Sommaire
Le problème de santé
Pathologie neurodégénérative, la maladie d’Alzheimer affecte les fonctions cognitives (mémoire, langage, raisonnement, apprentissage, perception, attention…) et aboutit à une perte d’autonomie ainsi qu’à des troubles du comportement. Elle résulte notamment d’un dysfonctionnement progressif des connexions liant les neurones dans un centre de la mémoire, appelé l’hippocampe. En 2015, la France comptait neuf cent mille personnes atteintes et deux cent vingt-cinq mille nouveaux cas. Chaque année, on en recense sept millions sept cent mille dans le monde, et l’OMS prévoit un quasi doublement du nombre de malades tous les vingt ans. Si les personnes âgées sont les plus touchées (près de 15 % des plus de quatre-vingts ans), la maladie peut aussi survenir beaucoup plus tôt. On estime à trente-trois mille le nombre de patients de moins de soixante ans en France.
L’étude de référence
Reposant sur vingt-deux études et incluant mille quatre-vingt-dix-sept malades d’Alzheimer vivant en établissement, une méta-analyse conclut à l’amélioration des problèmes comportementaux par un programme de musicothérapie supervisé par un professionnel. L’INM combine le chant, le travail sur des percussions et la marche au rythme d’une musique. La persistance des effets à long terme reste à vérifier, mais la thérapie démontre sa capacité à stimuler les fonctions cognitives, sensorielles et neuro-motrices résiduelles de la personne.
Descriptif de la méthode
Proposé aux malades d’Alzheimer sur indication du médecin ou de l’équipe soignante, le programme de musicothérapie comprend généralement entre six et huit séances d’une heure et demie, avec un minimum d’une séance par semaine. Chacune se déroule en groupe de six à dix personnes selon la même routine : rappel des objectifs, présentation de tous les participants, échauffement (en cas d’atelier de chant ou d’utilisation d’instruments), un ou plusieurs exercices spécifiques et enfin temps d’échange pour dresser le bilan de la séance. Le musicothérapeute propose des musiques que le groupe choisit pour tout exercice. Elles doivent faire sens avec chaque génération et être suffisamment populaires, évocatrices et stimulantes. Elles sont enchaînées selon une logique d’apprentissage sensorimoteur, sensoriel et cognitif.
Les mécanismes d’action
Trois types de mécanismes sont principalement sollicités par la musicothérapie :
- sensoriel et émotionnel : le jugement esthétique et l’appréciation émotionnelle sont largement préservés dans la maladie d’Alzheimer. Cela permet d’utiliser l’action neurophysiologique bien connue de la musique sur l’humeur et le comportement, avec un effet stimulant associé à une libération de dopamine. Écouter de la musique aimée rend ainsi temporairement plus efficient pour différentes tâches, ce qui pourrait expliquer la baisse de l’apathie. En réduisant par ailleurs le stress et l’anxiété, une musique apaisante contribue à réduire les comportements agressifs.
- cognitif : la mémoire des chansons et des airs anciens écoutés pendant sa jeunesse fait appel à la mémoire sémantique (liée aux connaissances générales) qui est relativement bien conservée dans la maladie d’Alzheimer, même à un stade avancé. La musique déclenche des souvenirs autobiographiques et incite la personne malade à se reconnecter avec son passé et son identité, ce qui peut l’apaiser.
- social : écoutée dans un groupe encadré par un professionnel, la musique devient une activité sociale qui provoque un sentiment d’appartenance. Elle soutient la communication et la connexion avec les autres membres du groupe, les proches, les aidants et le personnel soignant.
Bénéfices
Relaxante, la musique induit un état qui permet une réduction des troubles du comportement, de l’agitation et de l’irritabilité. Elle peut aussi être stimulante en éveillant les sens et en favorisant les échanges avec l’entourage. Ces deux types de bénéfice améliorent le bien-être des participants.
Quels sont les risques ?
Des personnes peuvent ne pas apprécier certaines musiques. Très rarement, une chanson ou un air particulier peut faire ressurgir un souvenir difficile et provoquer une opposition ou des pleurs. Le thérapeute est alors là pour apporter son soutien et ajuster la situation, en proposant par exemple une musique inconnue.
Conseils pratiques
Toutes les personnes atteintes de démence sont susceptibles de participer à cette INM, quelle que soit la sévérité de leur maladie. Elles ont éventuellement la possibilité d’être accompagnées par des proches ou des professionnels invités à se joindre aux séances. Ces dernières peuvent être menées suivant le dispositif prévu par Music Care, une application numérique qui propose des programmes de musicothérapie fondés sur la science.
À qui s’adresser ?
La musicothérapie est pratiquée par des musicothérapeutes qui ont reçu une formation et sont habitués à travailler auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée.