Une première évaluation paneuropéenne révèle que, même si les politiques climatiques actuelles parviennent à limiter la hausse de la température mondiale à 3°C, la mortalité liée aux températures pourrait augmenter. Sans mesures d’adaptation supplémentaires, 55 000 décès supplémentaires pourraient survenir chaque année d’ici la fin du siècle. Cette augmentation de 13,5 % des décès liés aux températures souligne le coût du retard dans l’action climatique.
Les résultats de l’évaluation révèlent également des disparités dans la mortalité liée à la température à travers l’Europe, les décès liés au froid se produisant actuellement 2,5 fois plus fréquemment à l’est qu’à l’ouest, et les décès liés à la chaleur étant plus de six fois plus fréquents dans le sud que dans le nord.
Il est à noter que les décès liés au froid sont largement plus nombreux que ceux liés à la chaleur : à l’heure actuelle, le ratio approximatif est de 8,3 pour 1. Mais à mesure que le réchauffement climatique se poursuit, les projections montrent une augmentation des décès liés à la chaleur portant ce ratio à 2,6 contre 1 pour une augmentation de la température de 4 °C.
Les principaux facteurs à l’origine d’un tel changement sont de deux ordres : les changements climatiques et démographiques.
L'étude, dirigée et co-écrite par des scientifiques du JRC, examine la surmortalité actuelle et future causée par le changement de température dans 1 368 régions européennes réparties dans 30 pays : l'UE27, la Norvège, la Suisse et le Royaume-Uni. Elle prend en compte les caractéristiques spécifiques à l'âge et les vulnérabilités socio-économiques et environnementales locales.
Selon l'étude, la mortalité totale imputable aux températures excessivement chaudes ou froides s'élève actuellement (période de référence 1991-2020) à 407 000 décès par an en Europe. Quelque 363 500 personnes meurent chaque année du froid, tandis que 43 700 meurent de chaleur excessive.
Selon les projections, dans un scénario de réchauffement de 3°C, la mortalité liée à la chaleur pourrait tripler par rapport à aujourd’hui. Si les décès liés à la chaleur augmenteraient dans toutes les régions, les régions du sud de l’Europe devraient être les plus touchées.
Dans le scénario de réchauffement de 3°C, les décès liés à la chaleur augmenteraient chaque année en Grèce de 1 730 aujourd'hui à 4 767, en France de 3 061 à 13 564, en Italie de 10 433 à 28 285 et en Espagne de 4 414 à 20 194, selon l'étude.
Avec un réchauffement de 3°C, les effets combinés des changements climatiques et démographiques pourraient entraîner 14,9 décès supplémentaires par an pour 100 000 personnes en Europe (de 98,7 pour la période 1991-2020 à 113,6 en 2100). Cependant, l'impact varie considérablement selon les régions, allant d'une diminution de 29 décès en Lettonie à une augmentation de 95 décès à Malte.
Les points chauds où le risque de mortalité liée à la chaleur est élevé
Les endroits présentant une susceptibilité légèrement plus élevée, comme le vieillissement, une augmentation plus importante des risques due au réchauffement ou une combinaison des deux, devraient entraîner un risque de mortalité plus élevé à court terme.
D’ici 2050, les points chauds européens seront principalement concentrés dans le sud, notamment dans des régions d’Espagne, d’Italie et de Grèce, mais concerneront également une partie substantielle de la France. Les régions de l’est de l’Europe seront confrontées à un réchauffement plus intense, mais le risque de mortalité lié à la chaleur sera atténué par la baisse substantielle prévue de la mortalité totale.
Dans le nord de l’Europe, les étés seront plus chauds, mais pas mortels. Ces régions deviendront plus vulnérables aux chaleurs extrêmes en raison du vieillissement de la population.
Les données probantes peuvent aider les décideurs politiques et les autorités à prendre des mesures face aux défis sans précédent auxquels sont confrontés les systèmes de santé publique, en particulier pendant les périodes de chaleur et de froid extrêmes, en donnant la priorité aux zones et aux communautés les plus vulnérables.