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Les problèmes de santé
L’incontinence urinaire touche environ trois millions de Français, avec une fréquence plus importante chez les femmes. Après un accouchement, un tiers des mamans souffre d’écoulements qui peuvent survenir quand elles toussent, éternuent ou rient, et lors d’un effort physique. De nombreuses femmes s’empêchent de parler de ce problème, sorte de tabou emmitouflé dans un sentiment de honte. Une femme qui a des fuites se sent « vieille », sans contrôle sur son corps. Les personnes touchées par ce problème ont tendance à ne rien faire alors que des solutions existent.
L’étude de référence
Une méta-analyse a évalué l’efficacité d’une méthode d’entraînement des muscles du plancher pelvien, également appelé périnée, pour prévenir l’incontinence des femmes avant ou après un accouchement. Quarante-six essais randomisés portant sur dix mille huit cent trente-deux femmes ont été inclus. Celles d’entre elles enceintes suivant l’INM voient leur risque d’incontinence en fin de grossesse diminuer de 62 % par rapport à celles bénéficiant des soins habituels. Six mois après l’accouchement, la baisse est plus limitée, de 29 %. Mais la preuve est faite qu’un entraînement structuré et précoce du périnée en début de grossesse peut prévenir l’incontinence liée à l’accouchement.
Descriptif de la méthode
Le programme d’entraînement des muscles du plancher pelvien (PFMT selon l’acronyme anglophone) dure vingt-deux semaines à raison de trois séances hebdomadaires de trente à quarante minutes. Une fréquence au-delà de laquelle les muscles du périnée se fatiguent, ce qui rend les exercices inefficaces. La rééducation du périnée améliore votre capacité à contracter les muscles autour du vagin, de l’urètre et de l’anus, qui ensemble forment le plancher pelvien. Pour cela, le programme vous propose des exercices statiques où l’on peut notamment contracter ces muscles comme pour se retenir d’uriner avec une sensation de remontée vers votre poitrine. D’autres exercices sont dynamiques, telle que la posture de yoga du demi-pont.
Mécanisme d’action
Le mécanisme de l’incontinence urinaire des femmes enceintes n’est pas clairement identifié. Aucun changement mécanique n’est observé au niveau de la vessie et l’urètre. En revanche, une modification structurelle survient dans le tissu conjonctif où l’on trouve huit à dix fois plus de fibres de collagène pendant la grossesse. Par ailleurs, la pression de l’utérus enveloppant le bébé associée à l’effet d’une hormone appelée relaxine pourrait contribuer à l’incontinence. L’entraînement du périnée augmente la capacité de l’organisme à recruter des fibres musculaires et à augmenter le tonus de la zone. Les propriétés viscoélastiques du tissu conjonctif sont aussi améliorées.
Bénéfices
L’utilité du programme PFMT d’entraînement du périnée a encore été démontrée par un essai randomisé mené sur cent soixante-neuf femmes enceintes de leur premier enfant au terme de vingt-deux semaines. Aussi bien au niveau de la fréquence des fuites urinaires que de leur quantité, le PFMT s’est montré « efficace en prévention primaire de l’incontinence urinaire » chez les femmes enceintes.
Quels sont les risques ?
Parmi toutes les participantes des études cliniques menées sur le programme PFMT, seules deux se sont retirées en raison de douleurs au niveau du plancher pelvien. Aucun autre effet indésirable n’a été rapporté. Écoutez toujours votre corps quand il vous alerte par une douleur et demandez conseil à un spécialiste.
Conseils pratiques
Les médecins urologues rappellent que la grossesse et l’accouchement constituent une période à risque pour l’incontinence. Fondamentale aujourd’hui, la rééducation du périnée devrait donc être systématique et assortie d’exercices au quotidien durant la grossesse et après. Entraîner ses muscles est de toute façon intéressant pour une femme, enceinte ou pas, afin de les préserver et d’apprendre à les contracter dans des situations risquées.
À qui s’adresser ?
Une sage-femme ou un kinésithérapeute formé à la PFMT.