Une étude publiée dans la revue Communications naturelles constate que l’infection par la variole du singe (MPOX) induit une réponse en anticorps antiviraux similaire à celle de la vaccination contre la variole.
Étude : Les individus infectés par le virus Monkeypox développent des réponses immunitaires humorales comparables à celles des individus vaccinés contre la variole. Crédit d’image : FOTOGRIN/Shutterstock
Sommaire
Arrière-plan
MPOX est un virus zoonotique appartenant au genre Orthopoxvirus. Les autres membres de ce genre comprennent le virus de la vaccine, le virus variolique et le virus cowpox. Le virus variolique est l’agent pathogène responsable de l’infection par la variole, et le virus de la vaccine est l’épine dorsale de la plupart des vaccins contre la variole.
Après l’éradication mondiale du virus de la variole en 1980, la vaccination systématique contre la variole avec le virus de la vaccina a été interrompue dans le monde entier. En raison de la diminution de l’immunité vaccinale au fil du temps, la population mondiale reste exposée au risque d’infection par le poxvirus. Le risque est encore plus élevé pour les personnes nées après 1980 et qui n’ont donc pas pu être vaccinées contre la variole.
Le virus MPOX était initialement endémique uniquement aux pays d’Afrique centrale et occidentale. Début 2022, un certain nombre de cas de MPOX sans antécédents de voyage vers des régions endémiques de MPOX ont été détectés au Royaume-Uni. Par la suite, des cas similaires ont également été identifiés dans d’autres pays non endémiques, notamment aux États-Unis. À ce jour, plus de 80 000 cas d’infection au MPOX ont été détectés dans le monde, la majorité étant identifiée parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
Pour contrôler les récentes épidémies d’infection MPOX, les agences de santé publique du monde entier ont proposé des vaccins contre la variole, tels qu’IMVANEX et ACAM2000, aux populations à haut risque. Selon la littérature disponible, les anticorps induits par ces vaccins restent détectables jusqu’à 35 ans après la vaccination.
Dans cette étude, les scientifiques ont déterminé et comparé la réponse en anticorps et la reconnaissance des antigènes induites par l’infection MPOX et la vaccination contre la variole. Plus précisément, ils ont développé une gamme complète de tests immuno-enzymatiques (ELISA) pour étudier les anticorps induits par le poxvirus en utilisant 24 antigènes recombinants du virus MPOX et 3 du virus de la vaccine.
Reconnaissance d’antigène
Des échantillons de sérum prélevés sur des individus vaccinés contre la variole ou infectés par MPOX ont été testés à l’aide d’un ensemble de 27 antigènes de poxvirus. Les résultats ont révélé qu’une dose unique du vaccin IMVANEX induisait de faibles titres d’anticorps contre un nombre limité d’antigènes MPOX. Cependant, le titre d’anticorps contre un certain nombre d’antigènes MPOX et vaccinaux a augmenté avec l’augmentation des doses de vaccin. Dans l’ensemble, les vaccins antivariolique IMVANEX et ACAM2000 ont induit des réponses anticorps similaires contre les antigènes testés.
Les individus ayant déjà été infectés par MPOX ont montré des réponses anticorps similaires à divers antigènes du poxvirus que les individus vaccinés contre la variole. Aucune différence dans la reconnaissance des antigènes n’a été observée entre les individus infectés par MPOX avant et pendant les épidémies de 2022.
Pour identifier les marqueurs sérologiques spécifiques de l’infection MPOX et de la vaccination contre la variole, une analyse en composantes principales a été réalisée à l’aide de données de liaison des anticorps aux antigènes testés. L’antigène MPOX A27 a été identifié comme le marqueur le plus spécifique de l’infection MPOX et de la vaccination ACAM2000. En revanche, l’antigène MPOX M1 a été identifié comme le marqueur le plus spécifique de la vaccination IMVANEX.
Réactivité sérologique spécifique
Les scientifiques ont exploré la capacité des antigènes individuels à distinguer les individus infectés par MPOX ou vaccinés contre la variole. Une réponse en anticorps significativement plus élevée contre l’antigène MPOX A27 a été observée chez les individus infectés par MPOX et vaccinés contre l’ACAM2000 par rapport aux témoins négatifs. En revanche, une réponse anticorps significativement plus élevée contre l’antigène M1 n’a été observée que chez les individus vaccinés par IMVANEX. Une analyse plus approfondie a révélé que la liaison des anticorps aux antigènes MPOX ou de la vaccine dépend principalement de l’exposition initiale à l’antigène.
Réponse des anticorps à la vaccination IMVANEX et à l’infection MPOX
Des échantillons de sérum prélevés auprès d’individus vaccinés par IMVANEX au départ (avant la vaccination) et à plusieurs moments après la vaccination ont été analysés pour évaluer la réponse anticorps à long terme aux antigènes testés.
Les résultats ont révélé que même si la réponse en anticorps était minime après la première dose, les anticorps générés 14 jours après la deuxième dose étaient capables de se lier à neuf antigènes. Parmi les antigènes testés, l’antigène MPOX B2 a montré une sensibilité de 91 % et une spécificité de 87 % dans l’identification des échantillons post-vaccination.
L’antigène MPOX A27 a montré une sensibilité de 91 % et une spécificité de 98 % dans la détection des échantillons infectés par MPOX. L’antigène MPOX M1 a montré une sensibilité de 63 % et une spécificité de 98 % dans l’identification des échantillons vaccinés par IMVANEX.
Les tests d’antigènes individuels ont révélé que les antigènes dominants reconnus par les sérums infectés par MPOX et vaccinés contre la variole étaient très similaires. D’autres expériences menées en utilisant un pool de ces antigènes ont révélé que l’ELISA d’antigènes groupés avait une sensibilité de 96 % et une spécificité de 98 % dans la détection des anticorps anti-pan-poxvirus.
Importance de l’étude
L’étude démontre une liaison antigénique humorale analogue entre les individus ayant déjà été infectés par MPOX et ceux vaccinés contre la variole. Un test ELISA d’antigènes groupés hautement sensible et spécifique développé dans l’étude est capable de mesurer avec précision les réponses immunitaires à l’infection MPOX ou à la vaccination contre la variole sans avoir besoin d’ELISA sur virus entier ou de neutralisation de virus vivants.