Une étude récente publiée dans le BMC Publique Santé suggère qu’une exposition plus élevée à la lumière la nuit et une mauvaise qualité de sommeil sont associées à de moins bons résultats en matière de santé mentale au cours des deuxième et troisième trimestres de la grossesse.
Étude: Sommeil, exposition à la lumière la nuit et bien-être psychologique pendant la grossesse. Crédit d’image : Natalia Deriabina/Shutterstock.com
Sommaire
Arrière-plan
Les chercheurs savent depuis longtemps que le sommeil entretient une relation complexe avec le bien-être psychologique, une relation dans laquelle d’autres facteurs peuvent jouer un rôle médiateur. L’exposition accrue à la lumière artificielle la nuit affecte nos rythmes circadiens et notre production de mélatonine, affectant ainsi la qualité du sommeil et donc la santé mentale.
En raison des changements biologiques, hormonaux et autres qui surviennent pendant la grossesse, les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables à des niveaux plus élevés de dépression et de stress. Pourtant, le rôle de la lumière dans la médiation de ces effets n’a pas été bien étudié. Il est donc particulièrement important d’en savoir plus sur les liens entre l’exposition à la lumière, la qualité du sommeil et le bien-être mental pendant la grossesse.
À propos de l’étude
Dans la présente étude, des chercheurs de Malaisie et du Japon ont collecté des données détaillées sur l’exposition à la lumière, la qualité du sommeil et la santé mentale des femmes enceintes. Les femmes qui ont participé à l’étude étaient âgées de 20 à 48 ans et en étaient à leur première grossesse. Ils ne souffraient pas de problèmes tels que le diabète gestationnel, l’hypertension ou l’anémie, qui pourraient également affecter leurs résultats.
Les participants ont été invités à répondre à des questionnaires sur ces sujets au cours de leurs deuxième et troisième trimestres. La qualité de leur sommeil au cours du mois précédant l’enquête a été évaluée sur la base de sept éléments, notamment la durée de leur sommeil, leur utilisation de somnifères, les perturbations et les dysfonctionnements au cours de la journée. Ceci a été utilisé pour calculer un score de sommeil appelé Pittsburgh Sleep Quality Index (PSQI), un score plus élevé indiquant un sommeil moins bon.
Les chercheurs ont également utilisé une évaluation de l’exposition à la lumière de Harvard pour calculer l’exposition à la lumière (en niveaux de lux) sur trois jours, dont deux jours de semaine et un jour de week-end. Il a été demandé aux participants de noter les différentes sources d’éclairage auxquelles ils étaient exposés, notamment diverses lampes artificielles et l’éclairage naturel, toutes les heures de 19h à 7h.
Enfin, une échelle de dépression, d’anxiété et de stress a été utilisée pour évaluer le bien-être psychosocial des femmes au cours de la semaine précédant l’étude, avec un score plus élevé associé à des niveaux plus élevés de dépression, d’anxiété et de stress.
Les chercheurs ont utilisé des analyses statistiques pour explorer le lien entre les niveaux de lumière et la qualité du sommeil avec la santé mentale, en tenant compte de l’âge et du revenu des femmes. Les résultats de l’étude sont basés sur 115 personnes éligibles qui ont répondu aux deux cycles d’enquête.
Résultats et discussion
Les chercheurs ont rapporté que dans l’ensemble, la qualité du sommeil diminuait à mesure que les femmes passaient de leur deuxième au troisième trimestre, avec des scores accrus pour les troubles du sommeil (9,9 à 11,1) et la durée du sommeil (0,9 à 1,1). Le score PSQI global est passé de 5,7 à 6,2.
Comme prévu, l’exposition des femmes à la lumière artificielle était la plus élevée entre 19 heures et 22 heures et la plus faible entre 1 heure et 4 heures du matin. Cependant, leur exposition a augmenté du deuxième au troisième trimestre sur toutes les périodes.
Il n’y avait aucune différence significative dans le pourcentage de femmes souffrant de problèmes de santé mentale au cours de leurs deuxième et troisième trimestres. L’enquête sur la santé mentale a montré que 10 % des femmes souffraient de stress et de dépression, et près de la moitié souffraient d’anxiété légère à sévère.
En analysant les liens entre ces facteurs, l’étude a trouvé des liens entre une mauvaise qualité de sommeil et l’anxiété chez les femmes au cours de leur deuxième trimestre, mais aucun lien avec les niveaux de lumière.
Cependant, les chercheurs ont constaté que lorsque les femmes au cours de leur troisième trimestre étaient exposées à des niveaux plus élevés d’exposition à la lumière entre 22 heures et 13 heures, leur risque de stress et de dépression augmentait.
Conclusions
Cette étude est parmi les premières à montrer des liens entre l’exposition à la lumière la nuit, la qualité du sommeil et la santé mentale pendant la grossesse ; cependant, ces résultats n’ont pas permis d’établir un effet causal.
Bien que l’exposition à la lumière puisse réduire la qualité du sommeil, ceux qui dorment moins bien au départ peuvent utiliser davantage de lumière artificielle la nuit, augmentant ainsi leur exposition.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si l’exposition à la lumière est la cause de ces effets négatifs en termes de sommeil et de santé mentale.
Les travaux futurs devraient également examiner si la diminution de l’exposition à la lumière artificielle peut améliorer la qualité du sommeil et le bien-être psychologique des femmes enceintes. Ces études devraient également inclure des mesures plus objectives de l’exposition à la lumière, car les données autodéclarées peuvent être biaisées.
Malgré les lacunes de l’étude, il est clair que l’amélioration de la qualité du sommeil peut être essentielle à une meilleure santé mentale pendant la grossesse, ce qui entraînerait de meilleurs résultats pour les mères et les enfants. Les chercheurs émettent l’hypothèse que la lumière affecte le système circadien du corps, modifiant les rythmes biologiques naturels et affectant ainsi l’humeur, en particulier pendant la grossesse.
« Il semble que l’influence de la lumière sur le bien-être psychologique soit aiguë dans les résultats préliminaires, et peut-être qu’une exposition plus longue, des périodes de suivi et des évaluations objectives fourniraient de meilleures informations. »