Sommaire
Le problème de santé
Le stress post-traumatique affecte près de 10 % des hommes et 18 % des femmes. Il se caractérise par un ensemble de symptômes anxio-dépressifs et comportementaux apparaissant suite à un événement durant lequel on s’est cru en danger de mort en ressentant de la peur, de l’impuissance et de l’horreur. Ce trouble n’est pas systématique, chacun réagissant différemment à un événement traumatisant (agression physique ou verbale, accident, attentat, viol…). Certaines prédispositions favorisent son émergence : dépression, trouble obsessionnel compulsif (TOC), anxiété, phobie. Le stress post-traumatique est dit aigu si les symptômes et les souffrances disparaissent en moins de trois mois. S’ils perdurent au-delà, il est appelé chronique. Dans près d’un cas sur deux, le trouble dure plus d’une année.
Les études de référence
De nombreux essais cliniques ont démontré l’utilité de la thérapie cognitive pour traiter le trouble de stress post-traumatique chez l’adulte, aussi bien chez des femmes victimes d’agressions sexuelles que chez des personnes ayant subi des violences, affectées par une intervention militaire ou victimes d’un attentat. Une méta-analyse a examiné tous les essais comparant cette INM avec des groupes témoins inactifs ou prenant un autre traitement. Portant sur onze études et mille cent trente participants, elle relève que ceux traités par la thérapie cognitive spécifique s’en sortent mieux après le traitement que 89 % de ceux placés dans des conditions de contrôle, et 82 % lors du suivi à moyen terme. Les résultats montrent également que l’INM surclasse les conditions de contrôle sur les marqueurs non liés directement au stress à la fin de la thérapie. Les auteurs concluent à l’efficacité de ce traitement avec des avantages durables.
Descriptif de la méthode
La thérapie cognitive, ou cognitive processing therapy (CPT) spécifique, est une méthode conçue pour aider les personnes à faire face aux événements traumatisants de la vie. Elle modifie les pensées pénibles survenant à la suite d’un traumatisme. Cette INM se déroule en douze séances individuelles réparties sur trois mois. La première est consacrée à l’identification des symptômes associés au stress post-traumatique. Le thérapeute donne des explications théoriques et pratiques sur ces symptômes liés au stress. Il explique comment les personnes réagissent à un traumatisme, et détaille l’INM. Suite à l’échange, le patient rédige un texte court sur l’impact du stress dans sa vie quotidienne en évoquant également son regard sur lui-même et sur ses proches, ainsi que les réactions de personnes ayant écouté son expérience traumatique. Ensuite, séance après séance, le praticien identifie les croyances et les réactions émotionnelles du patient face à son événement traumatisant. Une prise de conscience s’établit sur ses pensées, ses réactions et ses sentiments. Un questionnement socratique permet d’examiner différentes perspectives par rapport à l’hypothèse de départ du patient. Le thérapeute interroge ce dernier sur ses pensées auto-accusatrices et autres interprétations donnant le sentiment d’être « coincé » par la situation. Le patient apprend ainsi à les remettre en cause. Le thérapeute propose ensuite d’entreprendre un nouveau travail d’écriture afin de mieux reconnaître les façons de penser ses problématiques. Lors des dernières séances, le thérapeute aide à comprendre comment le système de croyances peut changer après un traumatisme, en se concentrant spécifiquement sur celles concernant la sécurité, l’estime de soi, les relations intimes, le pouvoir, le contrôle et la confiance.
Les mécanismes d’action
L’INM aide le patient touché par un stress post-traumatique à gérer ses pensées angoissantes et intrusives en acquérant une meilleure compréhension de l’influence d’une expérience traumatisante sur sa vision de lui-même et du monde. Cette méthode s’appuie sur deux théories. D’abord, celle du traitement de l’information postule que le stress post-traumatique se développe car les souvenirs d’un incident traumatisant conduisent à des sentiments de peur et, finalement, à des comportements d’évitement. La personne tente d’échapper à cette peur, ce qui a généralement pour effet involontaire de la maintenir, voire de la renforcer. Selon cette théorie, l’exposition répétée au souvenir traumatique dans un environnement thérapeutique sûr est une étape déterminante dans le processus d’acceptation de la peur qui doit le rendre capable de la percevoir comme moins puissante. La théorie socio-cognitive du stress post-traumatique n’explique, elle, pas seulement le fonctionnement de la peur, mais aussi comment d’autres réponses émotionnelles pertinentes émergent. Elle considère que si les émotions primaires sont le résultat direct d’une expérience traumatique, les émotions secondaires se développent à partir de l’interprétation que l’on en a faite. Une personne agressée peut ainsi ressentir au départ de la peur et de la colère, et éprouver ensuite de la culpabilité, voire de la honte, si elle se croit responsable, même partiellement, de l’agression. Mais lorsque l’on parvient à contester de manière adéquate ce type d’interprétations erronées, on ressent moins d’émotions secondaires et de pensées intrusives renvoyant au traumatisme.
Bénéfices
La thérapie cognitive spécifique au stress post-traumatique est un traitement curatif efficace pour toutes les personnes victimes de viol, d’agression physique, de harcèlement, d’un deuil traumatisant, d’attentat et de conflit militaire. Les patients se disent guéris et en capacité de reprendre le cours de leur vie en fonctionnant plus normalement, sans évidemment faire totalement abstraction de leur expérience. Une forme de résilience est à l’œuvre qui leur permet de ne plus rester bloqués sur ce moment tragique.
Quels sont les risques ?
Bien que la thérapie cognitive s’avère très efficace dans le traitement du stress post-traumatique, elle a certaines limites. Un nombre substantiel d’anciens combattants ont continué à ressentir des symptômes de ce stress très particulier après l’avoir terminée. Par ailleurs, les tâches d’écriture à réaliser s’avèrent difficiles pour certains patients.
Conseils pratiques
Des victimes de stress post-traumatique sont susceptibles d’avoir d’autres problèmes de santé mentale à gérer en même temps tels qu’une toxicomanie, une dépression ou un trouble dissociatif. Elles peuvent suivre la thérapie cognitive, mais le praticien devra s’assurer que ces problèmes concomitants n’entraveront pas son bon déroulement, ni l’engagement durable du patient. Si tel est votre cas, un traitement multidisciplinaire en établissement hospitalier devra être privilégié suite à une évaluation psychiatrique.
À qui s’adresser ?
Un psychiatre ou un psychologue formé à l’INM.