Le virus SARS-CoV-2, responsable de la maladie COVID-19, peut provoquer des symptômes qui durent de plusieurs semaines à plusieurs mois. Les plus courants sont la fatigue persistante, l’essoufflement, les symptômes cardiaques, les symptômes neurologiques et les manifestations psychiatriques. Ils varient dans leur présentation et leur intensité et peuvent également fluctuer dans le temps.
Les termes « Long COVID », « PASC » pour Séquelles post-aiguës de l’infection par le SRAS-CoV-2, et « post COVID-19 » sont utilisés pour qualifier la persistance de ces symptômes au-delà de quatre à 12 semaines d’infection. Afin de mieux les comprendre, d’évaluer leur impact sur la qualité de vie des patients et de préciser leur durée, les HUG et l’UNIGE ont réalisé une étude de suivi à long terme de patients symptomatiques ayant consulté aux HUG entre le 18 mars et 15 mai 2020 et testé positif au SARS-CoV-2.
Sommaire
Persistance des symptômes
L’étude suit les participants sur trois périodes : une première consultation ambulatoire par télémédecine au cours des 10 premiers jours suivant le diagnostic, un deuxième suivi 30 à 45 jours après l’infection et un troisième suivi sous forme de questionnaire entre sept et neuf mois après l’infection. Les patients présentant des complications graves nécessitant une hospitalisation ne sont pas inclus dans l’étude, pour évaluer les symptômes persistants en ambulatoire chez des patients pour la plupart en bonne santé avant COVID.
Sur les 629 participants de la cohorte initiale de l’étude, 410 ont terminé le suivi sept à neuf mois après l’infection, et 39 % d’entre eux ont signalé des symptômes qui ont persisté sept à neuf mois après le diagnostic. La fatigue (20,7 %) était le symptôme le plus courant, suivi de la perte du goût ou de l’odorat (16,8 %), de l’essoufflement (11,7 %) et des maux de tête (10 %). Ces résultats sont comparables à des études internationales du même type, et le Dr Mayssam Nehme, Senior Resident in the Division of Primary Care Medicine aux HUG et premier auteur de cet ouvrage, précise qu’« il s’agit d’une des premières études longitudinales prospectives ambulatoires symptômes post-COVID avec un si grand nombre de participants ».
Catégories à risque
L’étude révèle une tendance des symptômes à long terme associés au sexe. Le Dr Mayssam Nehme note que « l’incidence semble être plus élevée chez les femmes, en particulier pour la fatigue, l’essoufflement et les maux de tête. Toutes les tranches d’âge sont concernées, y compris les jeunes et en bonne santé ». La prévalence de certains symptômes varie selon les tranches d’âge : par exemple, les 40-60 ans sont plus sujets aux douleurs musculaires.
Les personnes qui ont développé plus de symptômes COVID-19 dans la phase aiguë de la maladie, à savoir les jours suivant l’infection, sont plus susceptibles de développer des symptômes persistants. Étonnamment, les symptômes fluctuent dans le temps.
En fait, certaines personnes ont signalé que leurs symptômes disparaissaient après 30 à 45 jours, puis sont redevenus symptomatiques sept à neuf mois après l’infection. »
Dr Mayssam Nehme, Senior Resident, Division of Primary Care Medicine, HUG
La cause de ces variations reste inexpliquée, mais fait l’objet de diverses hypothèses à l’étude, selon les chercheurs.
Une reprise lente
37% des personnes présentant des symptômes persistants ont signalé leur disparition après 30 à 45 jours et 19% supplémentaires sept à neuf mois après l’infection indiquant une rémission dans 56% des cas.
Bien que légers à modérés, les symptômes affectent néanmoins la qualité de vie des patients et leurs activités quotidiennes. « Les personnes qui étaient dans une forme optimale avant leur infection ne le sont clairement plus après. Ce sentiment de ne plus pouvoir performer à sa capacité maximale ou habituelle, ajouté au sentiment de découragement causé par une lente progression, est particulièrement difficile. endurer » explique le directeur de l’étude, le Pr Idris Guessous, médecin-chef de la Division de médecine de premier recours et épidémiologiste au Département de santé et médecine communautaire de la Faculté de médecine de l’UNIGE.
À l’exception des maux de tête, l’intensité et la gravité des symptômes diminuent avec le temps. « Lors de l’évaluation de la gravité de leurs symptômes, la majorité des participants de notre cohorte ont signalé une intensité légère à modérée », ajoute le Pr Idris Guessous.
Suivi amélioré
Les travaux de cette étude fournissent des informations essentielles pour le rétablissement des personnes touchées par cette forme persistante de COVID-19. « Les médecins de première ligne doivent rester la première ligne pour assurer le suivi à long terme de leurs patients COVID-19, et cette étude les aidera à anticiper et mieux comprendre les manifestations et l’évolution de cette maladie », poursuit Guessous. Son équipe et les HUG ont également établi des protocoles destinés aux médecins généralistes pour la prise en charge des patients ainsi que des informations sur Long COVID à destination des patients (voir références ci-dessous).
https://www.hug.ch/sites/interhug/files/structures/coronavirus/guidelines-postcovid-pourmedecinstraitants.pdf.
https://www.hug.ch/coronavirus-maladie-covid-19/long-covid
Un e-calculateur pour le risque de symptômes persistants
L’équipe de recherche a développé un calculateur de risque pour les symptômes persistants après un diagnostic confirmé de COVID-19. Le but de ce calculateur est d’informer le public de sa probabilité de présenter des symptômes liés au COVID-19 sept à neuf mois après un diagnostic confirmé. Il est disponible en français, anglais et espagnol sur https://longcovidcalculator.com/.