Dans une étude récente publiée dans La santé régionale du Lancet, les chercheurs ont étudié l’association entre la consommation d’aliments ultra-transformés (UPF) et le risque de multimorbidité due au cancer, aux maladies cardiovasculaires et au diabète de type 2.
Étude: Consommation d’aliments ultra-transformés et risque de multimorbidité liée au cancer et aux maladies cardiométaboliques : une étude de cohorte multinationale. Crédit d’image : Daisy Daisy/Shutterstock.com
Sommaire
Arrière-plan
Au cours des deux dernières décennies, le nombre de personnes atteintes de multiples maladies chroniques a considérablement augmenté, en particulier dans les pays à revenu élevé. Elle émerge désormais dans les régions à revenus faibles et intermédiaires.
En Europe, environ 50 millions de personnes souffrent de multimorbidité, définie comme étant atteintes d’au moins deux maladies chroniques. Cette condition entraîne une diminution de la qualité de vie, un handicap, un déclin fonctionnel et des coûts de santé élevés. L’identification des facteurs de risque évitables est essentielle pour atténuer son impact.
L’augmentation mondiale de la consommation d’UPF, qui représente 50 à 60 % de l’apport énergétique quotidien dans certains pays, est alarmante. Les UPF sont fabriqués industriellement, souvent sous forme d’aliments emballés comme des céréales, des biscuits, de la viande reconstituée, des nouilles instantanées et des boissons sucrées.
Des études établissent un lien entre la consommation d’UPF et des risques plus élevés de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2, de cancer et d’obésité, un facteur de risque potentiel de multimorbidité. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre comment la consommation d’aliments ultra-transformés contribue à la coapparition de maladies chroniques majeures telles que le cancer, les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2, compte tenu de leur prévalence croissante et de leurs facteurs de risque partagés.
À propos de l’étude
Lancée entre 1992 et 2000, l’étude européenne prospective sur le cancer et la nutrition (EPIC) a impliqué environ 520 000 participants provenant de 23 centres répartis dans 10 pays européens.
L’étude ciblait principalement des volontaires adultes âgés de 35 à 74 ans et, notamment, les données démographiques des participants variaient selon les centres ; par exemple, en Norvège, à Utrecht, en France et à Naples, seules les femmes ont été inscrites, et des groupes spécifiques tels que les employés des écoles publiques en France et les membres des associations locales de donneurs de sang en Italie et en Espagne ont été inclus. La cohorte d’Oxford au Royaume-Uni (RU) était distincte, la moitié de ses participants suivant un régime végétarien ou végétalien.
Pour cette étude, après avoir exclu les données de France, de Grèce et de Norvège et éliminé les participants souffrant de maladies préexistantes comme le cancer ou les maladies cardiovasculaires, une cohorte finale de 266 666 participants a été constituée, composée à 60 % de femmes. Les participants ont subi des suivis réguliers tous les 3 à 4 ans pour les mises à jour majeures sur la maladie.
L’approbation éthique de l’étude est venue du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et des comités d’examen institutionnels de chaque centre EPIC, et les participants ont fourni un consentement éclairé écrit.
Leurs habitudes alimentaires au cours de l’année précédente ont été enregistrées avec précision à l’aide de questionnaires de fréquence alimentaire spécifiques à chaque pays, qui ont ensuite été classés en différents groupes alimentaires. Un aspect essentiel de cette classification consistait à utiliser le système de classification des aliments Nova pour identifier les UPF.
L’étude a précisément collecté des données sur les facteurs sociodémographiques et de style de vie des participants, notamment le niveau d’éducation, le statut tabagique, l’activité physique, le statut ménopausique et la consommation d’hormones. L’indice de masse corporelle (IMC) a été calculé à partir de la taille et du poids mesurés.
Pour garantir l’exactitude des données, une approche rigoureuse a été adoptée, comprenant une analyse complète des cas et un minimum de données manquantes. Les résultats, comme l’incidence du cancer et les maladies cardiovasculaires, ont été vérifiés grâce aux registres du cancer, aux dossiers médicaux et aux données hospitalières.
Des modèles multivariés sophistiqués de risque proportionnel de Cox ont été utilisés pour l’analyse, en ajustant des facteurs tels que la consommation d’énergie et d’alcool et l’activité physique.
L’étude a également mené des analyses détaillées de sous-groupes sur les UPF et leur lien avec la multimorbidité, ainsi que des analyses de sensibilité approfondies. Même si les participants n’étaient pas impliqués dans la définition des questions ou des résultats de la recherche, il était prévu de diffuser les résultats publiquement.
Résultats de l’étude
La présente étude approfondie a analysé 266 666 participants, dont 60 % étaient des femmes. Les caractéristiques de base ont révélé que les femmes et les hommes consommaient respectivement en moyenne 326 g/jour et 413 g/jour d’UPF, hors boissons alcoolisées.
Cet apport représentait environ un tiers de leur apport calorique quotidien. Sur une période de suivi médiane de 11,2 ans, 4 461 participants ont développé une multimorbidité impliquant un cancer et des maladies cardiométaboliques. Les schémas de multimorbidité les plus fréquemment observés étaient le cancer chez les personnes atteintes d’une maladie cardiovasculaire, suivi du cancer chez les personnes atteintes de diabète de type 2 et du diabète de type 2 chez les personnes atteintes d’une maladie cardiovasculaire.
Le modèle Cox ajusté multivariable de l’étude a mis en évidence une association positive entre une consommation plus élevée d’UPF (par incrément d’un écart type (SD), environ 260 g/jour) et le risque de développer une multimorbidité, même après ajustement en fonction de l’IMC.
Ces résultats étaient cohérents lors des transitions entre le niveau de référence et la multimorbidité, avec des tendances similaires observées pour les maladies non transmissibles (MNT) individuelles comme le cancer, les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2. L’association était particulièrement forte pour le diabète de type 2, bien qu’elle soit légèrement atténuée après un ajustement supplémentaire en fonction de l’IMC.
Une analyse approfondie des sous-groupes UPF a révélé que les produits d’origine animale et les boissons artificiellement sucrées étaient associés positivement au risque de multimorbidité. À l’inverse, les pains et céréales ultra-transformés ont montré une association inverse, quoique avec une certaine incertitude.
Les autres sous-groupes UPF, notamment les sucreries, les desserts, les collations salées et les plats composés prêts à manger, n’étaient pas significativement corrélés au risque de multimorbidité.
La vitalité de ces résultats a été confirmée par diverses analyses de sensibilité qui comprenaient des ajustements pour différents facteurs, tels que l’inclusion de boissons alcoolisées ultra-transformées et de produits d’origine animale. Il est intéressant de noter que les associations observées étaient quelque peu atténuées lorsqu’on tenait compte de la consommation de boissons gazeuses ou que l’on se concentrait sur la proportion calorique des UPF dans l’alimentation.
Ces analyses de sensibilité soulignent la complexité de la relation entre la consommation d’UPF et la multimorbidité et soulignent la nécessité d’une meilleure compréhension des impacts alimentaires sur la santé.
Conclusion
Dans l’ensemble, l’étude présente un examen approfondi de l’association entre la consommation d’UPF et le risque de multimorbidité, offrant ainsi des informations précieuses sur les impacts potentiels de ces aliments sur la santé.
La nature exhaustive de l’analyse, comprenant divers sous-groupes et tests de sensibilité, contribue de manière significative à la compréhension actuelle des risques pour la santé liés à l’alimentation.
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