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Le problème de santé
Troisième cause de mortalité dans le monde, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie principalement due au tabagisme. À ce jour non guérissable, elle s’aggrave avec l’âge et conduit à des difficultés respiratoires croissantes. Les parois bronchiques s’épaississent à cause de leur inflammation et elles sécrètent plus de mucus à chaque infection respiratoire, jusqu’à l’obstruction totale et l’asphyxie. Plus le diagnostic est tardif, plus le patient s’essouffle au moindre effort, souffre de bronchites à répétition et risque d’être hospitalisé et parfois intubé.
L’étude de référence
Une méta-analyse a évalué l’intérêt de l’électrostimulation musculaire chez les personnes souffrant de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) à partir de dix-neuf essais randomisés ayant inclus deux cent soixante-sept patients. Elle a permis de vérifier si l’INM améliorait l’état musculaire, la capacité à l’exercice et les symptômes respiratoires. Les résultats montrent que, sans entraînement physique associé, l’électrostimulation accroît la force musculaire, l’endurance du quadriceps et la distance au test de marche de six minutes. Un bénéfice est aussi constaté au niveau du délai d’apparition de la dyspnée (sensation de respiration gênante), de la sévérité de la fatigue après un effort et de la capacité d’absorption d’oxygène. Chez des personnes admises en soins intensifs ou dans un service d’assistance respiratoire, l’électrostimulation, cette fois combinée à de l’exercice physique, a réduit de cinq jours le temps nécessaire pour s’asseoir hors du lit une première fois.
Descriptif de la méthode
L’électrostimulation administre un courant électrique aux principaux muscles des membres inférieurs, provoquant ainsi une alternance de temps de contraction et de repos. Le muscle fonctionne en condition statique, en position allongée ou assise. L’INM peut être utilisée auprès de personnes intubées ou nécessitant des soins dans une chambre d’hôpital. Des électrodes sont collées temporairement sur les extrémités des muscles et reliées à une machine envoyant un courant électrique. Le programme contracte le muscle sur des durées de plus en plus longues avec des temps de repos variables. Quatre types de courant sont utilisés, à des fréquences et intensités variables, sans douleur majeure. L’intensité est progressivement augmentée en fonction du seuil de douleur à la contraction musculaire. L’INM comprend cinq séances par semaine, de quinze à soixante minutes en fonction de l’état musculaire et de la progression de chaque personne, jusqu’à ce qu’elle puisse se déplacer toute seule.
Les mécanismes d’action
Ce traitement repose sur l’utilisation de courant électrique de surface à basse fréquence, de manière non invasive. La contraction musculaire induite favorise le maintien de la densité et de la fonctionnalité du muscle et accélère le retour veineux du sang vers le cœur. Le métabolisme est moins sollicité que par de l’exercice, et la thérapie mieux tolérée par une moindre sollicitation respiratoire.
Bénéfices
L’INM augmente la force et l’endurance du quadriceps, la tolérance à l’effort et le temps jusqu’à l’apparition de la dyspnée, tout en réduisant la fatigue des jambes. L’autonomie est retrouvée plus rapidement après une hospitalisation pour une exacerbation. Un essai français démontre par un programme de six semaines de stimulation à trente-cinq hertz délivrée aux quadriceps et aux ischio-jambiers après exacerbation aiguë, une amélioration de la force du quadriceps (+ dix kilos de charge d’effort en moyenne) et de la tolérance à l’effort (+ cent soixante-cinq mètres de distance parcourue au test de marche de six minutes). Une prise de fibre musculaire de type 1 (endurance) est constatée, fibre particulièrement déficitaire chez ces patients.
Quels sont les risques ?
L’INM est contre-indiquée en cas de port d’un pacemaker. Elle peut aussi l’être en cas d’épilepsie, de fracture récente ou de risque hémorragique. Renseignez-vous avant d’en utiliser un. Les électrodes ne doivent pas être placées sur une blessure ou une lésion cutanée. L’électrostimulation est à éviter en cas de brûlure, de plaie ou de plaque d’eczéma.
Conseils pratiques
Cette INM permet de démarrer précocement un programme de renforcement musculaire. Vous évitez aussi ainsi une dégradation de la fonction et du volume musculaire due à un repos prolongé. Dès que vous marchez, suivez un programme de réentraînement spécifique à la BPCO.
À qui s’adresser ?
Un médecin ou un kinésithérapeute.