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Le problème de santé
Première cause de handicap moteur chez l’enfant, la paralysie cérébrale frappe chaque année environ mille cinq cents nouveau-nés, soit une naissance sur cinq cent cinquante. Elle résulte de lésions irréversibles sur le cerveau du fœtus ou du nourrisson dues à la destruction de certaines cellules en développement par des causes multiples (infection, grande prématurité, accouchement difficile…), inexpliquées dans 40 % des cas. Ces lésions provoquent des troubles du mouvement et de la posture, souvent accompagnés de difficultés cognitives ou sensorielles. Leur nature et leur importance dépendent des zones du cerveau affectées, de l’étendue des lésions et du moment de leur survenue.
L’étude de référence
Une revue systématique sur l’hippothérapie, ou équithérapie, a identifié soixante-dix-huit études publiées. Leurs résultats montrent que les programmes organisés par des kinésithérapeutes auprès d’enfants atteints de paralysie cérébrale sont les plus pratiqués. Ils méritent d’être encore affinés, mais témoignent déjà de résultats encourageants sur le plan moteur.
Descriptif de la méthode
Le programme d’équithérapie chez les enfants d’au moins six ans présentant une paralysie cérébrale doit comporter un minimum de deux séances d’une heure par semaine durant six mois. Le praticien choisit le cheval adapté à la morphologie de l’enfant et éduqué à cette pratique. Une selle dont la sécurité est renforcée pour éviter toute chute ainsi qu’un équipement complet de cavalier sont proposés. Une fois monté sur le cheval, l’enfant est déplacé selon un schéma répétitif, rythmique et doux, similaire au mouvement de la marche humaine. Ce mouvement stimule les réactions d’équilibre, améliorant l’équilibre postural et le redressement du tronc. Le cheval propose des mouvements dans tous les plans. De plus, il fournit une entrée sensorielle et induit une attention de tous les instants. Un accompagnateur s’assure que l’enfant ne chute pas tandis qu’une personne est présente pour manier le cheval. Si l’enfant ne peut maintenir son tronc seul, un cavalier doit être en selle derrière lui.
Les mécanismes d’action
Les connaissances récentes sur la plasticité cérébrale amènent à repenser les formes de stimulations cognitives. L’équithérapie ouvre la voie à un remodelage fonctionnel et architectural du cerveau dans une activité demandant de l’attention et des capacités procédurales. L’impact sur la confiance en soi et une autonomie motrice amplifiée sont des sources de motivation pour l’enfant. Un cheval transmet treize mille six cents stimulations neuromotrices à l’heure. C’est plus qu’un intervenant ne pourra jamais offrir pendant une séance de kinésithérapie.
Bénéfices
L’équithérapie a une influence positive sur la posture du corps et sur le fonctionnement moteur en position assise. Le cheval offre des stimulations neuro-motrices similaires aux sensations expérimentées lors de la marche, du maintien de la posture assise ou du déplacement à quatre pattes. Il facilite le développement et la réorganisation des mouvements atypiques créés par la paralysie cérébrale. Pour l’enfant, l’interaction avec le cheval représente à la fois une expérience nouvelle permettant le développement de stratégies inhabituelles de mouvement et un moyen de corriger des mouvements anormaux (réflexes non intégrés, mouvements compensatoires…). L’animal offre une surface dynamique de travail répétitive, prévisible et symétrique sur laquelle l’enfant peut développer son contrôle postural et son équilibre, puis sa motricité fine et son langage. Le mouvement fluide et cadencé de la monture contribue aussi à améliorer le tonus du tronc et à diminuer la spasticité des membres inférieurs.
Quels sont les risques ?
La chute est toujours possible. Prendre toutes les dispositions nécessaires pour les éviter. Il est préférable de pratiquer dans un environnement clos comme un manège, mais pas trop grand. Un sol souple, par exemple avec du sable, permet d’amortir les chocs du pas du cheval. L’encadrement humain adéquat est par ailleurs fondamental, avec des professionnels de santé formés à la thérapie et non pas un moniteur d’équitation.
Conseils pratiques
Cette INM n’est pas un divertissement par l’équitation mais bien un protocole thérapeutique visant dans un temps contraint les meilleurs bénéfices sur la santé. En tant que parent, vous devez savoir en quoi les mouvements du cheval sont délibérément guidés pour stimuler les systèmes sensitifs, neuromoteurs et cognitifs de votre enfant et en quoi ils développent des objectifs fonctionnels. Demandez également à votre enfant de s’occuper de son cheval, car soigner « l’autre » fait partie de la thérapie.
À qui s’adresser ?
Un ergothérapeute, un kinésithérapeute ou un orthophoniste formé à l’équithérapie.