Des « médecines douces » peuvent être en vogue, utilisées partout, et pourtant ne pas résister à l’examen scientifique. Des données convergent pour démontrer leur absence d’effets positifs sur la santé, voire leur toxicité, ou se révèlent contradictoires, ne permettant pas de conclure sur leur efficacité.
Certaines de ces pratiques finiront peut-être par faire leurs preuves avec de meilleurs protocoles d’utilisation, des doses plus adaptées et des populations plus ciblées, mais pour l’heure elles ne sauraient être recommandées en tant qu’INM (Intervention Non Médicamenteuse).
En voici trente exemples, recalés du statut d’INM faute de résultats probants.
Sommaire
1. L’art thérapie pour le diabète de type 2
S’appuyant sur la création artistique et l’expression, l’art thérapie n’a pas démontré son efficacité dans le traitement du diabète de type 2, malgré une méta-analyse chinoise laissant penser à un bénéfice tant au niveau de la dépression que de la glycémie.
Publiée dans une revue scientifique payante pour leurs auteurs, stratégie que l’on pourrait qualifier de publicité déguisée, elle présente de nombreux biais : échantillons de population trop faibles, méthodologies erronées des essais cliniques, conflits d’intérêt, manques de mesures fiables, conclusions éludant que le biomarqueur du diabète de type 2 n’a pas changé grâce à l’art thérapie. Des lacunes rédhibitoires qui ne permettent pas de parler d’INM.
2. La clown thérapie sur l’anxiété des enfants hospitalisés
Des clowns interviennent régulièrement dans les hôpitaux pour divertir et réconforter les enfants et leurs parents. De là, certains ont imaginé une clown thérapie pouvant réduire l’anxiété des enfants avant une chirurgie.
Une revue systématique a évalué l’effet de ce type d’intervention en période pré-opératoire et en salle d’opération sur la base de onze essais randomisés. Mais les biais méthodologiques des études étaient élevés selon les auteurs de la revue, et bien que le clown ait pu sembler influer sur l’anxiété des enfants, les résultats doivent être considérés avec prudence.
On ne peut en l’état actuel des connaissances parler d’efficacité. Des études plus rigoureuses restent à mener sur les bénéfices et les risques, mais aussi sur les contenus spécifiques de cette pratique.
3. La sophrologie contre la fibromyalgie
Empruntant des concepts à différents courants de la philosophie, de la psychologie et de la phénoménologie, la sophrologie est une pratique psycho-corporelle qui s’appuie sur des techniques de relaxation associées à des exercices de respiration, d’imagerie mentale et de renforcement positif.
Dans un essai randomisé, des chercheurs ont comparé l’efficacité de cette pratique deux fois par semaine durant trois mois à un programme d’entraînement musculaire en résistance de la même durée pour soulager les douleurs de femmes atteintes de fibromyalgie.
Les auteurs ne montrent pas de différence statistique entre les deux groupes, et l’absence d’un groupe contrôle sans traitement ne permet pas de conclure quant à l’efficacité et à l’innocuité de cette approche. D’autant que des experts de l’Inserm ont pointé d’autres faiblesses méthodologiques de l’étude (effectif faible, suivi seulement à court terme des participants…).
4. La thérapie par ventouse sur l’hypertension
Issue de médecines traditionnelles, la pose de ventouses humides sur le corps, ou cupping therapy, est proposée par des praticiens pour réduire l’hypertension artérielle des adultes. Une méta-analyse chinoise a été publiée en 2019 afin de vérifier la véracité de cette pratique.
Des ventouses humides seules, ou en combinaison avec des médicaments antihypertenseurs ou de l’acupuncture, ont été utilisées dans les sept essais randomisés retenus, de faible qualité méthodologique. Aucune conclusion définitive ne peut être tirée compte tenu de l’hétérogénéité des pratiques, et les auteurs se gardent bien de recommander l’usage de cette thérapie.
Ne vous mettez donc pas en danger avec ce qui ressemble à une tradition surannée, et optez plutôt pour une vraie INM, par exemple le MBSR efficace contre l’hypertension.
5. Le massage Tui Na contre le syndrome de l’intestin irritable
Massage dynamique issu de la médecine traditionnelle chinoise, le Tui Na a fait l’objet d’une revue systématique évaluant son utilité pour traiter le syndrome de l’intestin irritable.
S’appuyant sur huit essais randomisés, ses auteurs constatent qu’en combinant ce massage au traitement habituel, on améliore davantage la diarrhée. Mais des problèmes méthodologiques ne permettent pas d’écarter les risques de biais.
Une confirmation avec de nouveaux essais randomisés à plus grande échelle et de meilleure qualité est donc nécessaire pour se prononcer sur l’efficacité et l’innocuité du massage Tui Na pour ce syndrome. En attendant, des INM ont déjà fait leurs preuves, par exemple cette application contre le syndrome de l’intestin irritable.
6. L’hydrothérapie du côlon
L’hydrothérapie du côlon est une technique de nettoyage du gros intestin à l’eau dont on dit qu’elle purifierait l’organisme. Injectée dans le rectum, l’eau délogerait les déchets qui se trouvent dans le côlon et permettrait de les évacuer.
La méthode repose sur l’hypothèse d’une auto-intoxication, selon laquelle l’organisme s’empoisonne lui-même en réabsorbant les toxines accumulées dans le gros intestin. Mais cette hypothèse a été réfutée par la communauté scientifique, notamment le Pr Edzard Ernst. Il rappelle que la pratique de l’hydrothérapie du côlon ne s’appuie en réalité que sur des cas anecdotiques, et pourrait s’avérer dangereuse.
7. La cryothérapie pour l’arthrose du genou
Méthode de traitement par le froid, la cryothérapie a vu évaluer son efficacité sur la douleur et la fonction physique en cas d’arthrose du genou dans une revue systématique reposant sur cinq essais randomisés.
Les études disponibles affichent de fortes hétérogénéités des interventions et des méthodes, conduisant ainsi les auteurs à ne pas pouvoir établir de conclusions claires sur les bénéfices et l’innocuité de cette pratique. De nouveaux essais cliniques méthodologiquement rigoureux sont nécessaires pour permettre de se prononcer d’une façon scientifiquement satisfaisante sur l’utilité de cette méthode de soin face à l’arthrose du genou. Mais une solution éprouvée est disponible, la cure thermale spécialisée contre l’arthrose du genou.
8. Un protocole d’acupuncture contre la maladie de parkinson
Une revue systématique a recherché des preuves cliniques concernant l’acupuncture comme traitement de la maladie de Parkinson à partir de onze essais randomisés. Trois l’ont comparée à un placebo, sans observer d’effet significatif.
Six essais ont enregistré un effet positif de l’acupuncture sur le cuir chevelu quand elle était combinée aux médicaments conventionnels, et deux ont par ailleurs relevé un léger effet comparé au résultat obtenu en l’absence de traitement. Mais, là encore, le nombre et la qualité des essais sont insuffisants, et les échantillons sont trop faibles pour tirer une conclusion définitive. D’autres études cliniques sont à mener pour faire la lumière sur la pertinence d’un protocole d’acupuncture contre la maladie de Parkinson.
9. L’auriculothérapie contre l’addiction
Alors que l’acupuncture peut être vue comme capable de stimuler des mécanismes naturels d’autoguérison, une revue systématique publiée en 2006 a évalué l’efficacité de l’auriculothérapie (variante localisée au niveau auriculaire) sur le traitement de différentes dépendances, dont à la cocaïne et au tabac.
Ses conclusions sont claires : il n’existe aucune preuve d’efficacité convaincante de cette pratique pour se défaire de la dépendance à cette drogue dure comme au tabagisme. Aucun mécanisme d’action n’a par ailleurs été identifié, et pas une étude n’est depuis venue légitimer l’usage de l’acupuncture auriculaire contre ces addictions. Mais des INM efficaces et sûres existent pour arrêter de fumer, par exemple l’hypnose pour arrêter de fumer.
10. Le Shiatsu contre le stress
Technique de massage née au Japon, le Shiatsu utilise des manipulations douces, des étirements et des pressions avec les doigts, les pouces, les coudes, les genoux et les pieds. Il couvre tout le corps et se distingue de l’acupression.
Une revue systématique britannique a recensé les essais cliniques évaluant son utilité, notamment contre le stress. Or les preuves sur la réduction de cette tension nerveuse sont de faible qualité méthodologique. Les auteurs constatent l’hétérogénéité des pratiques qui ne permettent pas de trancher entre shiatsu, zen, macrobiotique, healing, tao, seiki, namikoshi et hara.
Si la recherche progresse, les données probantes manquent donc encore pour conclure à l’utilité de ce type de massage contre le stress.
11. L’extrait de Ginkgo Biloba contre la maladie d’Alzheimer
Un essai clinique rigoureux français a testé l’efficacité à long terme de la consommation d’un complément alimentaire à base de Ginkgo biloba sur la réduction du risque d’apparition d’Alzheimer chez les personnes âgées souffrant de troubles de la mémoire. Incluant deux mille huit cent vingt participants, son suivi a duré cinq ans, avec chaque année une évaluation des états cognitifs, fonctionnels et dépressifs.
Aucune différence significative dans la survenue de la maladie d’Alzheimer n’a été observée avec le groupe contrôle placebo, permettant aux chercheurs de conclure à l’absence de protection d’une consommation quotidienne de deux cent quarante milligrammes d’extraits de Ginkgo biloba pour les patients de plus de soixante-dix ans. Préférez des INM efficaces et sûres dès le diagnostic de la maladie.
12. Le coenzyme Q10 pour prévenir l’insuffisance cardiaque
La coenzyme Q10, ou ubiquinone, est un complément alimentaire dont on a pensé que l’activité antioxydante pourrait être bénéfique en cas d’insuffisance cardiaque.
Plusieurs essais randomisés l’ont ainsi comparée à d’autres modalités thérapeutiques, et une revue systématique a été effectuée. Mais en raison de preuves de très piètre qualité, ses auteurs estiment tout à fait incertain que la coenzyme Q10 ait un effet sur la fonction ou structure cardiaque. Ils concluent ainsi à l’inexistence de données convaincantes pour soutenir ou réfuter son utilisation afin de traiter l’insuffisance cardiaque. De nouveaux essais cliniques seraient nécessaires pour en savoir plus.
13. Le régime vegan contre les maladies cardiovasculaires
L’alimentation joue un rôle majeur dans les maladies cardiovasculaires. En tant que facteur de risque modifiable, elle est au centre de nombreuses stratégies de prévention. Une revue systématique s’est ainsi attachée à évaluer le potentiel du très populaire régime vegan (excluant tout aliment d’origine animale) dans la prévention des maladies cardiovasculaires à partir des essais randomisés disponibles dans la littérature scientifique.
Mais les études étaient généralement de petite taille, avec peu de participants. Il n’y a donc actuellement pas suffisamment de données probantes pour tirer des conclusions quant à l’efficacité de ce régime végétalien sur des facteurs de risque cardiovasculaire.
14. Les oméga-3 et la vitamine D contre les arythmies cardiaques
Un essai randomisé incluant vingt-cinq mille cent dix-neuf personnes de cinquante ans ou plus a évalué l’effet d’une administration à long terme d’acides gras oméga-3 marins et de vitamine D sur les troubles du rythme cardiaque.
Le critère de jugement principal était la fibrillation auriculaire (arythmie cardiaque la plus fréquente) incidente confirmée par l’examen des dossiers médicaux. Mais par rapport au groupe placebo, aucune différence significative dans le risque d’incident de fibrillation auriculaire n’a été observée après un suivi médian de plus de cinq ans.
L’utilisation d’oméga-3 et de vitamine D n’apparaît donc pas comme efficace pour le traitement de l’arythmie cardiaque.
15. L’amande d’abricot anticancérigène
Une rumeur a couru dans les années soixante-dix à propos de propriétés anti-cancéreuses des amandes de noyaux d’abricot, thérapie médiatisée par l’acteur américain Steve McQueen.
Le National Cancer Institute a lancé un essai clinique auprès de cent soixante-dix-huit patients atteints d’une tumeur incurable d’au moins cinq centimètres sans métastases osseuses. Les participants ont reçu de la laétrile (amandon d’abricot) par voie intraveineuse et orale à différents dosages. L’essai n’a démontré aucun bénéfice substantiel en termes de guérison, d’amélioration ou de stabilisation du cancer et des symptômes qui y sont liés, ni d’allongement de la durée de vie.
Pire, l’étude a constaté des intoxications au cyanure chez plusieurs patients. Une revue systématique a fini par enterrer définitivement tout espoir d’effet protecteur de l’amande d’abricot contre le cancer. Et pourtant, la désinformation circule toujours aujourd’hui sur Internet…
16. Le complément Souvenaid sur la maladie d’Alzheimer
Souvenaid est un complément alimentaire à la composition brevetée destiné aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Supposé faciliter la formation et le fonctionnement des synapses dans le cerveau, et donc la fonction cognitive, ses effets sur l’incidence de la démence et la cognition ont été recherchés dans une revue systématique publiée en 2020. Elle s’appuyait sur trois essais randomisés. Il en ressort des éléments de preuve contradictoires invitant à une étude plus approfondie.
Mais les auteurs concluent à l’absence de données convaincantes quant à l’intérêt de Souvenaid dans le ralentissement de l’évolution de la maladie d’Alzheimer, et encore moins dans son traitement.
17. Les oméga-3 pour traiter Alzheimer
Sur la base d’études cliniques et épidémiologiques, les acides gras polyinsaturés oméga-3 provenant de poissons et de plantes sont souvent considérés comme une méthode prometteuse pour améliorer les fonctions cérébrales et ralentir la progression d’une démence comme la maladie d’Alzheimer.
Une revue de la littérature scientifique a donc évalué l’efficacité d’un apport en oméga-3 pour le traitement de personnes démentes à partir de trois essais randomisés. Mais aucune preuve convaincante n’a été trouvée pour les patients inclus, atteints d’un Alzheimer léger à modéré.
18. Un complément à base de Yohimbe contre les troubles de l’érection
Le Yohimbe (Pausinystalia yohimbe) est un arbre à feuilles persistantes d’Afrique dont l’écorce est traditionnellement utilisée pour booster l’érection. Son extrait, la yohimbine, vendu comme un complément alimentaire, jouit d’une réputation d’aphrodisiaque, à tel point qu’une étude publiée en 2009 a décrit un cas grave de priapisme intraitable ayant nécessité une chirurgie.
Une revue systématique montre de son côté l’insuffisance des études cliniques disponibles aussi bien en termes de quantité que de qualité méthodologique. Ses auteurs signalent des effets secondaires comme des troubles gastro-intestinaux, de l’anxiété, une augmentation de la pression artérielle, des maux de tête, de l’agitation, des éruptions cutanées, de la tachycardie et des mictions fréquentes.
Une étude chinoise rapporte quant à elle trois cas d’empoisonnement grave et un décès causés chez des hommes âgés de quarante-sept à soixante-cinq ans. Bref, ce traitement est à proscrire.
19. Le jeûne intermittent pour éviter les maladies cardio-vasculaires
Une mode revient actuellement : le jeûne. On le propose à toutes les « sauces », pour tous les problèmes de santé, et notamment en prévention des maladies cardio-vasculaires sous la forme du jeûne intermittent, régime consistant à restreindre l’apport calorique certains jours ou certaines heures.
Afin de vérifier cette hypothèse, une revue systématique a été menée à partir des études disponibles, mais aucune amélioration significative des facteurs de risques cardio-métaboliques n’a été observée chez les participants, hommes ou femmes, jeunes ou moins jeunes. Des recherches supplémentaires seraient utiles pour des patients plus spécifiques comme ceux souffrant d’un diabète de type 2.
20. Des probiotiques en prévention du diabète gestationnel
S’appuyant sur la théorie selon laquelle le microbiote intestinal influence le métabolisme du glucose et des lipides, une revue systématique a cherché à évaluer l’efficacité de l’apport de probiotiques (bactéries et levures) dans l’alimentation sur la prévention du diabète gestationnel, qui survient au cours de la grossesse.
Les essais cliniques examinés n’ont pas permis d’identifier un effet significatif de ces probiotiques sur le risque de diabète. En revanche, des preuves de haute certitude indiquent un risque accru de pré-éclampsie, maladie de la grossesse qui associe une hypertension artérielle et la présence de protéines dans les urines. Si le processus biologique paraissait logique et des études avaient montré un intérêt chez les souris, cela n’implique pas forcément une application de ce traitement chez l’homme s’avère pertinente.
21. Bave d’escargot contre l’arthrose
La bave d’escargot possèderait des propriétés permettant de soulager l’arthrose. Des fabricants de complément alimentaire expliquent que cette bave est riche en allantoïne, en acide glycolique et en vitamines A, C et E, ce qui justifierait son action anti-inflammatoire, hydratante et antioxydante sur l’arthrose. Une étude clinique a été réalisée par un fabricant auprès de vingt-quatre femmes souffrant d’arthrose des mains ou des genoux, mais elle n’a pas respecté les critères méthodologiques de base.
Son argumentation laisse néanmoins croire que ce produit va restaurer une articulation malade en faisant repousser le cartilage, et une entreprise a convaincu Guy Roux, ancien entraîneur de l’équipe de football de l’AJ Auxerre, de faire la promotion de ce produit. Il explique avoir eu des douleurs lombaires, et assure n’avoir plus mal et avoir arrêté les anti-inflammatoires depuis qu’il prend un complément à base de bave d’escargot.
Sa bonne foi à soixante-dix-huit ans n’est pas à remettre en question, mais sa parole n’est clairement pas validée par la science.
22. Un jeu vidéo pour l’arrêt du tabac
Des jeux vidéo prétendent traiter le tabagisme dont on connaît les conséquences à long terme, tant sur la santé et la longévité des fumeurs que sur les dépenses de la sécurité sociale. Une revue systématique publiée en 2020 a évalué les bénéfices et les risques de ces jeux dans le sevrage tabagique à partir de sept études.
Cinq d’entre elles observent des bénéfices pour l’arrêt du tabac sur la base d’éléments déclaratifs des fumeurs. Toutefois, la majorité des études incluses avaient une qualité méthodologique très faible et elles manquaient de mesures à moyen terme sur le maintien de l’arrêt. Si certaines suggèrent le potentiel de ces jeux, trop d’incertitudes pèsent sur leur efficacité. Par ailleurs, aucune donnée n’existe sur leurs risques et leurs effets secondaires.
23. Des plantes médicinales chinoises contre le syndrome des ovaires polykystiques
Dû à un dérèglement hormonal, le syndrome des ovaires polykystiques se caractérise notamment par une hypofertilité (diminution partielle de la fertilité) qui touche 5 à 15 % des femmes en âge de procréer. Les plantes médicinales chinoises étant utilisées depuis longtemps pour la traiter, une revue systématique a cherché à éprouver leur efficacité pour les femmes hypofertiles atteintes de ce syndrome à partir de huit essais randomisés.
Les auteurs n’y ont pas trouvé de preuves cohérentes, convergentes et solides indiquant une influence sur la fécondité, y compris en complément de médicaments. La combinaison médicaments et INM ne marche pas à tous les coups.
24. Le reishi face au risque cardiovasculaire
Le Ganoderma lucidum, plus connu sous le nom de reishi, est un champignon consommé en Asie depuis plus de deux mille ans pour ses propriétés médicinales. Des personnes en Occident commençant à l’utiliser contre les maladies cardiovasculaires, une revue systématique incluant cinq essais randomisés a évalué son efficacité et son innocuité dans le traitement de leurs facteurs de risque spécifiques et modifiables.
Mais tant sur le niveau du cholestérol que sur l’indice de masse corporelle ou le taux de glycémie, les résultats de ces essais ne soutiennent pas l’utilisation du reishi pour traiter le risque cardiovasculaire. D’autant que les auteurs constatent une majoration des effets secondaires à partir du quatrième mois de consommation.
25. Le ginseng contre les troubles de l’érection
Le ginseng est une plante censée favoriser l’érection masculine. Elle aurait aidé des empereurs chinois à pallier les effets de l’âge sur leur virilité, et peut-être même Louis XIV.
Les ginsénosides contenus dans la plante amélioreraient la vasodilatation, la circulation sanguine et l’afflux de sang dans les corps caverneux du pénis après deux à trois semaines de prise quotidienne matinale d’une tisane à base de racines de ginseng rouge (Panax ginseng).
Une revue de littérature a été menée afin de vérifier cette hypothèse sur la dysfonction érectile à partir de neuf essais randomisés contre placebo ou traitement conventionnel. Le ginseng a eu un effet négligeable sur la dysfonction érectile des participants. Bien qu’elle ne présente aucun effet indésirable, les auteurs ont donc conclu à l’inefficacité de cette pratique traditionnelle.
26. L’açaï contre le syndrome métabolique
Palmier tropical, l’açaï produit un fruit pourpre foncé populaire aux États-Unis à des fins de perte de poids. Sa pulpe contient des concentrations élevées de polyphénols (molécules complexes) susceptibles de prévenir le syndrome métabolique, ensemble de signes physiologiques qui accroissent le risque de diabète de type 2, de maladies cardiaques et d’AVC.
Une étude exploratoire chez dix adultes en surpoids avait montré que la prise bi-quotidienne de cent grammes de pulpe d’açaï durant un mois diminuait le taux total de cholestérol. Plus rigoureux méthodologiquement, un nouvel essai randomisé contre placebo a vérifié ces résultats préliminaires sur le métabolisme des lipides et du glucose, le stress oxydatif et l’inflammation au bout de trois mois de consommation d’une boisson à l’açaï (trois cent vingt-cinq millilitres deux fois par jour) chez trente-sept personnes atteintes du syndrome métabolique.
Résultat : aucune modification significative des biomarqueurs du métabolisme des lipides et du glucose.
27. La sauge contre les maux de gorge
La sauge (Salvia officinalis) était utilisée dans l’Antiquité en Grèce et à Rome comme remède botanique, de même que dans les médecines traditionnelles amérindienne et chinoise. Aujourd’hui, on trouve sur Internet des articles la recommandant pour le traitement des maux de gorge.
En infusion ou gargarisme, la sauge aurait des propriétés astringentes et antiseptiques qui les apaisent, et elle aurait aussi des vertus anti-inflammatoires et anti-oxydantes qui soigneraient les pharyngites et amygdalites.
Or, chez l’animal, la plante n’a pas d’effet véritable pour cette indication selon une revue de la littérature. Et sur le plan clinique chez l’homme, aucun essai randomisé n’a été réalisé pour démontrer le bénéfice de la sauge contre les maux de gorge.
28. Le kava contre l’anxiété
Utilisé comme remède traditionnel contre l’anxiété, le kava, plante des îles du Pacifique, a fait l’objet d’une revue systématique afin d’évaluer ses bénéfices face à ce trouble généralisé.
Deux essais contre placebo se sont avérés positifs, et un négatif. L’analyse statistique de ces trois essais réunis (cent trente participants) n’a pas atteint le seuil de significativité. Deux essais randomisés réalisés ensuite par les mêmes chercheurs australiens ne permettent pas non plus de constater une efficacité. Les résultats du premier ont certes révélé une réduction significative de l’anxiété pour le groupe testant un extrait aqueux de kava par rapport au groupe placebo.
Mais sept ans après, leur deuxième essai, réalisé avec une période de suivi plus longue (seize semaines) et davantage de patients (cent soixante-et-onze), montre 17,4 % de rémission pour le groupe kava contre 23,8 % pour le groupe placebo. De quoi se voir recaler comme INM, contrairement à la thérapie MBCT, réellement efficace contre l’anxiété.
29. La biorésonance contre la dépression
La « biorésonance » est une thérapie mixant des théories issues des médecines traditionnelles chinoises et de la physique quantique. Elle se fonde sur l’analyse des énergies émises par les cellules du corps et le « rééquilibrage » d’ondes perturbées par le mode de vie, l’alimentation et l’environnement.
Cette thérapie utilise un appareil qui enregistre des ondes électromagnétiques émises par le corps et les modifie. Une étude roumaine semble montrer des bénéfices chez cent quarante patients présentant un trouble dépressif majeur, mais elle présente de multiples biais : mesure limitée de la dépression, absence de randomisation, publication dans une revue payante pour les auteurs…
Méfiez-vous des apparences dans le secteur de la santé, elles sont souvent trompeuses.
30. La cryothérapie corps entier contre les courbatures musculaires
La cryothérapie corps entier vise à diminuer des problèmes musculaires de type courbature, contracture et crampes par l’exposition à une source de froid extrême entre moins cent et moins cent quatre-vingt-dix degrés durant deux à quatre minutes.
Une méta-analyse incluant quatre essais randomisés a toutefois refroidi les tenants de cette thérapie récente. Les résultats observés sur soixante-quatre hommes physiquement actifs d’un âge moyen de vingt-trois ans ne révèlent pas d’effets statistiques significatifs sur la diminution des scores des courbatures auto-déclarées une, vingt-quatre, quarante-huit et soixante-douze heures après la cryothérapie. Cette dernière pourrait même au contraire aggraver la douleur.