Dans un récent éditorial publié dans Nutrients, des chercheurs ont décrit l’influence de la nutrition sur l’arthrose (OA).
Étude: Le rôle de la nutrition dans le développement de l’arthrose. Crédit d’image : Lizelle Lotter/Shutterstock.com
Sommaire
Arrière-plan
L’arthrose, une maladie articulaire de type dégénératif, a considérablement augmenté à l’échelle mondiale depuis 1990. Avec l’augmentation de la prévalence de l’âge et de l’obésité, les cas d’arthrose devraient encore augmenter.
Les patients arthrosiques souffrent de douleurs chroniques et de raideurs articulaires. L’arthrose représente un fardeau économique important pour les patients et la société. La Food and Drug Administration des États-Unis (US FDA) l’a qualifié de maladie grave.
Pour étudier de nouvelles stratégies d’intervention, il est crucial d’accroître les connaissances scientifiques sur les mécanismes de protection de la supplémentation nutritionnelle contre l’arthrose. Cela mettra en lumière la relation entre la nutrition et la pathogenèse de l’arthrose et mènera potentiellement à une nouvelle thérapie basée sur la manipulation alimentaire.
À propos de l’éditorial
Dans le présent éditorial, les chercheurs présentent la régulation alimentaire de l’arthrose.
Cibler l’obésité et l’intestin pour gérer l’arthrose
L’arthrose est une maladie complexe influencée par l’obésité, l’âge, l’inflammation, la charge mécanique, les lésions articulaires et la génétique. Cependant, les mécanismes exacts à l’origine de son développement ne sont pas entièrement compris et aucun traitement n’est actuellement disponible pour retarder la progression de l’arthrose ou restaurer le cartilage.
La prise en charge pharmacologique actuelle se concentre sur le contrôle de la douleur, tandis que les mesures non pharmacologiques reposent sur l’activité physique et la perte de poids. Dans les cas avancés, une intervention chirurgicale peut être envisagée. Récemment, l’intérêt scientifique s’est accru pour la modification nutritionnelle des risques et de la pathologie de l’arthrose.
L’obésité est un facteur de risque important de l’arthrose, car elle altère la biomécanique articulaire et libère des facteurs inflammatoires. Des études ont rapporté des corrélations entre l’inflammation des articulations et un rapport élevé d’acides gras n-6/n-3. L’augmentation de l’apport en acides gras n-6 a été associée à une inflammation synoviale et à une détérioration du cartilage chez les personnes obèses.
Au contraire, une alimentation riche en acides gras oméga-3 réduit la douleur et l’inflammation, avec une amélioration de la fonction articulaire chez les patients arthrosiques. Par conséquent, modifier l’alimentation en augmentant la consommation d’acides gras oméga-3 pourrait constituer une nouvelle approche de prévention et de traitement de l’arthrose.
L’arthrose liée à l’obésité peut être gérée en rétablissant l’équilibre microbien intestinal des micro-organismes bénéfiques et pathogènes. L’oligofructose, un supplément prébiotique, peut manipuler des microbes intestinaux particuliers pour traiter la dysbiose liée à l’obésité, réduire l’inflammation généralisée et prévenir la perte de cartilage chez les souris obèses.
La manipulation microbienne intestinale peut également traiter l’arthrose liée à la déstabilisation du ménisque médial. L’administration d’une combinaison de probiotiques après une transplantation microbienne fécale pourrait prévenir les lésions cartilagineuses induites par la déstabilisation du ménisque médial et avoir un impact positif sur la structure osseuse sous-chondrale, en particulier la région condylienne de l’os fémoral. Cela indique une nouvelle approche pour traiter l’arthrose associée à l’obésité.
Rôle des vitamines et des antioxydants dans la gestion de l’arthrose
La vitamine D est essentielle à la solidité des muscles, des dents et des os et augmente l’absorption intestinale du phosphore et du calcium. Les processus d’hydroxylation dans les reins et le foie forment la vitamine D activée, la 1,25-dihydroxy vitamine D. [1,25(OH)2D].
La vitamine D se lie aux récepteurs de la vitamine D (VDR), ce qui déclenche la transcription des gènes, ayant un impact sur le transport du phosphore et du calcium. Des études ont montré que les animaux murins knock-out VDR ne présentent pas le phénotype de l’arthrose malgré l’apparition de l’ostéomalacie et du rachitisme après le premier mois de leur vie.
Des récepteurs de vitamine D ont été détectés dans les cartilages articulaires d’individus souffrant d’arthrose, mais pas chez des individus en bonne santé.
Bien qu’il n’existe aucune preuve que l’activation de la vitamine D puisse améliorer l’arthrose radiologique ou prévenir la perte de volume du cartilage chez les personnes présentant un apport suffisant en vitamine D, des essais contrôlés randomisés indiquent qu’une supplémentation peut réduire la douleur et probablement améliorer l’arthrose radiologique chez les personnes présentant une carence en vitamine D.
La vitamine K, la molécule liposoluble présente dans les légumes-feuilles, les aliments fermentés et d’origine animale, sert de cofacteur à l’enzyme gamma-glutamyl carboxylase qui forme le composant gamma-carboxyglutamate (Gla) des protéines qui influencent la coagulation sanguine et les os. calcification.
Les protéines Matrix Gla (MGP) sont exprimées sur les chondrocytes et sont impliquées dans la calcification. Les polymorphismes du MGP ont été associés à l’arthrose radiographique de la main, et une carence en vitamine K pourrait entraver la différenciation des chondrocytes et empêcher la formation d’os endochondral.
La vitamine K a démontré son potentiel de prévention de l’arthrose dans des études de cohorte transversales, prospectives et cas-témoins. La supplémentation en vitamine K a empêché le rétrécissement des articulations chez les personnes présentant une insuffisance en vitamine K. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer les effets de la vitamine K sur les symptômes de l’arthrose.
Des études ont montré que les antioxydants tels que les vitamines E et C et la curcumine peuvent améliorer les symptômes de l’arthrose en neutralisant le stress oxydatif. Bien que les suppléments alimentaires et les injections intra-articulaires de vitamine C puissent réduire les symptômes de l’arthrose, des études ont rapporté que des quantités excessives de vitamine C peuvent avoir des effets néfastes.
Les propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes de la vitamine E pourraient potentiellement améliorer la gestion de l’arthrose. Cependant, les données sur l’association entre la santé des articulations et la vitamine E sont controversées.
Des études récentes ont montré que la curcumine améliore efficacement les symptômes de l’arthrose du genou, avec une tolérance améliorée et une efficacité comparable à celle des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
Les oligo-éléments comme le cuivre, le sélénium et le bore peuvent prévenir l’arthrose grâce à leurs propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires, tandis que le fer et le cadmium peuvent aggraver le développement et la progression de l’arthrose.
Dans l’ensemble, les conclusions éditoriales ont mis en évidence la prise en charge nutritionnelle de l’arthrose. Les données pourraient éclairer les stratégies thérapeutiques visant à réduire le fardeau de la maladie et à améliorer la qualité des soins pour les patients atteints d’arthrose.