Sommaire
Le problème de santé
Environ cent quarante mille personnes sont victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC) tous les ans en France, dont 75 % ont plus de soixante-cinq ans, avec une proportion supérieure d’hommes. Une personne sur six aura un AVC dans sa vie. La maladie couvre un ensemble de problèmes physiopathologiques se manifestant par l’apparition d’un déficit neurologique dû à des lésions cérébrales d’origine vasculaire (ischémique en cas d’obstruction d’une artère cérébrale pour 80 % des cas, hémorragique en cas de rupture d’un vaisseau sanguin cérébral dans 20 % des cas). Première cause de mortalité en France, l’AVC engendre aussi une fois sur deux des séquelles pouvant être importantes et handicapantes si elles touchent certaines zones du cerveau : la motricité, la sensibilité, le langage, la vision ou l’attention. La rééducation qui suit l’AVC est donc primordiale.
Les études de référence
Une méta-analyse a testé l’efficacité d’un serious game (jeu vidéo combinant une intention sérieuse de santé à des ressorts ludiques) pour la rééducation motrice d’un membre supérieur sur la base de soixante-et-une études. Les auteurs constatent un effet significatif sur des indicateurs moteurs. Par ailleurs, un essai randomisé français a évalué l’intérêt d’un serious game, nommé MediMoov, dans la récupération sensori-motrice et la fonctionnalité du membre supérieur après un AVC subaigu sans déficience cognitive majeure chez cinquante-et-un patients de cinquante-huit ans en moyenne. En complément d’un programme de rééducation habituel, les participants ont eu soit de l’ergothérapie conventionnelle, soit une variante basée sur le serious game. Et bien qu’ils ne notent pas de différence entre ces interventions en termes de récupération sensorimotrice à long terme, les auteurs concluent à une meilleure efficacité du serious game lorsqu’il est proposé dans le mois suivant la survenue de l’AVC, à la fois sur la récupération sensorimotrice à court terme et la fonction de préhension globale (capacité de saisir un objet).
Descriptif de la méthode
MediMoov est un jeu vidéo de rééducation basé sur le mouvement. Personnalisé selon les capacités de chaque patient, il invite à réaliser des mouvements utiles à la rééducation motrice affichés sur un téléviseur en temps réel sans avoir à utiliser de manette, des capteurs étant tenus dans les mains ou placés sur le corps. De petits jeux permettent par exemple de tirer sur des bateaux pirates, de cueillir des fleurs dans un champ ou de préparer un plat. L’INM comprend cinq sessions de quarante-cinq minutes hebdomadaires durant six semaines. Elle peut débuter en hospitalisation post-AVC et être ajustée par le médecin et le praticien selon les progrès réalisés.
Les mécanismes d’action
Un serious game stimule les capacités motrices et cognitives des participants, en utilisant différentes voies neuro-motrices. Par la capture en temps réel des mouvements, MediMoov rend les gestes de rééducation plus sûrs et plus ludiques, donc plus motivants. Immergé dans son jeu, on se concentre sur des objectifs anatomiquement pertinents et on a tendance à oublier ses freins internes (perte de confiance en soi, peurs, douleurs, dysfonctionnements moteurs…).
Bénéfices
Un essai similaire à l’étude française obtient des résultats presque identiques, mais meilleurs aux tests neuro-moteurs et d’autonomie fonctionnelle.
Quels sont les risques ?
Une douleur peut survenir lors de mouvements de rééducation répétés. Sa fréquence semble moins importante si les mouvements sont supervisés par un praticien. Dans l’essai randomisé, une douleur à l’épaule est survenue chez quatre patients du groupe MediMoov, contre sept dans le groupe contrôle.
Conseils pratiques
Le serious game ne doit pas remplacer la rééducation traditionnelle des dysfonctionnements neuro-moteurs dus à un AVC, mais seulement la compléter par son volet ludique et motivant.
À qui s’adresser ?
Prescrite par un médecin, l’INM doit être supervisée par un ergothérapeute, un kinésithérapeute, un psychomotricien ou un enseignant en activité physique adaptée.