Une équipe de scientifiques de Francfort, en Allemagne, a récemment exploré l’efficacité des anticorps induits par un vaccin ou une infection et des anticorps monoclonaux thérapeutiques pour neutraliser les variantes kappa et delta du coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2). Les résultats révèlent que le variant delta est plus résistant à la neutralisation médiée par les anticorps que le variant kappa. L’étude est actuellement disponible sur le medRxiv* serveur de préimpression.
Sommaire
Contexte
La puissance immunogène du SRAS-CoV-2 peut être altérée par l’émergence de mutations dans les principaux composants immunogènes, y compris la protéine de pointe. Depuis que la génération actuelle de vaccins et d’anticorps thérapeutiques contre la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) a été développé contre la souche originale de Wuhan, les changements structurels induits par des mutations dans les protéines de pointe des variantes émergentes peuvent potentiellement altérer leur sensibilité à la neutralisation par anticorps.
Peu de temps après sa première détection en Inde lors de la deuxième vague de la pandémie, la variante delta (B.1.617.2) du SRAS-CoV-2 est devenue dominante à travers le monde. Deux mutations de pointe L452R et T478K, expliquent principalement l’infectiosité significativement accrue et la puissance d’évasion immunitaire de la variante delta. Une autre sous-variante de la lignée B.1.617 est le kappa (B.1.617.1), également originaire d’Inde. Il existe des preuves affirmant que, comme la variante delta, la variante kappa avec deux mutations de pointe L452R et E484Q pourrait être moins sensible à la neutralisation médiée par les anticorps.
Dans la présente étude, les scientifiques ont exploré l’efficacité des vaccins COVID-19, des sérums de convalescence et des anticorps monoclonaux pour neutraliser les variantes kappa, delta et epsilon du SRAS-CoV-2. Le variant epsilon (B.1.427/B.1.429) est originaire de Californie et contenait la mutation L452R dans la protéine de pointe.
Plus précisément, ils ont testé l’efficacité de neutralisation virale de deux vaccins COVID-19 à base d’ARNm, BNT162b2 (Pfizer/BioNTech) et mRNA1273 (Moderna), et de trois anticorps thérapeutiques monoclonaux bamlanivimab, casirivimab et imdevimab.
Neutralisation virale par sérums vaccinés et convalescents
Comme observé dans l’étude, les anticorps induits par la vaccination ou l’infection naturelle sont moins efficaces pour neutraliser les variantes du SRAS-CoV-2 contenant la mutation du pic L452R.
Plus précisément, les anticorps induits par une infection naturelle ont montré un pouvoir neutralisant considérablement plus faible contre les variantes kappa, delta et epsilon par rapport à celui contre les variantes du SRAS-CoV-2 circulant précédemment avec la mutation de pointe D614G.
De même, les anticorps induits par le vaccin ont montré une capacité réduite de 2 et 1 fois à neutraliser les variantes kappa et delta et la variante epsilon, respectivement. Par rapport à la variante epsilon, les variantes kappa et delta ont montré une résistance 2 fois plus élevée à la neutralisation par les anticorps induits par le vaccin et l’infection.
Neutralisation du virus par des anticorps monoclonaux
Parmi les anticorps monoclonaux testés, le bamlanivimab n’a pas réussi à neutraliser les variantes du SRAS-CoV-2 avec la mutation de pointe L452R. Par rapport aux variants contenant D614G, le variant kappa a montré une sensibilité 5 fois inférieure à la neutralisation médiée par le casirivimab. Cependant, la neutralisation du variant kappa par l’imdevimab ou une combinaison de casirivimab/imdevimab était presque comparable à celle des variants circulant auparavant. De plus, une neutralisation efficace du variant epsilon a été observée en réponse au casirivimab ou à une combinaison de casirivimab/imdevimab.
Contrairement au variant kappa, le variant delta a montré une sensibilité significativement faible à l’imdevimab et une sensibilité modérée au casirivimab.
Importance de l’étude
L’étude signifie que les variantes du SRAS-CoV-2 contenant la mutation de pointe L452R sont plus résistantes à la neutralisation médiée par les anticorps que les variantes circulant auparavant avec la mutation de pointe D614G. De plus, par rapport au variant kappa cocirculant, le variant delta a une plus faible sensibilité à la neutralisation par les anticorps induits par la vaccination ou l’infection.
Parmi les anticorps monoclonaux actuellement disponibles, le casirivimab n’est pas efficace contre le variant kappa contenant la mutation E484Q. En revanche, le variant delta avec la mutation T478K présente une résistance à la neutralisation médiée par l’imdevimab. Il est important de noter que la thérapie combinée avec l’imdevimab et le casirivimab offre une neutralisation efficace des variantes kappa et delta.
*Avis important
medRxiv publie des rapports scientifiques préliminaires qui ne sont pas évalués par des pairs et, par conséquent, ne doivent pas être considérés comme concluants, orienter la pratique clinique/le comportement lié à la santé, ou traités comme des informations établies.