Elles ne se prêtent à aucune étude scientifique, et on les qualifie de médecines alternatives ou parallèles, ou encore de fausse médecine douce. Les praticiens de ces médecines douces se contentent de vanter leurs mérites dans des livres ou sur Internet, avec souvent l’appui de témoignages d’adeptes instrumentalisés, à la valeur anecdotique.
Pour se justifier, leurs créateurs expliquent que leur méthode ne peut pas s’évaluer scientifiquement, qu’elle doit s’adapter à chaque patient. Mais au mieux, ces médecines dites alternatives vous divertiront, sans avoir d’effet sur votre santé, allégeant toutefois votre porte-monnaie.
Il m’est arrivé de constater que des femmes traitées pour un cancer du sein à Montpellier pouvaient dépenser jusqu’à cinq cents euros par mois dans des poudres de perlimpinpin, alors qu’elles auraient pu bénéficier d’INM (Intervention Non Médicamenteuse) efficaces, vraies médecines douces, pour certaines remboursées.
Ces pseudo-médecines vous font surtout courir des risques inconnus, en particulier en cas de co-traitement avec un médicament, un dispositif médical implanté ou une chirurgie. Elles sont donc à éviter.
Sommaire
Access Consciousness Bars
Un Américain, Gary Craig, a développé dans les années quatre-vingt-dix une méthode de soin énergétique non invasive, l’Access Consciousness Bars. Elle libèrerait l’énergie du corps en appuyant sur trente-deux points situés sur le crâne. Les connexions électromagnétiques seraient ainsi réparées. La méthode est censée diminuer l’anxiété et la dépression si l’on en croit ses présentations publicitaires.
L’argumentaire commercial est rodé, et un médecin dont le nom ne s’invente pas, la docteure Hope, assure même sur Internet que la méthode réduit la gravité des symptômes anxieux et dépressifs, respectivement de 84,7 % et de 82,7 %, chez des patients évalués par questionnaire et à l’aide de mesures d’ondes cérébrales qui se mettraient en cohérence optimale. Mais aucune étude sérieuse n’a été publiée dans une revue scientifique pour le prouver.
Autonomous Sensory Meridian Response
L’Autonomous Sensory Meridian Response (ASMR), ou réponse autonome des méridiens sensoriels, est une pratique à la mode aux États-Unis qui consiste à regarder une vidéo d’une trentaine de minutes sur une plateforme numérique. Cette vidéo vise à induire des ressentis sensoriels par des déclencheurs sonores (chuchotements, tapotements, crépitements de cheminée, bruits de pages de livre qui se tournent…) ou visuels (feu dans une cheminée, cascade d’eau…).
Cela ferait apparaître une sensation de chaleur, d’apaisement et de relaxation, mais aucun effet clinique n’a été constaté à ce jour. Regarder un bon film ou une bonne série devrait vous procurer les mêmes sensations.
Baguettes de Perkins
Les baguettes de Perkins ont été inventées et brevetées en 1795 par le médecin américain Elisha Perkins pour leur pouvoir de guérison. Fabriquées dans un alliage métallique original, elles soulageraient notamment les rhumatismes. Un médecin anglais, John Haygarth, a reproduit ce traitement chez des malades souffrant de rhumatisme en utilisant ce genre de baguette. Il a obtenu les mêmes résultats avec deux modèles différents, quatre malades sur cinq déclarant aller beaucoup mieux.
Mais ce chercheur a ainsi dévoilé expérimentalement la supercherie, et a publié en 1800 un ouvrage intitulé : De la curieuse influence de l’imagination sur les fonctions du corps humain.
Biologie totale
Également appelée décodage biologique ou médecine nouvelle germanique, la biologie totale des êtres vivants s’appuie sur la théorie non démontrée de la programmation biologique.
Selon elle, une maladie serait causée par un conflit psychologique touchant une zone précise du cerveau et affectant l’organe qui lui serait relié. Avec la participation active du patient devant relater tous les événements de son existence vécus comme négatifs, une technique de déprogrammation biologique permettrait de résoudre les conflits identifiés comme étant à l’origine de la pathologie. La biologie totale traiterait ainsi toutes les maladies, et notamment le cancer, la sclérose en plaques, l’obésité et la fibromyalgie.
Sauf que sa théorie n’est pas en accord avec les données actuelles de la science. Et il n’existe aucune validation clinique de l’efficacité de cette méthode et de son innocuité, selon l’Inserm.
Fish therapy
La fish therapy, ou fish pédicure, propose au patient de plonger longuement ses pieds dans un bassin accueillant une centaine de poissons, principalement de l’espèce Garra Rufa ou Chin-Chin Tilapia. Ces derniers dévorent les peaux mortes, provoquent des picotements et procurent une sensation de douceur. La méthode est présentée comme une thérapie du psoriasis ou de l’eczéma. Il n’en existe à ce jour aucune validation scientifique et clinique, ce qui doit inciter à la prudence.
D’autant qu’il existe des risques infectieux non négligeables. Les usagers peuvent en effet être contaminés par l’eau du bain, jamais complètement vidée et contenant des déjections des poissons y séjournant en permanence. Or ces animaux sont parfois porteurs de maladies transmissibles à l’homme (les zoonoses), ainsi que de germes humains apportés par les différents utilisateurs.
Étiopathie
L’étiopathie est une pratique manuelle inspirée du reboutement et créée en France par Christian Trédaniel dans les années soixante. Son postulat thérapeutique est de « prioriser la détermination de la cause d’une pathologie plutôt que d’en supprimer directement les effets ». Les indications revendiquées sont les pathologies fonctionnelles principalement ostéo-articulaires, ainsi que de nombreux troubles d’ordre digestifs, génitaux, urinaires et ORL.
Une expertise Inserm signale l’absence d’études et de données probantes permettant de confirmer l’intérêt de l’étiopathie pour une indication, ni de s’assurer de son innocuité. Par ailleurs, elle alerte sur les rares mais possibles évènements indésirables graves inhérents à toute manipulation des vertèbres cervicales, comme des accidents vasculaires, des lésions tendineuses ou des fractures.
Iridologie
L’iridologie est une technique dont l’objectif est d’étudier la partie colorée de l’œil, l’iris, en vue d’apprécier l’état de santé global d’une personne. Ses praticiens, les iridologues, considèrent que chaque secteur de l’iris correspond à un organe.
Rien n’en atteste. L’examen du contexte historique et des principes sous-jacents de l’iridologie révèle une logique fondée sur le principe des correspondances analogiques, base commune à la pensée magique et aux croyances pseudoscientifiques telles que l’astrologie et la chiromancie (lecture des lignes de la main).
On ne dispose encore d’aucune étude scientifique convaincante sur cette pratique.
Manipulateur pelvien
Au XIXe siècle, on pensait que l’hystérie était la conséquence d’un utérus déplacé chez les femmes, ou « utérus errant ». Elle se manifestait par différents symptômes chez les femmes : gonflement de l’estomac, anxiété, désir sexuel, irritabilité, insomnie, évanouissement. Une thérapie mécanique a été inventée sur la base d’un massage pelvien développé par des médecins de l’époque victorienne qui induisaient un « paroxysme hystérique », communément appelé… un orgasme.
Dans l’optique d’épargner aux médecins ce « travail manuel », un praticien ingénieux, le Dr Joseph Mortimer Granville, a créé un dispositif médical électromécanique à vapeur nommé le « manipulateur ». Cet instrument portatif permettait aux femmes de se faire des « massages » à domicile, et ainsi de soigner leur « utérus errant ». Ces médecins ont certes découvert l’ancêtre du vibromasseur, mais ce produit ne fait plus partie du domaine de la santé.
Masque à la fiente de rossignol
Aux États-Unis, une crème pour le visage nommé « Geisha » a fait beaucoup de bruit dans les médias en raison de ses supposées vertus régénérantes pour la peau. Son ingrédient phare : la fiente de rossignol. Ce soin s’appuie sur une pratique ancestrale des courtisanes japonaises dont la peau souffrait du haut niveau de plomb de leur maquillage blanc.
Avant d’être appliquée sur le visage, la fiente d’oiseau a été nettoyée sous une lumière à UV et mélangée à du son de riz, un exfoliant naturel. Il faut ensuite patienter une heure après application sur le visage pour laisser agir ses propriétés régénérantes.
Mais pour l’heure, son efficacité n’a pas été scientifiquement prouvée par la moindre étude. Ce produit reste donc cosmétique, et ne rentre pas dans les cosméceutiques, une des catégories des INM.
Méthode Rebirth
La méthode Rebirth a été créée dans les années soixante par un Californien, Léonard Orr. Des « thérapeutes » non diplômés et non formés à la santé utilisent leur pouvoir de suggestion et mettent sous emprise des patients au moyen de faux souvenirs d’inceste ou de viol commis par des ascendants « révélés » par le thérapeute. Une séance de Rebirth consiste à respirer sans arrêt durant une heure, en prenant soin de n’effectuer aucune pause entre inspiration et expiration. En vogue dans les pays anglo-saxons, cette pratique compte plus de huit cents victimes.
Un de ses praticiens a été condamné pour abus de faiblesse par le tribunal correctionnel de Paris le 12 juin 2012. Aucune étude clinique n’a évalué la méthode Rebirth.
Placenta de mouton
Les cosmétiques surfent décidément sur la vague des produits naturels supposés bons pour la santé en repoussant les limites de l’imaginable afin de prétendre contrecarrer les effets du temps. L’un des derniers produits anti-âge dans le vent est le placenta de mouton.
Son usage cosmétique a pour origine les prétendus bienfaits de la consommation de placenta pour les jeunes mamans (prévention de la dépression post-partum, bénéfices sur la lactation…). Une pratique courante en Chine qui s’est rapidement répandue aux États-Unis, donnant des idées à certains vendeurs de crème. En résulte un soin antivieillissement notamment adopté par Victoria Beckham, qui en est devenue une véritable ambassadrice.
Elle non plus n’a pas besoin de s’appuyer sur la science pour croire en un produit miracle, le prix du pot de crème, deux cent cinquante euros, suffisant sans doute à justifier sa grande valeur. Une lubie parmi tant d’autres par les temps qui courent.
Sperme de taureaux
Très demandé dans un célèbre salon de beauté londonien, un soin capillaire à base de sperme de taureau serait le « viagra des cheveux ».
La lotion aurait le pouvoir de revitaliser ces derniers par sa formule naturelle riche en protéines. L’application dure quarante-cinq minutes, commençant par un shampooing avant que le coiffeur ne vous masse le cuir chevelu avec la semence bovine. Un passage sous le casque chauffant favoriserait sa pénétration. Hélas, au-delà de l’argumentaire marketing, aucune étude n’a démontré d’effet sur la chute des cheveux.
Le soin coûte en revanche entre soixante-quatre et cent euros.
Sylvothérapie
La sylvothérapie, ou Forest Bathing en anglais, est une pratique de bain japonaise relevant en fait d’une immersion en forêt, le Shinrin-Yoku.
Elle propose de guérir le stress par une approche reliant le patient à un arbre, et affiche son sérieux à travers une « formation certifiée » en France par un maître japonais. Il aurait publié une étude démontrant l’efficacité de sa méthode. Or ce n’est pas le cas. Malgré les affirmations propagées sur Internet par certains adeptes directement intéressés, aucune étude ne démontre de bénéfice de cette pratique sur la santé.
Méfiez-vous, une publication dans une revue scientifique peut être bien autre chose que le compte rendu objectif d’un essai vérifiant les bénéfices, les risques et la tolérance d’une thérapie.
Trans-communication hypnotique
La trans-communication hypnotique, ou TCH, est une pratique conçue par le docteur Jean-Jacques Charbonier, censée apaiser les souffrances d’un deuil et les angoisses de mort en provoquant des états de conscience modifiés par l’hypnose.
Le patient pense avoir été en contact avec un ou plusieurs défunts et se sent apaisé face à son angoisse de mort et la perte d’un être cher. La TCH mélange méditation, hypnose, transcendance et mysticisme, le tout animé par un médecin charismatique. Les participants sont subjugués, les témoignages sur Internet affluent. Le médecin développe une gamme de produits dérivés de la méthode, ateliers de formation, enregistrements, livres.
Mais pour l’instant, aucune étude clinique n’a été publiée dans une revue scientifique permettant d’attester d’un quelconque effet de la TCH sur la santé.
Urinothérapie
La thérapie par l’urine, également appelée urinothérapie ou amaroli, consiste à boire son propre liquide biologique. C’est une pratique de la médecine ayurvédique s’appuyant sur le principe de pharmacologie inversée.
Un ouvrage relate des guérisons de différents problèmes de santé, avec un titre ambitieux : La thérapie par l’urine : l’élixir de la nature pour une bonne santé. Ce traitement serait bon pour l’acné, l’asthme, la chute des cheveux, les indigestions, les migraines ou les rides. Aucune étude n’est venue toutefois corroborer ces observations, ou plutôt ces supputations. Au regard des connaissances scientifiques actuelles, mieux vaut donc s’abstenir.