Dans une étude récente publiée dans Scientific Reports, des chercheurs ont évalué les associations entre les traumatismes de l’enfance et la précision de la reconnaissance des émotions (ERA).
Étude: L’association entre le traumatisme de l’enfance et la reconnaissance des émotions est réduite ou éliminée lors du contrôle des traits d’alexithymie et de psychopathie.. Crédit d’image : Suzanne Tucker/Shutterstock.com
Sommaire
Arrière-plan
La reconnaissance des émotions est cruciale dans les interactions et les relations quotidiennes. L’expression des émotions est au cœur des interactions sociales, facilitant des réponses appropriées dans les situations sociales.
Une reconnaissance précise des émotions est avantageuse et les personnes ayant une plus grande précision sont plus sympathiques. De plus, la classification et la perception des expressions émotionnelles peuvent influencer le comportement.
Par conséquent, une reconnaissance précise des émotions est essentielle, car des erreurs de classification peuvent entraîner des réponses inappropriées. Les expériences de traumatisme durant l’enfance sont liées à une mauvaise reconnaissance des émotions. Néanmoins, l’ampleur de ces effets et leur relation avec les différences individuelles restent floues.
À propos de l’étude
Dans la présente étude, les chercheurs ont exploré les effets des traumatismes de l’enfance sur l’ERA et s’ils varient en fonction de l’émotion, de l’intensité des stimuli ou de la modalité (audiovisuel, visage ou voix).
Les participants âgés de 18 ans ou plus, ayant une vision normale ou corrigée et sans perte auditive significative, ont été recrutés à partir d’un site en ligne et d’un cours de premier cycle. Les variables de la tâche expérimentale comprenaient l’émotion, la modalité et le niveau d’intensité.
Les variables de différences individuelles étaient les traumatismes de l’enfance, la psychopathie et l’alexithymie. Les participants ont rempli le questionnaire court de 28 éléments sur les traumatismes de l’enfance (CTQ-SF), le questionnaire abrégé de 29 éléments sur l’échelle de psychopathie autodéclarée (SRP-SF) et le questionnaire de 20 éléments sur l’alexithymie de Toronto (TAS-20). Les scores totaux de ces questionnaires ont été standardisés et utilisés pour les analyses.
Pour les tâches émotionnelles, les stimuli ont été sélectionnés à partir d’une base de données contenant des clips d’acteurs exprimant six émotions (heureux, colère, tristesse, surprise, dégoût et peur) et une condition neutre selon trois modalités (audiovisuel, visage et voix).
Les stimuli émotionnels étaient présentés à une intensité normale ou forte. Une vidéo silencieuse d’acteurs exprimant une expression neutre ou émotionnelle a été présentée en mode visage.
Les participants ont écouté un clip audio dans la condition vocale, tandis que dans la condition audiovisuelle, un clip avec vidéo et audio a été présenté. Ils ont précisé l’émotion exprimée dans les clips.
L’expérience s’est déroulée en ligne en quatre blocs : 1) questionnaire de personnalité, 2) TAS-20 et tâche faciale, 3) SRP-SF et tâche vocale, et 4) CTQ-SF et tâche audiovisuelle.
L’effet du traumatisme de l’enfance seul sur l’ERA a été examiné à l’aide de modèles mixtes généralisés et contrôlé en outre pour la psychopathie et l’alexithymie.
Résultats
L’échantillon analytique comprenait 122 participants. Dans le modèle avec le traumatisme et la modalité de l’enfance comme facteurs fixes, il y avait un effet principal significatif du traumatisme et de la modalité de l’enfance. Cependant, l’ampleur de l’effet était faible. L’équipe a découvert qu’un traumatisme plus élevé chez l’enfant était associé à une ERA plus faible.
La précision était significativement meilleure pour les émotions audiovisuelles que pour les émotions vocales et faciales.
Cependant, les traumatismes de l’enfance n’étaient plus significatifs lorsqu’ils étaient contrôlés par la psychopathie et l’alexithymie, même si la modalité restait significative.
Il n’y avait pas d’interaction significative entre le traumatisme de l’enfance et la modalité, ce qui suggère que les effets du traumatisme n’étaient pas significativement différents selon les modalités. En outre, un effet principal significatif des traumatismes et des émotions de l’enfance décrits était évident dans le modèle les considérant comme facteurs fixes.
La précision était significativement différente entre les expressions de peur et les expressions neutres ; les expressions de peur étaient nettement moins précises. Notamment, les traumatismes de l’enfance sont restés significatifs après contrôle de la psychopathie et de l’alexithymie, avec un effet principal significatif de l’émotion décrit.
Aucune interaction significative n’a été observée entre le traumatisme de l’enfance et l’émotion représentée, ce qui suggère l’absence de variations dans l’effet du traumatisme selon les émotions.
Dans le modèle avec le traumatisme de l’enfance et l’intensité du stimulus comme facteurs fixes, il y avait un effet principal significatif uniquement du traumatisme de l’enfance. Un traumatisme plus important chez l’enfant était associé à une ERA plus faible. Notamment, l’ERA était comparable pour les stimuli d’intensité normale et forte.
Les traumatismes de l’enfance n’étaient plus significatifs après contrôle de la psychopathie et de l’alexithymie, mais l’alexithymie était significative. De manière constante, l’effet du traumatisme de l’enfance n’était pas différent selon l’intensité des stimuli.
Conclusions
En résumé, les chercheurs ont étudié les associations entre les traumatismes de l’enfance et l’ERA avec de multiples modalités et différentes intensités de stimuli.
Les traumatismes de l’enfance à eux seuls étaient associés de manière significative à l’ERA lors de l’exploration de l’intensité, de la modalité et de l’émotion des stimuli. De plus, en contrôlant la psychopathie et l’alexithymie, le traumatisme de l’enfance n’était significatif que lors de l’exploration de l’émotion représentée.
Il convient de noter que les tailles d’effet étaient globalement faibles. Ensemble, les résultats suggèrent l’importance de contrôler les différences individuelles interdépendantes.