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Le problème de santé
Le tabac cause soixante mille décès par an en France, soit plus d’une mort sur neuf. Au-delà de cette issue fatale et prématurée, ses méfaits sont innombrables : cancer du poumon, cancer du sein, bronchopneumopathie chronique obstructive, maladie cardiovasculaire, accident vasculaire cérébral mais aussi altération de la peau, du moral et de la libido. Autant de raisons d’arrêter de fumer.
L’étude de référence
Une méta-analyse a évalué l’hypnothérapie spécialisée dans le sevrage tabagique en incluant des essais randomisés la comparant à l’absence de traitement ou à une autre intervention thérapeutique. L’un démontre un bénéfice statistiquement significatif par rapport à l’absence d’intervention. Les autres montrent un bénéfice équivalent aux interventions classiques que sont les thérapies cognitivo-comportementales (deux essais) et les médicaments (deux essais). Et aucun événement indésirable n’a été noté.
Descriptif de la méthode
Programme d’hypnothérapie dédié au sevrage tabagique, la méthode de David Spiegel comporte trois phases. La première, l’induction, focalise l’attention du patient sur un point de vision et la voix du thérapeute. Le patient rentre ainsi dans une forme de relaxation qui éveille ses sens, assouplit ses certitudes, s’ouvre à la suggestibilité et favorise son indifférence aux stimuli du monde extérieur. La phase de travail vise ensuite à modifier ses sensations, ses perceptions et ses gestes à l’égard du tabac à partir de suggestions et d’exercices pouvant renvoyer à des moments où il a l’habitude de fumer. En aiguisant le sens critique et la sensorialité, l’hypnothérapeute suscite une nouvelle approche du tabac qui n’apparaît plus comme un plaisir. Le fumeur se concentre sur trois pensées : « fumer est un poison pour mon corps », « mon corps est essentiel pour vivre » et « pour vivre, je dois respecter et protéger mon corps ». La dernière phase accompagne le patient à un retour à l’état normal d’éveil.
Les mécanismes d’action
L’état dit d’hypnose est un état modifié de conscience, situé entre la veille et le sommeil. Il permet d’accroître la vigilance et la concentration en rendant particulièrement réceptif aux suggestions du thérapeute qui peut s’adresser à des niveaux non conscients du patient. Celui-ci garde toutefois sa lucidité et reste conscient de ses actes. Les suggestions mobilisent ses ressources internes pour réduire certains symptômes et accomplir des objectifs de vie. Une étude expérimentale a confirmé l’action de la suggestion hypnotique sur l’envie de fumer. À l’aide d’une IRM, les chercheurs ont observé que l’envoi de signaux sur le tabagisme pendant l’hypnose augmente la connectivité de certaines zones du cerveau. Cette observation suggère que la diminution de l’envie de fumer via des suggestions hypnotiques d’aversion provient de la régulation descendante du cortex préfrontal latéral dorsal droit vers l’insula gauche.
Bénéfices
Des études montrent des taux d’arrêt de tabac de 20 à 35 % avec la méthode de Spiegel. Et dans un essai randomisé réalisé sur cent soixante-quatre personnes hospitalisées pour une maladie cardiaque ou pulmonaire, les groupes d’hypnothérapie se sont révélés trois fois plus abstinents que ceux ayant utilisé des substituts nicotiniques après vingt-six semaines.
Quels sont les risques ?
L’hypnothérapie pour l’arrêt du tabac est généralement sans danger si elle est dispensée par un professionnel qualifié. Certaines personnes peuvent néanmoins se plaindre temporairement d’anxiété, de maux de tête, de vertiges ou de somnolence. Environ 10 % de personnes sont très résistantes à l’hypnose. Elles ne pourront le constater qu’après avoir essayé, à moins de tomber sur un médecin généraliste connaissant le sujet.
Conseils pratiques
Si une séance peut fréquemment s’avérer efficace, deux autres de soutien peuvent être utiles dans le mois qui suit pour consolider les acquis.
À qui s’adresser ?
Le statut d’hypnothérapeute n’étant pas réglementé, les avis de patients sont précieux. Demander à un praticien des informations sur sa pratique et sa formation aide aussi à se faire une première idée. N’hésitez pas à en parler à un tabacologue.