Sommaire
Le problème de santé
Beaucoup de personnes souffrent de troubles gastro-intestinaux récurrents d’origine incertaine, souvent accompagnés de fatigue et pouvant à la longue conduire à une maladie chronique comme l’inflammation de l’intestin ou le syndrome du côlon irritable (ou colopathie fonctionnelle). Sachez d’ailleurs que ce dernier est une maladie chronique touchant 5 à 15 % de la population, en majorité des femmes (trois fois plus que les hommes), et dont le diagnostic s’apparente pour beaucoup à un parcours du combattant. Alors si vous multipliez les gaz, les ballonnements, les douleurs abdominales et les diarrhées, ou qu’une sensation de satiété vous gagne après n’avoir ingurgité qu’une petite quantité de nourriture ou de liquide, un régime peut vous aider.
L’étude de référence
Une méta-analyse a évalué l’utilité pour le traitement des symptômes gastro-intestinaux d’un régime dit faiblement « fermentescible, oligo-, di-, mono-saccharides et polyols », communément appelé FODMAP. Six essais randomisés et seize études cliniques non randomisées ont été inclus. Les résultats démontrent une diminution des scores IBS SSS (échelle de gravité des symptômes du syndrome du côlon irritable) et une amélioration du score IBS-QOL (mesure d’auto-évaluation de la qualité de vie spécifique au syndrome du côlon irritable). De plus, l’INM a réduit la sévérité des douleurs abdominales, des ballonnements et des symptômes digestifs globaux.
Descriptif de la méthode
Le régime FODMAP part du principe que les oligosaccharides, les disaccharides, les monosaccharides et les polyols (glucides et alcools de sucre abondant dans l’alimentation) sont mal absorbés par le corps, entraînant des troubles gastro-intestinaux. Le régime pauvre en FODMAP s’appuie donc sur une liste d’aliments et de boissons à éviter. Elle comprend en particulier des légumes (oignon, chou, poireau, champignon…), des fruits (pêche, abricot, pomme, cerise…), du blé, des produits laitiers contenant du lactose, de l’alcool et des édulcorants artificiels. Des aliments sont au contraire à privilégier, comme d’autres fruits (raisin, melon, banane, agrume…) et légumes (carotte, laitue, tomate, pommes de terre…), des produits laitiers sans lactose, de la viande, du poisson, des œufs, du riz, du thé ou du café. Le régime dure trois à huit semaines jusqu’à la disparition des symptômes gastro-intestinaux. Chaque aliment peut être réintroduit progressivement, à petite dose, en vérifiant qu’il ne déclenche pas à nouveau les symptômes, selon un principe d’élimination.
Les mécanismes d’action
Les FODMAP fermentent pendant la digestion dans le gros intestin et peuvent provoquer son expansion en puisant dans l’eau pour produire du dioxyde de carbone, de l’hydrogène et du méthane, ce qui engendre des symptômes gastro-intestinaux. Des études utilisant l’IRM ont montré que les glucides fermentescibles à chaîne courte augmentent le volume d’eau intestinale et la production de gaz coliques qui induisent ces symptômes chez les personnes présentant une hypersensibilité viscérale.
Bénéfices
Un régime pauvre en FODMAP réduit efficacement les symptômes chez 75 % des patients. Il donne même à votre intestin une chance de s’en débarrasser à vie.
Quels sont les risques ?
S’il est trop contraignant, ce régime peut ne pas répondre à tous les besoins nutritionnels. Il n’est d’ailleurs pas recommandé comme régime permanent, faute d’étude d’adhésion à long terme. Des compromis sont donc à faire. Mais l’idée selon laquelle il détruirait le microbiote et sa diversité bactérienne n’est qu’une fausse rumeur médicale.
Conseils pratiques
Ce régime se doit d’être médicalement prescrit, suivi, et personnalisé, car tous les produits et toutes les boissons riches en FODMAP ne provoquent pas systématiquement de symptômes gastro-intestinaux chez tous les individus. Il faut connaître lesquels vous concernent, et les éviter à vie. Mais si aucun symptôme n’apparaît après en avoir consommé durant une semaine, inutile de vous priver. Une diététique équilibrée étant avant tout une alimentation variée, l’aide d’un diététicien réduira les risques de sur- et de sous-restriction.
À qui s’adresser ?
Un médecin généraliste ou nutritionniste accompagné d’un diététicien est la meilleure combinaison pour mettre en œuvre et ajuster ce régime délicat.