Les ménages sont des milieux qui impliquent des contacts répétés et étroits entre des individus de générations différentes. Un tel cadre pourrait être utile pour étudier les facteurs qui contribuent à la transmission du coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-2).
Dans une récente étude publiée sur medRxiv* serveur de prétirage, les chercheurs analysent les risques de contracter le SRAS-CoV-2 à partir du ménage et de la communauté. Les risques ont été classés selon les relations familiales, l’âge, les facteurs socioéconomiques et les conditions de vie.
Étude: Facteurs de risque de transmission domestique du SRAS-Cov-2 : une étude de modélisation dans la cohorte nationale française EpiCov basée sur la population. Crédit d’image : Studio romantique / Shutterstock.com
Sommaire
Arrière plan
La surveillance des ménages peut fournir des informations importantes sur la transmission de divers agents pathogènes. Dans le contexte de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), des études sur les ménages ont révélé que l’infection est moins susceptible de se produire chez les enfants que chez les adultes plus jeunes/d’âge moyen. Les preuves sont encore rares sur le risque pour les jeunes enfants, les nouveau-nés et les adolescents en raison de leur comportement hétérogène.
Sur la base d’une enquête sérologique basée sur la population en Suisse, il a été conclu que le risque d’infection au sein du ménage chez les jeunes enfants âgés de cinq à huit ans, ainsi que chez les jeunes âgés de 10 à 19 ans, était plus faible, par rapport à adultes d’âge moyen entre 20 et 49 ans.
Cependant, cette étude a été menée après une longue période de fermeture des écoles et à une époque de faible prévalence de COVID-19 chez les enfants. En fait, une étude canadienne distincte a signalé une infectiosité plus élevée chez les enfants que chez les adolescents.
À propos de l’étude
Les facteurs socioéconomiques ont rarement été évalués au niveau des ménages. En France, la cohorte EpiCov est une enquête sérologique riche en population.
Dans la présente étude, les données et la modélisation mathématique de la cohorte EpiCov ont été utilisées pour évaluer les effets des conditions de vie et socio-économiques, de l’âge et des liens familiaux sur le risque de contracter le COVID-19 par exposition à la fois à la communauté et aux ménages.
Un résultat positif à l’immunoglobuline G (IgG) du test immuno-enzymatique Euroimmun anti-SARS-CoV-2 (ELISA) a indiqué une infection par le SARS-CoV-2. Pour estimer les risques concurrents de contracter le COVID-19 à partir des expositions de la communauté et des ménages, des modèles binomiaux à chaîne stochastique ont été ajustés pour répartir les infections entre les ménages.
Des données sur 17 983 personnes âgées de cinq ans et plus provenant de 8 165 ménages ont été utilisées dans cette étude. Les personnes résidant dans des maisons de retraite ont été exclues de l’étude EpiCov.
Principales conclusions
Des simulations ont révélé que la transmission domestique représentait 25 % des infections par le SARS-CoV-2. Les principaux facteurs d’infection à l’extérieur du ménage étaient l’âge, ainsi que des facteurs socioéconomiques et démographiques, tandis que ceux des infections à l’intérieur du ménage étaient l’âge et les liens familiaux.
Les jeunes adultes avaient le risque le plus élevé d’infection extra-domestique, tandis que les 65-74 ans étaient les plus à risque de contracter le COVID-19 d’une personne infectée à la maison à un taux de 22,1%. Étonnamment, ce risque élevé n’a pas été observé chez les membres de la famille âgés de plus de 74 ans.
Probabilités estimées (%) d’infection extra et intra-ménage selon l’âge. Médiane, intervalle de crédibilité à 95 %.
En ce qui concerne les liens familiaux, la transmission au sein du ménage était la plus élevée entre les partenaires et de la mère à l’enfant avec un taux de 29,9 % et 29,1 %, respectivement. Des taux de transmission plus faibles des enfants aux parents ont été observés.
Les modèles ont également révélé que les adultes étaient plus susceptibles d’être infectés à l’extérieur, par rapport aux enfants. Par la suite, les adultes ont introduit le virus dans le ménage, infectant ainsi les enfants.
Probabilités estimées (%) de transmission de personne à personne selon (A) la taille du ménage et (B) les liens familiaux. Médiane, intervalle de crédibilité à 95 %.
La probabilité d’infections à l’extérieur du ménage augmentait avec la densité de population et le revenu familial. Cette probabilité d’infection était également plus élevée parmi les régions françaises les plus touchées par le COVID-19.
Forces et limites
L’étude actuelle a couvert une période d’intérêt où les écoles étaient ouvertes et les enfants étaient plus susceptibles d’être exposés au SRAS-CoV-2. De plus, les facteurs associés à la transmission extra- et intra-ménage ont été étudiés et des chaînes de transmission plus longues au sein des ménages ont été prises en compte.
L’une des principales limites de l’étude était le manque de puissance statistique lors de l’analyse d’interactions spécifiques, telles que les petits-enfants et les grands-parents. En outre, certaines infections de la première vague de la pandémie peuvent avoir été exclues, car les réponses en anticorps diminuent généralement après les quatre premiers mois suivant l’infection.
Le manque de données sérologiques chez les enfants de moins de cinq ans a empêché l’analyse du rôle joué par les très jeunes enfants dans la transmission du SARS-CoV-2. Enfin, la possibilité d’une réinfection n’a pas été évoquée.
conclusion
La présente étude a analysé les deux premières vagues d’infection par le SRAS-CoV-2 en France en 2020 et a fourni des estimations du risque de contracter ce virus à l’intérieur et à l’extérieur des ménages. La probabilité de transmission de personne à personne au sein des ménages variait en fonction de l’âge et des liens familiaux des individus.
En novembre 2020, une vaccination généralisée a été mise en place. Dans le même temps, des variants préoccupants du SRAS-CoV-2 ont commencé à émerger, ce qui a considérablement modifié le contexte épidémiologique.
Les résultats de la présente étude mettent en évidence l’hétérogénéité des facteurs associés à la transmission du SRAS-CoV-2. En outre, l’étude actuelle démontre l’utilité des enquêtes sérologiques basées sur la population, qui pourraient également être étendues à d’autres virus respiratoires à l’avenir.
*Avis important
medRxiv publie des rapports scientifiques préliminaires qui ne sont pas évalués par des pairs et, par conséquent, ne doivent pas être considérés comme concluants, guider la pratique clinique/les comportements liés à la santé, ou traités comme des informations établies.