Une étude publiée dans la revue Bulletin sur la schizophrénie souligne que les facteurs de risque génétiques de la schizophrénie peuvent augmenter la possibilité de ressentir des symptômes psychotiques subcliniques liés au cannabis chez les consommateurs réguliers de cannabis.
Étude: Associations entre la consommation de cannabis, la responsabilité polygénique pour la schizophrénie et les expériences liées au cannabis dans un échantillon de consommateurs de cannabis. Crédit d’image : StunningArt/Shutterstock
Sommaire
Arrière-plan
On sait que la consommation excessive de cannabis est associée à des expériences de type psychotique, des symptômes de schizophrénie, des troubles cognitifs et une détresse émotionnelle. Des études ont montré que l’administration de constituants psychoactifs du cannabis peut induire des expériences aiguës de type psychotique, notamment des pensées inhabituelles, de la paranoïa, une pensée désorganisée et, dans de rares cas, des hallucinations auditives et visuelles.
Le risque de développer des symptômes de schizophrénie dus à la consommation de cannabis est en partie influencé par des facteurs génétiques. Des preuves récentes ont montré que les personnes ayant une susceptibilité génétique plus élevée à la schizophrénie ont un risque plus élevé de développer des expériences de type psychotique en raison de la consommation de cannabis.
Dans la présente étude, les scientifiques ont cherché à savoir si le risque génétique de schizophrénie est associé à des expériences de type psychotique liées à la consommation de cannabis, notamment des hallucinations, de la paranoïa, de la dépression, des difficultés cognitives et des interactions sociales altérées.
Étudier le design
L’étude a été menée sur un total de 4 832 personnes partiellement reconnues pour un trouble lié à la consommation d’alcool. Parmi les participants inscrits, 74 % répondaient aux critères à vie du trouble lié à la consommation d’alcool et 70 % répondaient aux critères à vie du trouble lié à la consommation de cannabis.
Cinq expériences autodéclarées liées au cannabis ont été évaluées dans l’étude, notamment les hallucinations (audio, visuelles et olfactives), la paranoïa, la dépression, les difficultés cognitives et les interactions sociales altérées. Les scores de risque polygénique pour la schizophrénie ont été calculés à l’aide de bases de données récentes.
Des analyses statistiques ont été menées pour déterminer si le risque polygénique de schizophrénie est associé à des expériences liées au cannabis chez les personnes ayant déclaré avoir consommé du cannabis au moins 11 fois.
Observations importantes
Une forte prévalence (70 %) de troubles liés à l’usage de cannabis a été observée dans la population étudiée. Parmi eux, 40 % avaient un trouble léger, 25 % un trouble modéré et 35 % un trouble grave lié à la consommation de cannabis. L’âge moyen de la première consommation de cannabis était de 16 ans. Environ 75 % des participants inscrits ont déclaré consommer d’autres drogues illicites.
Une association positive significative a été observée entre le risque polygénique de schizophrénie et la paranoïa liée au cannabis, la dépression, les interactions sociales altérées et les difficultés cognitives. Cette association est restée inchangée même après ajustement en fonction de la durée de la consommation quotidienne de cannabis, du trouble lié à la consommation de cannabis et de l’âge à la première consommation de cannabis. À l’inverse, les hallucinations liées au cannabis ont montré la plus faible association avec le risque polygénique de schizophrénie.
Une association significative entre le diagnostic à vie de troubles liés à la consommation de cannabis et l’âge précoce à la première consommation de cannabis a été observée avec la déclaration d’expériences liées au cannabis. À l’exception des hallucinations et de la paranoïa, toutes les autres expériences liées au cannabis ont montré des associations significatives avec la durée de la consommation quotidienne de cannabis. De plus, une forte association a été observée entre la gravité du trouble lié à la consommation de cannabis et l’approbation d’un nombre plus élevé d’expériences liées au cannabis.
L’analyse menée après ajustement pour les troubles liés à l’usage du cannabis a montré une forte association entre les scores de risque polygénique pour la schizophrénie et toutes les expériences liées au cannabis, à l’exception des hallucinations. Les scores de risque polygénique ont également montré une association significative avec l’approbation d’un nombre plus élevé d’expériences liées au cannabis. L’association la plus élevée du score de risque polygénique de schizophrénie a été observée avec des difficultés cognitives liées au cannabis.
L’analyse menée après ajustement en fonction de l’âge lors de la première consommation de cannabis et du diagnostic de trouble lié à la consommation d’alcool a révélé une forte association entre le score de risque polygénique de schizophrénie et toutes les expériences liées au cannabis, à l’exception de la paranoïa.
L’étude a également inclus un groupe distinct de 1 446 personnes atteintes d’un trouble lié à l’utilisation d’opioïdes et des personnes témoins génétiquement non apparentées avec un abus d’opioïdes minime ou nul au cours de leur vie. Dans ce groupe d’étude, aucune association significative n’a été observée entre le score de risque polygénique de schizophrénie et les expériences liées au cannabis. Cependant, les schémas d’associations étaient similaires à ceux observés chez les personnes souffrant d’un trouble lié à la consommation d’alcool et d’un trouble lié à la consommation de cannabis.
Importance de l’étude
L’étude révèle que les consommateurs réguliers de cannabis ayant une prédisposition génétique préexistante plus élevée à la schizophrénie sont plus à risque de vivre des expériences psychotiques liées au cannabis, notamment des hallucinations, de la paranoïa, de la dépression, des difficultés cognitives et un retrait social. De plus, les consommateurs excessifs et précoces de cannabis sont plus susceptibles de rapporter des expériences inhabituelles liées au cannabis.
Comme mentionné par les scientifiques, l’étude a impliqué des personnes déterminées présentant une forte prévalence de troubles liés à la consommation de cannabis et d’autres drogues illicites. Il est donc difficile de savoir si ces résultats peuvent être généralisés à l’ensemble de la population.