétique et des injections antirides portant sur plusieurs années et plusieurs pays semble en effet urgente. Surtout au vu des dommages causés chaque jour ou presque par la retouche artificielle sur les stars comme sur Monsieur et Madame « Toulemonde ». Rajeunir votre visage par des méthodes naturelles ou la musculation faciale est assurément plus prudent !