Dans une étude récente publiée dans Médecine BMCles chercheurs ont quantifié dans quelle mesure les facteurs obstétricaux et néonatals intervenaient dans la relation entre trois conditions métaboliques maternelles, le diabète sucré prégestationnel (PGDM), le diabète gestationnel (DG), l’obésité et les conditions neurodéveloppementales (NDC) chez les enfants.
Ces conditions comprenaient l’autisme, la déficience intellectuelle (DI) et le trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (TDAH).
Sommaire
Arrière-plan
Dans le monde entier, les cas de PGDM, de DG et d’obésité maternelle ont augmenté au cours des dernières décennies et, parallèlement, la prévalence de différents types de CDN, notamment le TDAH et l’autisme chez les enfants. Cependant, la compréhension de leurs étiologies fait défaut et les stratégies de traitement et de prévention en sont à leurs premiers stades de développement.
Des études antérieures ont montré que les enfants exposés à des conditions métaboliques maternelles aberrantes in utero courent un risque accru de développer des CDN entièrement ou partiellement en raison de responsabilités génétiques partagées. Cependant, d’autres mécanismes sont également susceptibles d’être en jeu.
Ainsi, il serait intéressant d’évaluer comment diverses complications obstétricales et néonatales interviennent dans la relation entre les états métaboliques maternels et les CDN des enfants. En outre, il serait intéressant d’évaluer comment la durée d’exposition au PGDM, au DG et à l’obésité influence les processus de développement cérébral du fœtus, qui suivent naturellement un schéma séquentiel.
À propos de l’étude
Dans la présente étude, les chercheurs ont utilisé les données de Psychiatry Suède, un registre suédois enquêtant sur les troubles psychiatriques, pour identifier les enfants nés entre le 1er janvier 1987 et le 31 décembre 2010. L’échantillon analytique final comprenait 2 352 969 enfants nés de 1 299 692 mères, et leurs suivis -la mise en place s’est poursuivie jusqu’au 31 décembre 2016.
L’équipe a utilisé le Classification internationale des maladies (CIM), 9e et 10e versions pour l’identification des NDC dans la cohorte Psychiatry Suède. De plus, ils ont mesuré l’adiposité maternelle vers les semaines 9 et 10 de gestation. Près de 75 % des enfants avaient des données sur l’indice de masse corporelle (IMC) de la mère et un IMC ≥ 25 kg/m2 ont indiqué une obésité maternelle.
Les chercheurs ont identifié des médiateurs potentiels sur la base de recherches antérieures et ont examiné si ceux-ci influençaient la relation entre l’obésité maternelle et les CDN chez les enfants. Notamment, ces complications, par exemple la prééclampsie et l’éclampsie, les troubles placentaires et les infections gestationnelles, sont apparues pendant la grossesse, au moment de l’accouchement ou pendant la période néonatale.
Les chercheurs ont également intégré plusieurs facteurs de confusion potentiels dans leur analyse, notamment le sexe des enfants, l’année de naissance, l’âge de la mère et le pays de naissance, les antécédents psychiatriques, le rang de naissance et le revenu du ménage à l’accouchement, pour n’en nommer que quelques-uns.
Ils ont comparé les différences de proportions et de moyennes, en utilisant respectivement un test du chi carré et une analyse de variance, entre les enfants dont les mères étaient exposées au PGDM, au DG ou à l’obésité et ceux dont les mères ne l’étaient pas.
En outre, les chercheurs ont appliqué des modèles de régression paramétrique dans un cadre contrefactuel pour des analyses à médiation unique estimant les effets du diabète et de l’IMC élevé sur les NDC par l’intermédiaire de médiateurs individuels.
Ils ont utilisé une méthode basée sur la pondération pour plusieurs analyses de médiation afin d’estimer les erreurs types (ES) pour toutes les estimations de l’effet de médiation à l’aide d’itérations bootstrap. Enfin, ils ont effectué plusieurs analyses de sensibilité pour examiner les biais potentiels dans les résultats.
Résultats
Les résultats de l’étude suggèrent que l’association du PGDM maternel avec les complications obstétricales et néonatales, telles que la prééclampsie et l’éclampsie, l’accouchement prématuré et l’asphyxie néonatale, était plus significative que le DG maternel et l’obésité.
De plus, les effets médiateurs conjoints des complications étaient plus pertinents pendant la période néonatale que pendant la grossesse et l’accouchement, en particulier dans les associations entre PGDM et NDC, probablement parce que le cerveau fœtal était plus sensible aux influences environnementales pendant cette période.
En outre, les effets médiateurs des complications obstétricales et néonatales dans la relation entre l’obésité maternelle et le risque de CDN chez les enfants étaient significatifs, quoique de moindre ampleur, en particulier 5 % ou moins pour les individus et moins de 10 % pour toutes les complications combinées.
Conclusions
La prise en charge des complications néonatales, en particulier des maladies hypertensives liées à la grossesse, des naissances prématurées, de l’asphyxie néonatale et des comorbidités hématologiques, pourrait potentiellement atténuer le risque de CDN chez les enfants, en particulier dans le contexte du PGDM.
Ensemble, ceux-ci ont médié plus de 10 % des relations observées entre le PGDM et des CDN spécifiques chez les enfants, par exemple l’asphyxie néonatale et les comorbidités hématologiques médiées par les effets de la DI.
Il est également important de gérer les effets médiateurs modestes des complications dans les relations entre le DG maternel et l’obésité et les CDN chez les enfants.
De plus, les nourrissons vulnérables dont les mères ont été exposées au PGDM pourraient être protégés grâce à des interventions opportunes, telles qu’une supplémentation en fer (Fe), au cours du premier mois suivant la naissance. De plus, ces nouveau-nés devraient bénéficier d’une surveillance spécialisée et de soins complets pour réduire les risques de CDN.
Dans l’ensemble, les données de l’étude soulignent l’importance de s’attaquer aux principaux facteurs métaboliques chez les femmes enceintes, ainsi que de gérer toutes les complications survenant pendant la grossesse, au moment de l’accouchement ou pendant la période néonatale.