Sommaire
Le problème de santé
La maladie rénale chronique se définit par un fonctionnement réduit des reins pendant au moins trois mois avec des implications néfastes pour la santé et la survie. Chez les malades qui en sont atteints, on cherche à ralentir la progression vers l’insuffisance rénale terminale et ses traitements lourds et coûteux que sont la dialyse et la greffe de rein. Environ cinquante mille Français sont en insuffisance rénale terminale, et 5,7 millions pour la maladie rénale chronique. Les plus exposés sont les personnes de plus de soixante ans ou atteintes de diabète, d’affections cardio-vasculaires ou d’obésité.
L’étude de référence
Une revue systématique a recherché les essais randomisés évaluant l’efficacité des régimes pauvres en protéines chez les insuffisants rénaux chroniques. Ils étaient testés auprès d’adultes avec un apport en protéines de 0,3 à 0,4 gramme par jour par kilo de poids de corps, en comparaison avec un apport faible (0,5 à 0,6 gramme) ou normal (supérieur à 0,8 gramme) pendant un an ou plus. Dix-sept essais incluant deux mille neuf cent quatre-vingt-seize participants ont été analysés. Seul le régime le plus limité en protéines a eu un effet sur les délais d’accès à un traitement lourd (dialyse ou greffe).
Descriptif de la méthode
Le régime spécifique pour les patients insuffisants rénaux chroniques limite la consommation de viandes, de charcuteries, de poissons, d’œufs et de laitage, mais aussi de protéines végétales, essentiellement les noix, les graines et les oléagineux. Un apport entre 0,3 et 0,7 gramme par kilo de poids de corps et par jour est pertinent dans le cadre d’un suivi diététique. Il convient ainsi de consommer quotidiennement huit à dix fruits et légumes, six à huit produits céréaliers, des graines et des légumineuses, quatre à cinq fois par semaine, et du poisson, de la viande blanche ou de la volaille.
Les mécanismes d’action
Les protéines se dégradent dans l’organisme sous forme d’urée, elle-même éliminée par les reins dans les urines. L’insuffisance rénale rendant cette élimination plus difficile, les reins se fatiguent. La quantité de protéines excrétée dans les urines est ainsi un des éléments prédictifs importants de la progression de l’insuffisance rénale chronique, plusieurs éléments laissant penser à la toxicité sur le rein de la présence de protéine dans l’urine. Sa limitation favorise ainsi le bon fonctionnement de l’organe.
Bénéfices
Comme la méta-analyse le confirme, un régime à très faible teneur en protéines réduit le risque d’atteinte du stade grave de l’insuffisance rénale.
Quels sont les risques ?
L’impact sur la qualité de vie, sur l’état de dénutrition (indiqué par une fonte musculaire) et sur des carences en vitamines et oligoéléments est insuffisamment renseigné dans la littérature scientifique. Faute de certitude, un suivi biologique et médical régulier s’impose.
Conseils pratiques
L’insuffisance rénale diminue l’activation de la vitamine D qui influence l’absorption intestinale du calcium. En fonction du taux sanguin, de la vitamine D est donc donnée en supplément. Mais l’exposition au soleil est déjà plus qu’utile pour en « fabriquer ». Le calcium devant être apporté en quantité suffisante, il peut l’être par des produits laitiers (trois par jour), du chou et certaines eaux. Au stades 4 et 5 de la maladie, des œdèmes risquent de survenir lorsque l’élimination du sel est diminuée. Mais s’il n’y a pas d’insuffisance cardiaque associée, l’alimentation en sel doit être normale (six à huit grammes par jour), en évitant l’excès comme le régime sans sel qui joue défavorablement sur l’appétit. N’en rajoutez simplement pas, mais attention aux viandes et poissons fumés, aux aliments et plats industriels, aux fromages, charcuteries, mollusques et crustacés qui en comportent beaucoup. Cuisinez si possible avec des aliments frais, et buvez à votre soif, une consommation importante n’étant conseillée qu’en cas d’infections ou de calculs urinaires.
À qui s’adresser ?
Un néphrologue (médecin spécialiste du rein), un endocrinologue ou un cardiologue. L’accompagnement d’un diététicien permet par ailleurs de concilier les exigences du régime et le plaisir de manger.