De nombreuses femmes naissent sans utérus ou se le font enlever à la suite d’une maladie. Cela n’est pas sans conséquence psychologique et physique car la conception d’un enfant est alors impossible. Les couples se tournent vers des mères porteuses et à la procréation médicale assistée. La gestation pour autrui (GPA) est interdite en France et il faut alors aller vers un pays étranger (Canada, Grande Bretagne, Finlande…). Le parcours est difficile, car l’enfant n’est pas reconnu par la France et les procédures sont très longues.
Mais la chirurgie progresse à grands pas et le 17 février 2021, un bébé français est né suite à la première greffe d’utérus faite 2 ans plus tôt à l’hôpital Foch. C’est un véritable espoir pour beaucoup de femmes infertiles qui vont pouvoir se faire greffer un utérus pour avoir un enfant.
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Le parcours du combattant pour recevoir une greffe d’utérus
Suivant l’INSERM, en France, un couple sur huit, consulte pour des raisons d’infertilité et une femme sur 500 souffrirait d’infertilité. Si la greffe utérine semble être la solution, le parcours est long et compliqué.
Les femmes éligibles à recevoir une greffe d’utérus sont celles qui ont subi une hystérectomie (suite à un cancer par exemple) ou qui sont nées sans utérus : syndrome de Mayer Roktansky (affection génétique). Elles doivent être en bonne santé, en couple et avoir un désir d’enfant.
Le greffon doit être compatible et après l’opération, la personne doit bien supporter le traitement immunosuppresseur limitant les risques de rejet. Puis deux ans plus tard, survient la phase de la procréation médicale assistée.
Il faut savoir que le greffon après avoir fait son travail, sera enlevé. L’utérus transplanté a une vie entre deux et cinq ans.
Petite histoire de la transplantation d’organes
La transplantation d’organes trouve ses origines au XIX -ème siècle, le Dr Jean Louis Reverdin pratiqua la première greffe de peau. Au début du XXe siècle, les chirurgiens savaient faire des greffes simples. Là où ça se compliquait, c’est lors de chirurgie d’organes, car il y avait des problèmes de revascularisation et de rejet.
Après la Deuxième Guerre mondiale, il y eut de nombreuses avancées. Notamment, on découvrit le rôle de l’immunologie. Les tentatives furent nombreuses et eurent peu de succès. Les patients mourraient au bout de quelques jours. Dans les années 70, la découverte de la cyclosporine et de son action immunologique accéléra les recherches.
Depuis quelques années, les transplantations se succèdent : cœur, pancréas, rein, cornée… Le Dr Cabrol fit la première transplantation cardiaque en 1968 et la première implantation de cœur artificiel en 1986. La première greffe partielle d’un visage arraché par un chien a été pratiquée par Devauchelle en 2005.
Depuis combien de temps fait-on des greffes d’utérus ?
Des essais ont été réalisés en 2000 en Arabie Saoudite, puis en 2013 en Turquie, mais n’ont pas été menés à leur terme, en raison de problèmes médicaux des patientes.
En 1995, des recherches ont été menées sur des lapins en Suède par le professeur Brannstom et c’est lui qui en 2014, a réussi la première naissance après une transplantation d’utérus. Depuis près de neuf femmes ont reçu la même greffe dans l’espoir de pouvoir porter prochainement un enfant. Les greffons qui doivent être compatibles, proviennent de membres de la même famille, de la mère bien souvent, parfois de la tante ou de la belle-mère.
En 2017, une petite fille est née au Brésil suite à un don d’utérus d’une personne décédée.
En France, au contraire de la Suède, les greffons sont prélevés sur des personnes en état de mort cérébrale. En général, au niveau mondial, la greffe d’utérus est en retard par rapport aux autres organes. La question pendant des années, a été de savoir comment la femme enceinte pourrait supporter le traitement immunosuppresseur et mener une grossesse jusqu’au bout.
Greffe d’utérus et questions éthiques
La transplantation d’utérus soulève de gros problèmes d’éthiques :
- La greffe n’a pas d’action thérapeutique. Les chirurgiens opèrent des personnes en bonne santé (l’utérus n’est pas un organe vital), avec les risques que cela comporte (infection, rejet, hémorragie, traitement immunosuppresseur…).
- Quand la mère est la donneuse, il y a la culpabilité face à sa fille qui est née sans utérus. Le don avec cette notion de réparation peut compliquer la relation. Bien des enjeux familiaux peuvent se jouer.
- Quelles réactions et que vont penser les enfants qui sont nés de l’utérus de leur grand-mère ou mieux, d’une personne décédée ?
Greffe d’utérus chez l’homme, jusqu’où peut-on aller avec les progrès médicaux ?
Greffer un utérus chez un homme, science-fiction ou réalité ? Pourtant en pratique, c’est tout à fait réalisable. D’après La Dr Karine Chung, la directrice du programme de préservation de la fertilité de la Keck School de médecine de l’université de Californie du Sud, ce projet sera tout à fait envisageable d’ici quatre à cinq ans. « Le corps de l’homme n’est pas si différent de celui de la femme », dit-elle. « Leur bassin n’est pas si large, mais il sera possible de leur faire de la place. Il faudra aboucher le greffon aux vaisseaux des membres inférieurs et leur prescrire un traitement anti rejet. »
Faut-il aller contre nature au nom de la parité. Il ne faut pas oublier les problèmes déontologiques que cela peut soulever. Donc, la fédération internationale de gynécologie a pris les devants et a constitué une liste, interdisant la transplantation d’utérus chez les hommes et chez les femmes transgenres.