Les neutrophiles sont les globules blancs les plus abondants dans le corps humain, principalement reconnus pour leur rôle essentiel dans la lutte contre les infections et la régulation de l'inflammation. Cependant, leur implication dans la progression du cancer est depuis longtemps un sujet d’intrigue et de confusion. Ces cellules immunitaires présentent un comportement paradoxal au sein des tumeurs, où elles peuvent soit favoriser, soit inhiber la croissance du cancer. Cette double fonctionnalité suggère que les neutrophiles sont très plastiques et que leurs actions sont façonnées par des signaux environnementaux dynamiques au sein du microenvironnement tumoral (TME). Comprendre cette complexité est crucial pour comprendre toute l’étendue de leur impact sur le développement et la progression du cancer.
Une équipe de chercheurs du Département de chirurgie hépatique et de transplantation du Liver Cancer Institute et de l'hôpital Zhongshan de l'Université de Fudan, ont publié une revue (DOI : 10.20892/j.issn.2095-3941.2024.0192) dans Biologie et médecine du cancer. L’article se penche sur les rôles nuancés que jouent les neutrophiles au sein du TME, offrant une exploration détaillée de leur hétérogénéité et de leur plasticité. L'étude présente une synthèse complète des recherches actuelles et identifie de nouvelles opportunités thérapeutiques pour cibler les neutrophiles dans le traitement du cancer.
Cette revue remet en question la vision conventionnelle des neutrophiles comme de simples effecteurs de courte durée, en se concentrant plutôt sur leur diversité et leur adaptabilité au sein du TME. L'étude retrace le parcours des neutrophiles depuis leurs origines dans la moelle osseuse jusqu'à leurs rôles spécialisés au sein des tumeurs. Les chercheurs soulignent comment le paysage local des cytokines et des chimiokines influence le recrutement et l’orientation fonctionnelle des sous-ensembles de neutrophiles. Notamment, la revue met en évidence comment ces sous-ensembles, avec des signatures génétiques et des fonctions temporelles distinctes, peuvent influencer le comportement de la tumeur et les résultats pour les patients. Les sous-ensembles impliqués dans la présentation des antigènes et l'angiogenèse ont été identifiés comme des acteurs clés, liés à des types de tumeurs spécifiques et à des pronostics cliniques. Cette richesse d’informations constitue une base pour le développement d’immunothérapies ciblées qui exploitent la dynamique unique des neutrophiles.
Nos résultats remettent en question la vision conventionnelle des neutrophiles en tant que cellules effectrices transitoires. Au lieu de cela, nous révélons leur remarquable hétérogénéité et leur rôle dynamique dans le TME. Ces informations sont essentielles à la conception de thérapies anticancéreuses plus efficaces qui exploitent tout le potentiel du système immunitaire.
M. Qiang Gao, auteur correspondant de l'étude
Les implications de cette recherche sont profondes, offrant de nouvelles voies pour le développement de modèles pronostiques et de thérapies ciblées contre le cancer. En se concentrant sur la plasticité des neutrophiles et en combinant des thérapies qui modulent leur comportement, l’étude ouvre la voie à des traitements plus personnalisés et plus efficaces. Cette nouvelle approche a le potentiel d'améliorer la capacité du système immunitaire à combattre le cancer, ouvrant ainsi la porte à des stratégies thérapeutiques plus avancées et mieux adaptées.