La médecine esthétique connaît un succès grandissant ces dernières années en raison notamment de l’engouement pour les injections : Botox, acide hyaluronique, fils retenseurs, laser… Les actes de médecine esthétique font aujourd’hui partie intégrante du quotidien des Français qui souhaitent retrouver une beauté perdue ou simplement améliorer son apparence physique. Mais ce marché très lucratif attire également des personnes cherchant à tirer profit de l’ignorance des uns et des autres en proposant des produits esthétiques de qualité inférieure, injectés par des non-médecins. On les appelle communément les “Fake Injectors”.
Ces pratiques illégales sont reconnues comme une menace croissante pour la santé publique, responsables d’effets indésirables. On parle aujourd’hui de plus en plus de cette tendance, encouragée par les influenceurs et promue sans aucun contrôle sur les réseaux sociaux, qui pousse de plus en plus de jeunes à se faire injecter des produits à haute dose par des faux experts. En effet, si ce produit est normalement réservé aux médecins, on le trouve en vente libre dans les pharmacies et sur internet ce qui encourage toutes sortes de dérives. Ces annonces illégales de Fake Injectors fleurissent sur les réseaux sociaux et le résultat peut être catastrophique.
Comme le souligne Catherine Bergeret-Galley, chirurgienne-plasticienne et secrétaire générale du syndicat de la profession : “les effets secondaires peuvent être graves et inclurent des inflammations, des infections locales, des nécroses cutanées, des anaphylaxies, des troubles cardiovasculaires et neurologiques, ainsi que des tumeurs” . Ajouté à cela, il faut prendre en compte que si les injections ne donnent pas satisfaction, le recours à un médecin sera difficile car le produit a été utilisé en dehors de tout cadre légal. De plus, certains produits injectables contiennent des substances toxiques, infectieuses et carcinogènes qui sont interdites à l’utilisation humaine.
Vers une hausse des Fake Injectors ?
Selon une étude menée en 2023 par l’IMCAS (International Master Course on Aging Science) sur 8 pays européens, 34% des personnes interrogées ont déclaré avoir recours à des Fake Injectors. Un constat alarmant qui marque une hausse significative des pratiques frauduleuses en Europe.
En France, la mode des grosses bouches pulpeuses et des fesses bombées revient en force, après des décennies de diktat de la minceur. Autrefois préconisé pour combler les rides, l’acide hyaluronique est aujourd’hui utilisé à toutes les sauces. Du gonflement artificiel des lèvres au remodelage entier du visage, en passant par la redessination d’un postérieur à la Kim Kardashian. Et selon certains médecins, la demande en chirurgie esthétique mollit.
De plus, les Millennials se mettent aux injections antiâge… et leur âge moyen a considérablement diminué. Ainsi, le hashtag #botox est à l’origine de plus de 5 milliards de vues sur TikTok. Les Français accrocs à la médecine esthétique sont donc de plus en plus jeunes, ce qui n’est pas sans poser certains problèmes.
Le cas des États-Unis
Aux États-Unis, les injections de botox restent plébiscitées, alors qu’en Europe, c’est l’acide hyaluronique qui a la cote. D’après Mme Catherine Bergeret-Galley, les Américaines veulent que leur rajeunissement se voie alors que les Européennes misent sur la discrétion ; or l’acide hyaluronique donne un résultat moins figé. Mais, sous la pression des réseaux sociaux, les jeunes Européennes recherchent désormais des effets plus visibles que les femmes de 40-60 ans.
Cependant, aux USA, le phénomène des Fake Injectors semble accroitre. Selon le National Center for Biotechnology Information, il existe un solde positif pour ce type de pratiques illicites dans le pays. Le service des urgences des hôpitaux US est dailleurs saturé par des patients ayant subi des complications liées à des injections sauvages ou frauduleuses. Seuls 18 États ont adopté des lois spécifiques encadrant ces Fake Injectors et malheureusement celles-ci sont rarement appliquées. Il est donc important que les autres États américains prennent des mesures afin de protéger leurs citoyens des pratiques dangereuses des faux praticiens.
Bien que la médecine esthétique puisse offrir des résultats satisfaisants et sûrs, dans le contexte actuel, elle doit absolument être pratiquée par des professionnels diplômés et compétents, conformément à la législation en vigueur. Afin de garantir la santé et la sécurité des patients, les autorités sanitaires, les services d’urgence et les plateformes de réseaux sociaux devraient adopter une stratégie globale et concertée pour endiguer ce phénomène. Seule une action collective pourra permettre d’assurer la sécurité et la qualité des soins esthétiques auxquels aspirent tant de personnes.