Une étude récente publiée dans le BMJ explore l’impact du mode de vie et des conditions de santé sur la prévalence et l’incidence du déclin cognitif.
Étude: La durée du sommeil, le chronotype, la santé et les facteurs liés au mode de vie affectent la cognition : une étude transversale de la UK BiobankCrédit photo : Stock-Asso / Shutterstock.com
Sommaire
Comment le sommeil affecte-t-il la cognition ?
Alors que le vieillissement de la population continue de croître partout dans le monde, le déclin cognitif représente un défi de santé publique important.
Le sommeil est essentiel à la santé et à la survie de l’être humain. En effet, un sommeil adéquat est nécessaire pour rétablir le métabolisme normal des tissus corporels, consolider les souvenirs, apprendre, réguler les émotions et assurer la fonction immunitaire.
La qualité et la durée du sommeil influencent le risque de déclin cognitif, les durées de sommeil longues ou courtes étant associées à une diminution des capacités cognitives. Une qualité de sommeil réduite est également associée à un risque accru de maladie neurodégénérative, de dysfonctionnement métabolique, de maladie auto-immune et de maladie vasculaire. Ces effets pourraient être attribués à la neuroinflammation, à l'activation du système du complément, à une mauvaise fonction d'apprentissage et de mémoire et à une altération de l'apprentissage hippocampique.
Les chronotypes, ou habitudes de sommeil, indiquent à quelle heure un individu préfère naturellement dormir. Tout comme la qualité et la durée du sommeil, le chronotype d'un individu est également un facteur déterminant dans son risque de troubles cognitifs ; cependant, ces associations restent floues.
À propos de l'étude
Les données de l'étude actuelle ont été obtenues à partir de la base de données Biobank du Royaume-Uni. Au total, 26 820 personnes âgées de 53 à 86 ans ont été incluses dans l'analyse.
Les performances cognitives de tous les participants à l’étude ont été évaluées et comparées aux facteurs liés au sommeil, à la santé et au mode de vie, notamment le sexe, l’âge, les maladies cardiovasculaires, le diabète, la consommation d’alcool, le tabagisme et l’indice de masse corporelle (IMC).
Les participants à l'étude ont été répartis en deux cohortes comprenant respectivement environ 10 000 et 16 700 individus dans les cohortes 1 et 2. L'âge moyen des deux cohortes était d'environ 70 ans.
Les participants à l'étude de la première cohorte ont passé quatre tests, dont les tests d'intelligence fluide/raisonnement, de mise en correspondance par paires, de temps de réaction et de mémoire prospective. La deuxième cohorte n'a passé que les tests de mise en correspondance par paires et de temps de réaction, et leurs performances cognitives ont été analysées séparément.
Le niveau d’éducation, l’activité physique et d’autres paramètres importants n’étaient pas disponibles pour tous les participants, ce qui a conduit à leur exclusion de l’analyse.
Qu'a montré l'étude ?
La durée normale du sommeil est comprise entre sept et neuf heures. Dans l’étude actuelle, les individus de la première cohorte ayant des durées de sommeil normales avaient des scores cognitifs plus élevés que ceux qui dormaient moins longtemps. Cependant, des durées de sommeil anormalement longues étaient associées à des scores cognitifs plus faibles dans les deux cohortes par rapport aux personnes ayant des habitudes de sommeil normales.
Le sommeil a une fonction réparatrice et protectrice sur la cognition en éliminant les métabolites toxiques du système nerveux central.”
Les chronotypes intermédiaires et du soir étaient associés à une meilleure fonction cognitive dans les deux cohortes. Cependant, l'augmentation des types intermédiaires vers les types du soir était plus notable dans la cohorte 2. Aucune association n'a été observée pour l'insomnie.
L’âge et le sexe ont tous deux un impact significatif sur la fonction cognitive, les personnes âgées et les femmes présentant des scores cognitifs inférieurs à ceux des individus plus jeunes et des hommes, respectivement. La présence d’angine et d’hypertension était également associée à des scores inférieurs dans la première cohorte, tandis que le diabète était plus susceptible d’être présent chez les individus présentant des scores cognitifs inférieurs dans les deux cohortes.
Les buveurs quotidiens avaient des scores cognitifs inférieurs à ceux des buveurs non-fumeurs ou occasionnels, ainsi qu’à ceux ayant un niveau de consommation intermédiaire. De même, les fumeurs actuels et anciens avaient des scores inférieurs dans les cohortes 1 et 2, respectivement, par rapport aux non-fumeurs.
Conclusions
Différents facteurs contribuent à la variation des performances cognitives avec l'âge. La durée du sommeil semble être l'une des variables les plus importantes, le sommeil long ou court ayant une incidence sur la cognition.
Les résultats de l’étude précisent comment les rythmes circadiens, spécifiques à chaque individu, ont un effet significatif sur la cognition. À l’adolescence, les chronotypes du matin sont associés à une meilleure santé. En revanche, les chronotypes du soir et intermédiaires dans l’étude actuelle étaient associés à une cognition supérieure.
Avec l'âge, le chronotype joue un rôle différent dans les capacités cognitives. Cela peut s'expliquer par le fait que le type de sommeil matinal n'est pas avantageux pour la cognition à mesure que l'on vieillit.
La qualité du sommeil n’était pas liée aux performances cognitives, ce qui ne concorde pas avec les études précédentes. Cela peut être dû à la nature large du paramètre utilisé.
Pris ensemble, les chronotypes, la durée du sommeil, les conditions de santé et les facteurs liés au mode de vie forment un réseau complexe d’influences sur les capacités cognitives au fil du temps. Ces associations devraient être explorées plus en détail dans le cadre d’études plus vastes et plus diversifiées, utilisant des mesures du sommeil plus objectives et prenant en compte d’autres facteurs tels que le niveau d’éducation, l’activité physique, la dépression et l’isolement.
D’autres recherches et pratiques devraient se concentrer sur la promotion d’interventions visant à améliorer les habitudes de sommeil dans la population générale..”