Sommaire
Le problème de santé
La jaunisse néonatale survient au cours de la première semaine de vie chez environ 60 % des nourrissons par ailleurs en bonne santé. La bilirubine, un pigment jaune normalement formé dans le foie lors de la dégradation des globules rouges, ne parvient pas toujours à être efficacement éliminé par le bébé, ce qui engendre cette jaunisse. La peau et le blanc des yeux du nouveau-né deviennent jaunâtres. Il refuse le sein ou le biberon. Il est somnolent ou irritable. Il perd du poids. Ses selles deviennent blanches, beiges ou grisâtres. La jaunisse peut être grave quand un dépôt de bilirubine dans certaines zones du cerveau entraîne des lésions irréversibles et susceptibles de provoquer une paralysie cérébrale, une surdité, des troubles du langage ou des retards de développement. De façon générale, le foie n’accomplissant plus ses fonctions régulatrices correctement, s’ensuit chez le bébé une hyperbilirubinémie non conjuguée, c’est-à-dire un excès de bilirubine. Chez certains nourrissons, un déficit enzymatique constitue une cause importante de jaunisse. La maladie peut aussi résulter d’un accroissement de la circulation entéro-hépatique, ce circuit en boucle effectué par les acides biliaires entre le foie et l’intestin grêle.
Les études de référence
Une revue systématique a permis de vérifier les bénéfices et les risques d’une séquence de photothérapie chez les nourrissons atteints de jaunisse. Après avoir identifié quatorze études, la revue a confirmé l’efficacité et l’innocuité de ce traitement thérapeutique, à l’hôpital comme à domicile.
Descriptif de la méthode
La photothérapie, appelée également luminothérapie ou héliothérapie, consiste à traiter la jaunisse du nouveau-né par un apport de luminosité sur sa peau. Un système électrique projette de fortes lumières bleues ou blanches sur le corps du bébé qui va l’absorber par la peau. Elles aident l’organisme à dégrader la bilirubine. Que soient utilisées des lampes placées au-dessus du berceau ou une couverture composée de fibres optiques, la thérapie expose toute la surface du corps à la lumière, le temps que le foie du bébé prenne la relève pour réguler la bilirubine. Par rapport à l’utilisation d’une source lumineuse distante (lampe), la photothérapie rapprochée réduit la durée du traitement. L’exposition doit durer jusqu’à la disparition totale des symptômes.
Les mécanismes d’action
L’énergie fournie par la lumière à la peau du nourrisson convertit la bilirubine en une forme soluble dans l’eau grâce à deux processus principaux : la photo-isomérisation et la photo-oxydation. Ils entraînent des modifications mineures de la structure moléculaire de la bilirubine qui lui permettent d’être excrétée par le foie ou les reins. Le taux de production de ces formes hydrosolubles de bilirubine dépend d’abord de la longueur d’onde de la lumière. Il est plus élevé quand elle est comprise entre quatre cent cinquante et quatre cent quatre-vingt-dix nanomètres. En deuxième lieu, l’intensité de la lumière est un facteur important. Le taux de conversion de la bilirubine augmente en effet proportionnellement avec cette intensité, sans que l’on observe un point de saturation. Pour atteindre une intensité maximale, des lumières plus fortes peuvent être utilisées et des sources lumineuses sont rapprochées le plus proche possible de la peau. Enfin, un troisième facteur joue un rôle essentiel : la surface de la peau exposée à la lumière. Plus la zone sera grande, plus le taux de conversion de la bilirubine sera important.
Bénéfices
Qu’elle utilise une lumière naturelle avec des réflecteurs, des ampoules conventionnelles ou des fibres optiques, la photothérapie est devenue la méthode de traitement standard et privilégiée de l’hyperbilirubinémie néonatale en raison de son caractère non invasif et de son innocuité. Une utilisation rapide et efficace de un à trois jours en maternité ou à domicile élimine presque tous les risques de transfusion sanguine pour les nourrissons atteints d’hyperbilirubinémie sévère, et ce traitement diminue clairement l’incidence des jaunisses aiguës.
Quels sont les risques ?
Des intensités lumineuses trop élevées et une exposition trop longue peuvent provoquer une hyperthermie, autrement dit une augmentation de la température corporelle résultant d’une accumulation de chaleur. Il est également possible qu’un bébé sous photothérapie présente temporairement des éruptions cutanées ou des selles molles. On va alors conseiller de lui faire boire plus de liquides, par exemple en l’allaitant plus souvent. Une précaution est par ailleurs à prendre de façon systématique vis-à-vis des yeux du nourrisson. Ces derniers doivent évidemment être protégés et l’on utilise des lunettes spéciales lors de chaque exposition afin d’éviter toute lésion.
Conseils pratiques
Des rideaux en matériaux réfléchissants placés autour de l’unité de photothérapie ont le potentiel d’augmenter l’éclairage. Attention toutefois face au risque d’hyperthermie, et pour l’éviter, pensez toujours à faire boire le bébé toutes les deux à quatre heures, donc huit à douze fois par jour, pendant au moins vingt minutes à chaque fois. Il faut aussi savoir qu’une séquence de photothérapie sur un bébé peut être une source d’anxiété chez la maman dans une maternité, et par là-même perturber l’allaitement. On peut pallier à ce problème en minimisant la séparation entre la mère et l’enfant, notamment en pratiquant la photothérapie dans la chambre de la maman et en permettant des soins peau à peau plus réguliers avec son bébé. Chez certains nourrissons, le taux de bilirubine recommence à augmenter après la fin de la phase de photothérapie à la sortie la maternité. Pas de panique si cela arrive, une seule nouvelle séance sera nécessaire et suffisante.
À qui s’adresser ?
Un infirmier ou une sage-femme sont les professionnels appropriés pour dispenser cette INM, dès lors qu’ils y ont été formés.