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Le problème de santé
La schizophrénie se caractérise par des distorsions de la pensée, des perceptions et des émotions, et par des troubles du comportement. Elle se manifeste par des symptômes très variables comme des hallucinations, le fait d’entendre des voix ou de voir des choses inexistantes, des délires ou des convictions inébranlables bien que fausses. Son traitement combine médicaments et INM. On dénombre en France six cent mille personnes souffrant de schizophrénie dont les troubles limitent leur communication, leur autonomie et leur vie sociale.
L’étude de référence
L’hortithérapie, ou jardin à but thérapeutique, est de plus en plus utilisée dans le monde pour le traitement non pharmacologique des patients atteints de schizophrénie, en association aux autres thérapeutiques. Une méta-analyse a évalué son efficacité sur les symptômes de cette maladie, l’autonomie physique, la qualité de vie et le fonctionnement social, ainsi que la différence de résultats entre les environnements hospitaliers et non hospitaliers. Sur la base de vingt-trois études cliniques, elle constate un effet positif de l’INM sur les symptômes spécifiques et le fonctionnement social des patients dans les deux environnements, mais le non hospitalier a un meilleur impact thérapeutique.
Descriptif de la méthode
Réalisé à Hong Kong dans la New Life Farm, premier atelier d’hortithérapie créé en 1968, un essai randomisé montre l’efficacité de cette INM pour les personnes atteintes de schizophrénie. Durant deux semaines, des groupes d’une dizaine de malades se voient enseigner des connaissances et des compétences horticoles, le but étant de développer l’attrait pour le travail des plantes et de partager des expériences relaxantes. Guidé par le praticien, le participant construit des stratégies d’adaptation concrètes et non verbales où l’action prime sur l’interaction sociale. Il suit d’abord chaque matin une séance pratique mobilisant l’attention et les fonctions motrices sur une zone du jardin personnalisée, puis rejoint un atelier collectif théorique où l’on apprend des techniques horticoles sur la production de légumes, de fruits, de fleurs, de plantes aromatiques ou de graines. Dix sessions ont été standardisées sur des thèmes en lien avec la schizophrénie comme « culture et croissance », « herbes et relaxation » ou « goûter les herbes et sensorialité ».
Les mécanismes d’action
Augmentant la sensibilité aux plantes des malades schizophrènes, l’hortithérapie aide à développer le lien avec la nature. La sensorialité et la motricité se manifestent dans des gestes concrets ayant du sens et un impact direct (cause – conséquence), visible (pousse d’une plante ou d’un légume) et à court terme (croissance du jour). Ce rapport à la nature génère des émotions positives, favorise la capacité de gestion émotionnelle et éveille l’intérêt des participants à se socialiser.
Bénéfices
Le programme d’hortithérapie spécifique réduit les symptômes de la schizophrénie tout en minimisant le stress et la sensibilité interpersonnelle. Par son approche concrète autour des plantes, l’INM diminue les troubles délirants et les hallucinations. Elle crée un ancrage temporel, ramène le participant à la vie réelle et facilite l’entraide et le partage. La méta-analyse montre son efficacité pour augmenter le bien-être mental, l’engagement et le sentiment d’accomplissement des participants, soutenant ainsi un effet positif sur leur qualité de vie.
Quels sont les risques ?
L’effet indésirable le plus fréquemment mentionné dans les études est la fatigue ressentie pendant et après les activités. Aucune majoration des troubles schizophréniques n’est à signaler. Le risque de blessure avec un outil de jardinage n’est en revanche pas à exclure.
Conseils pratiques
Demandez à ce que l’hortithérapeute ait une solide formation initiale dans le traitement de la schizophrénie (infirmier, psychomotricien, éducateur spécialisé) afin que la pratique ne soit pas un simple divertissement, sinon ce ne serait plus une INM mais une activité culturelle. Or ce type de programme peut apporter de vrais bénéfices aux patients schizophrènes dans une visée thérapeutique, comme l’a aussi relevé une revue systématique japonaise, invitant toutefois à une plus grande spécialisation des pratiques et à plus de recherche dans le domaine.
À qui s’adresser ?
La formation d’hortithérapie n’est pas encore reconnue par les autorités françaises, mais des avancées existent avec la création en 2018 de la Fédération française Jardins Nature et Santé. Renseignez-vous auprès d’elle, ou interrogez votre médecin.