Avec des décennies de recherche ayant abouti à des candidats vaccins innovants, les scientifiques sont plus proches que jamais de la lutte contre un virus qui provoque des malformations congénitales et des complications de transplantation dans le monde entier.
Recherche : Un vaccin contre le cytomégalovirus : où en sommes-nous ? Crédit d'image : Kateryna Kon/Shutterstock
Dans une revue récente publiée dans Le Journal d'Investigation Cliniqueles chercheurs ont examiné les efforts de longue date visant à développer un vaccin contre le cytomégalovirus humain (HCMV), une cause importante d'anomalies congénitales et de complications lors des transplantations d'organes. En évaluant les vaccins candidats et les stratégies actuelles, l'examen a mis en évidence les progrès et les défis dans la réalisation d'une prévention efficace des infections congénitales à HCMV. L'examen a également souligné l'impact plus large sur la santé publique des affections liées au HCMV, y compris les associations avec certaines maladies apparaissant à l'âge adulte.
Sommaire
Arrière-plan
Le cytomégalovirus humain (HCMV) est un virus qui provoque des infections congénitales et de graves complications de santé, en particulier chez les personnes immunodéprimées. La transmission de la mère au fœtus peut entraîner des retards de développement neurologique, une perte auditive et d’autres handicaps graves. De plus, malgré les progrès substantiels des thérapies antivirales, leur utilisation dans le traitement des infections à HCMV est limitée par des facteurs tels que la toxicité et la résistance, faisant de la vaccination un besoin critique mais non satisfait.
Si l’immunité naturelle assure une protection partielle, elle est imparfaite et n’empêche pas les réinfections. Des études ont montré que l’immunité maternelle avant la conception peut réduire mais pas éliminer la transmission verticale, avec des risques persistants pour les infections primaires et récurrentes. De même, les receveurs de greffe sont confrontés à des risques élevés de réactivation du HCMV, d’échec du greffon et d’infections opportunistes, ce qui souligne encore la nécessité de la vaccination dans cette population.
Développement d’un vaccin contre le HCMV
L'examen a exploré les efforts en cours pour développer des vaccins efficaces contre le HCMV, en se concentrant sur plusieurs plates-formes vaccinales et conceptions d'essais. Les auteurs ont analysé le développement de vaccins sous-unitaires, acide désoxyribonucléique (ADN), acide ribonucléique messager (ARNm), vecteur viral et HCMV vivant atténué.
Le développement de vaccins contre le HCMV a duré des décennies, plusieurs candidats prometteurs faisant l’objet d’essais cliniques. Les premières recherches se sont concentrées sur les vaccins vivants atténués, tels que les souches Towne et Toledo du virus, qui offraient une protection partielle mais ne réduisaient pas de manière significative l’acquisition du virus.
L’étude a rapporté que les vaccins sous-unitaires ultérieurs ciblaient la glycoprotéine B, une protéine d’entrée virale clé. Ces vaccins ont démontré une efficacité modeste, les essais de phase II montrant une protection d'environ 50 % dans des populations spécifiques, telles que les individus séronégatifs et les greffés.
Les innovations récentes dans la technologie de l'ARNm ont considérablement fait progresser le développement de vaccins, en particulier l'ARNm-1647 de Moderna. Ce candidat code pour la glycoprotéine B et le complexe pentamérique (structures virales clés pour l'infection cellulaire) et a atteint les essais cliniques de phase III. Ces vaccins à base d’ARNm visent à provoquer de fortes réponses en anticorps neutralisants et non neutralisants, y compris des mécanismes tels que la cytotoxicité cellulaire dépendante des anticorps (ADCC). De plus, les vaccins à particules pseudo-virales (VLP), tels que ceux développés par VBI Vaccines Inc., incorporent également de la glycoprotéine B et d'autres antigènes pour stimuler des réponses immunitaires plus larges.
Une autre approche discutée dans la revue impliquait l’utilisation de vecteurs viraux, tels que le vaccin Triplex, qui exploite la vaccine Ankara modifiée pour exprimer les protéines HCMV. Ce vaccin candidat s'est révélé prometteur chez les receveurs de greffe en réduisant la virémie et la gravité de la maladie.
D'autres innovations comprenaient les vaccins DISC (handicapés infectieux à cycle unique), tels que le V160, développé par Merck. Ces vaccins présentent des antigènes viraux sans réplication et sont actuellement testés chez des femmes en âge de procréer.
L’examen a souligné que ces diverses plateformes vaccinales fournissent non seulement des informations sur la conception d’immunogènes efficaces, mais soulignent également l’importance d’intégrer de multiples mécanismes immunitaires, notamment les réponses des lymphocytes T et l’immunité innée, pour obtenir une protection complète.
Schéma des types d’immunité, de la population cible et des paramètres d’efficacité d’un vaccin contre le CMV.
Défis et orientations futures
Le développement d'un vaccin efficace contre le HCMV a présenté des obstacles importants, notamment la biologie complexe du virus, ses mécanismes d'évasion immunitaire et ses divers impacts cliniques. L’immunité incomplète conférée par l’infection naturelle constitue un défi important, ce qui complique le développement de vaccins capables de prévenir les réinfections ou la transmission congénitale.
La grande variabilité des souches de HCMV nécessite la conception de vaccins ciblant les composants viraux conservés tout en tenant compte des différences spécifiques aux souches. En plus de se concentrer sur la glycoprotéine B et le complexe pentamérique, les recherches émergentes mettent en évidence la nécessité d’optimiser les réponses immunitaires, telles que la phagocytose cellulaire dépendante des anticorps (ADCP).
En outre, les chercheurs estiment que les essais cliniques doivent également aborder les complexités liées à la démonstration de l’efficacité. Contrairement aux vaccins traditionnels, les critères d’évaluation du HCMV doivent inclure la prévention des infections congénitales et la réduction des complications chez les receveurs de greffe. De plus, le profil de sécurité du vaccin est particulièrement crucial pour les populations immunodéprimées.
L’examen a également mis en évidence des considérations d’équité, notant que le HCMV congénital affecte de manière disproportionnée les pays à revenu faible et intermédiaire, où la séroprévalence est plus élevée. Le développement de vaccins adaptés à ces populations pourrait avoir un impact transformateur sur la santé mondiale.
Les technologies émergentes, telles que les plateformes d’ARNm et la conception de vaccins basée sur la structure, offrent de nouvelles opportunités pour surmonter ces défis. Les stratégies actuellement à l’étude comprennent l’incorporation de plusieurs antigènes, l’amélioration des réponses des lymphocytes T et le ciblage de la latence virale. Combler les lacunes dans les connaissances, telles que le rôle des anticorps non neutralisants et l’impact de l’immunité maternelle, est également essentiel pour optimiser les candidats vaccins.
Conclusions
Dans l’ensemble, l’analyse suggère que l’avenir du développement d’un vaccin contre le HCMV réside dans des approches multiformes intégrant des plateformes innovantes, des évaluations immunitaires complètes et des conceptions d’essais adaptées. Faire progresser les candidats vaccins grâce à des voies réglementaires accélérées et favoriser les collaborations entre les parties prenantes mondiales sont des étapes essentielles pour répondre à ce besoin urgent de santé publique.