De nouvelles recherches révèlent les dangers potentiels des graisses alimentaires courantes pendant la grossesse, soulignant la nécessité d’une nutrition équilibrée pour protéger les générations futures.
Analyse : Effet d'un régime riche en acide linoléique sur les femmes enceintes et leur progéniture. Crédit photo : Bulgn / Shutterstock
Une étude récente menée par des chercheurs australienspublié dans la revue Nutriments, ont examiné les effets d’un apport alimentaire maternel élevé en acide linoléique (LA) pendant la grossesse sur les résultats de la naissance, l’inflammation et l’obésité.
L'apport nutritionnel pendant la grossesse influence la gestation, le poids et la taille du fœtus ainsi que le développement de la progéniture. Une alimentation maternelle excessive ou insuffisante pendant la grossesse peut nuire à la santé de la progéniture et augmenter le risque de maladies chroniques plus tard dans la vie.
Une alimentation équilibrée est nécessaire pour soutenir le développement sain du placenta, les besoins du fœtus et les exigences accrues liées à l’adaptation maternelle à la grossesse.
Les acides aminés et le glucose sont les principaux nutriments dont le fœtus a besoin. Des niveaux insuffisants de micronutriments et de macronutriments, tels que l'acide folique, la thiamine, les vitamines, le fer et les lipides, peuvent prédisposer la progéniture à des maladies chroniques.
Les acides gras (AG), en particulier les acides gras LA et alpha-LA (ALA), sont essentiels au développement neurologique du fœtus et à la formation de la membrane cellulaire. Cependant, l'article de la revue met l'accent sur la compétition entre les acides gras LA et ALA pour la conversion enzymatique, qui est essentielle au maintien d'un équilibre des acides gras essentiels (AGE) nécessaires au développement du fœtus.
L'acide laurique est un précurseur de l'acide arachidonique (AA), tandis que l'acide ALA est un précurseur de l'acide docosahexaénoïque (DHA) et de l'acide eicosapentaénoïque (EPA), qui sont essentiels au développement du cerveau et de la rétine du fœtus. Un excès d'acide laurique par rapport à l'ALA perturbe l'équilibre des acides gras essentiels (AGE) dans le cerveau du fœtus en entrant en compétition pour les mêmes enzymes, ce qui nuit au développement neurologique et cognitif.
La présente étude a examiné l’impact de l’ALA et de la LA sur la croissance et la santé du fœtus.
Sommaire
Acide linoléique (LA) et alpha-LA (ALA)
L'ALA et l'ALA sont des acides gras polyinsaturés qui peuvent être désaturés et allongés en acides gras à chaîne plus longue par action enzymatique. L'article précise qu'une consommation accrue d'ALA dans l'alimentation peut entraîner une surproduction d'AA, qui, à son tour, déclenche la production de composés inflammatoires, tels que la thromboxane, le leucotriène B4 et la prostaglandine E2. L'ALA et l'ALA entrent en compétition pour les enzymes impliquées dans l'allongement et la désaturation de la chaîne des acides gras, réduisant ainsi la production de DHA et d'EPA.
Les niveaux d’acide linoléique dans l’alimentation ont considérablement augmenté dans les régions occidentalisées. Comme l’ALA et l’acide linoléique sont métabolisés par les mêmes enzymes, une consommation accrue d’acide linoléique réduit la conversion de l’ALA en DHA et en EPA. Le rapport optimal entre l’ALA et l’ALA, de 1:1 ou 2:1, a considérablement augmenté, se situant désormais entre 4:1 et 20:1. Cette interférence dans la production de DHA et d’EPA est importante, car le DHA et l’EPA sont essentiels à la santé cardiovasculaire et à la réduction de l’inflammation. Par conséquent, cette interférence dans la production de DHA et d’EPA peut contribuer aux conséquences sur la santé d’une consommation excessive d’acide linoléique.
Effets de l'acide linoléique (LA)
L'article explique que si les études animales montrent systématiquement une corrélation entre un apport élevé en LA et une augmentation de l'inflammation, les études humaines sont plus variées, certaines ne montrant aucune relation significative. Le métabolisme de LA conduit à la synthèse d'AA et d'eicosanoïdes pro-inflammatoires (prostaglandines thromboxanes et leucotriènes). Cette production accrue de composés pro-inflammatoires peut élever les biomarqueurs inflammatoires, tels que le facteur de nécrose tumorale α, l'interleukine 6 et la protéine C-réactive, qui sont associés à une incidence élevée de maladies chroniques. En revanche, les métabolites de l'ALA sont anti-inflammatoires.
Des études sur les animaux ont suggéré que la prise de poids due à l’acide laurique est due à la synthèse des AA. Par exemple, le poids des petits de mères rongeuses nourries avec un régime à 7 % d’acide laurique était considérablement plus élevé que celui des rats nourris avec un régime à 3 % d’ALA. De plus, les rats nourris avec un régime riche en acide laurique et pauvre en ALA ont pris du poids au cours des générations successives. Cependant, l’article souligne que les études sur l’homme ont montré des résultats mitigés, certaines n’observant pas le même degré de prise de poids que celui observé dans les modèles animaux. En outre, une forte association entre la leptine et l’acide laurique a été signalée.
L'adipokine leptine peut influencer le développement fœtal et réguler les conditions métaboliques maternelles. Les auteurs soulignent que si l'adipokine seule n'a aucun effet sur la synthèse basale de leptine, elle réduit significativement la sécrétion de leptine dans les adipocytes de rat en présence d'insuline.
Une consommation maternelle plus élevée de LA a réduit les taux plasmatiques de leptine chez les rongeurs. De plus, une modification de l'apport alimentaire en LA entre 1 % et 8 % de l'énergie totale a montré des effets variables sur l'adiponectine et la leptine chez les souris enceintes, suggérant une interaction complexe qui doit être explorée plus avant, en particulier dans le cadre d'études sur l'homme.
Acide linoléique (LA) et poids et taille à la naissance
Chez l’homme, la consommation d’acide laurique et le poids à la naissance présentent une corrélation en forme de U inversé. Par exemple, un faible poids à la naissance a été observé chez les mères ayant une consommation maternelle d’acide laurique plus élevée (> 8 %) et plus faible (< 4 %) chez les Indiennes du Sud. L’article fournit un contexte supplémentaire, en soulignant que cette relation peut varier considérablement en fonction de l’origine ethnique et des facteurs environnementaux. De plus, une consommation accrue d’acide laurique a eu un effet négatif sur les taux d’ALA érythrocytaire chez les mères ayant des nouveau-nés de faible poids à la naissance.
Un rapport LA/ALA accru pendant la grossesse a entraîné une diminution du flux sanguin placentaire mais une augmentation de la viscosité sanguine, ce qui a entraîné une croissance fœtale insuffisante. Les auteurs suggèrent que ce déséquilibre peut également affecter la minéralisation osseuse, contribuant ainsi à une réduction de la longueur du fémur du nourrisson.
De plus, une augmentation de l’apport en LA pendant la grossesse a été associée à une réduction de la longueur du fémur du nourrisson. Une étude a révélé qu’un apport alimentaire plus élevé en ALA et LA au cours du troisième trimestre de la grossesse augmentait la longueur de la naissance.
Endocannabinoïdes et acide linoléique (LA)
Les endocannabinoïdes (EC) sont des médiateurs de la placentation et jouent un rôle crucial dans le développement et la régulation des hormones. Les EC sont générés par le métabolisme de l'AL et agissent via les récepteurs cannabinoïdes 1 (CNR1) et CNR2.
Ces récepteurs jouent un rôle important dans la régulation du poids corporel, les fonctions cardiaques et le métabolisme des lipides et du glucose, ce qui rend leur altération par un apport élevé en LA préoccupante, en particulier pendant le développement fœtal. Ils sont associés à l'inflammation, à l'obésité, aux fonctions cardiaques et au métabolisme des lipides et du glucose. Il a été constaté que l'augmentation de l'apport alimentaire en LA augmentait l'obésité chez les souris enceintes.
De plus, il a été rapporté qu'un régime maternel avec des LA constituant 6,21 % de l'énergie totale modulait le CNR2 dans les tissus cardiaques fœtaux et maternels chez les rats Wistar Kyoto.
Acide linoléique (LA) alimentaire maternel pendant la grossesse et l'obésité
Un apport élevé en LA pendant la grossesse influence le risque d’obésité infantile et augmente le risque de nombreuses maladies chroniques, notamment l’hypertension, la dyslipidémie, l’hyperinsulinémie et le dysfonctionnement endothélial.
L'étude souligne que ce risque est particulièrement prononcé dans les études animales, où un rapport LA/ALA élevé a entraîné une prise de poids significative chez la progéniture, mais les données humaines sont plus variées et nécessitent des recherches plus approfondies. Une étude a rapporté que des souris enceintes nourries avec un régime avec un rapport LA/ALA élevé avaient des progénitures mâles avec un poids corporel accru.
L'augmentation de l'apport alimentaire en LA pendant la grossesse est corrélée à un risque d'obésité plus élevé chez les enfants à l'âge de 7 ans. En outre, des associations positives ont été observées entre l'augmentation du rapport LA/ALA dans le sang du cordon ombilical et l'obésité infantile à l'âge de 10 ans.
Remarques finales
Des études menées sur des animaux et des humains ont démontré qu’un apport maternel plus élevé en LA pendant la grossesse pouvait influencer la croissance du fœtus et prédisposer la progéniture à des troubles métaboliques. Cependant, l’étude souligne la nécessité de mener d’autres études sur l’homme pour clarifier ces effets, compte tenu des résultats mitigés observés dans différentes populations.
De plus, un excès de LA dans l’alimentation pendant la grossesse peut augmenter les marqueurs inflammatoires dans le sang maternel et favoriser la production d’AA et le transfert d’AG à travers le placenta.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour découvrir les mécanismes sous-jacents aux effets observés.