Dans une étude récente publiée dans The Lancet, les chercheurs ont réalisé un essai contrôlé randomisé (ECR) dans 157 sites de soins primaires et de services d’urgence (ED) à travers l’Australie.
Cette étude était le premier essai contrôlé par placebo sur les opioïdes dans les douleurs lombaires et cervicales aiguës.
Étude: Un essai randomisé révèle que les opioïdes ne soulagent pas mieux les maux de dos aigus que le placebo. Crédit d’image : fizkes/Shutterstock.com
Sommaire
Arrière-plan
Bien que plusieurs essais et revues systématiques aient évalué l’utilisation d’opioïdes chez les patients souffrant de douleurs aiguës, lombaires et cervicales, il existe un manque d’ECR faisant des évaluations similaires.
Néanmoins, l’évaluation de l’efficacité de la thérapie aux opioïdes est importante car cette thérapie pourrait soulager la douleur pendant une période prolongée et indéfinie chez ces patients.
À propos de l’étude
Dans le présent essai contrôlé par placebo sur les opioïdes dans les douleurs lombaires et cervicales aiguës, Caitlin Jones et al. ont recruté des patients souffrant de douleurs lombaires ou cervicales d’intensité légère à modérée mais qui sont restés sans douleur pendant au moins un mois, c’est-à-dire avant leur épisode actuel de douleur rachidienne.
Le critère d’évaluation principal de cette étude était une mesure de l’intensité de la douleur six semaines après la randomisation. L’équipe a randomisé tous les participants pour recevoir un traitement aux opioïdes, c’est-à-dire de l’oxycodone-naloxone à libération prolongée, en l’ajustant tous les sept à 14 jours.
Ils ont débuté à une dose de médicament de cinq mg deux fois par jour. Ils l’ont titré à 10 mg deux fois par jour jusqu’à ce qu’il réduise l’intensité de la douleur à zéro ou un sur une échelle de 10 points après cinq semaines d’exposition à l’oxycodone lorsque les participants ont été titrés > 1 semaine. Ils ont également fourni de la naloxone pour prévenir la constipation et améliorer l’aveuglement.
Tous les participants ont reçu des soins imitant la pratique clinique actuelle des soins primaires.
Résultats des essais
L’essai OPAL a apporté deux conclusions notables.
Premièrement, deux à quatre semaines de traitement aux opioïdes n’ont pas amélioré la fonction physique, la qualité de vie, le temps de récupération ou l’absentéisme au travail (résultats globaux) chez les patients souffrant de douleurs aiguës au dos et au cou.
Même après six semaines, l’utilisation d’opioïdes n’a offert aucun soulagement ou amélioration fonctionnelle par rapport au placebo, avec une différence moyenne de douleur dans les deux groupes de 0,53 sur une échelle de 10 points.
L’autre découverte notable de l’essai OPAL est que 25 % des participants, soit 48174 et 40172 dans les groupes opioïdes et placebo, ont commencé à abuser des opioïdes à 52 semaines.
Cet essai a obtenu des résultats cohérents dans les analyses de sensibilité et de sous-groupes, bien que les données de 25 % des participants soient manquantes. De plus, son aveuglement a été largement réussi.
Bien que l’adhésion à la médication fût imparfaite, elle ne variait pas entre les receveurs d’opioïdes et de placebo et, plus important encore, les 20 à 40 mg de morphine par jour, c’est-à-dire la dose d’oxycodone, étaient adéquates.
La douleur qui suit une lésion médullaire aiguë est souvent chronique parce qu’elle est récurrente, ce qui pourrait avoir entraîné une non-réponse au traitement aux opioïdes.
Des études ont également rapporté que la lombalgie se transforme en un an en douleur nociceptive, définie par un traitement nociceptif altéré. Ainsi, les personnes atteintes de syndromes douloureux nociplasiques, y compris celles souffrant de lombalgie chronique, répondent également mal au traitement aux opioïdes.
Pour mesurer le comportement d’abus de drogues chez les patients souffrant de douleur chronique pour lesquels les médecins prescrivent un traitement aux opioïdes, les chercheurs utilisent couramment la mesure actuelle de l’abus d’opioïdes (COMM).
Dans cette étude, 24/123 et 13/128 personnes des groupes opioïdes et placebo ont obtenu un score de neuf ou plus au COMM, ce qui indique qu’elles présentaient un risque élevé d’abus d’opioïdes, une constatation remarquable pour un groupe à faible risque avec une brève exposition aux opioïdes dans le passé.
Le COMM étudie également les troubles cognitifs et la responsabilité de l’humeur, c’est-à-dire la difficulté à penser clairement et à contrôler sa colère, persistant au-delà de la période d’utilisation d’opioïdes. Pourtant, les auteurs n’ont pas pu préciser le nombre de patients à haut risque d’abus d’opioïdes à 52 semaines.
Conclusion
L’essai OPAL est le seul ECR qui, pour la première fois, a soulevé la nécessité de réexaminer les directives cliniques actuelles recommandant les opioïdes pour les patients souffrant de douleurs lombaires et cervicales aiguës pour lesquels d’autres traitements pharmacologiques n’ont pas fonctionné ou étaient contre-indiqués.
Néanmoins, cet essai a montré la possibilité de fournir des soins primaires à jusqu’à 67 % des patients souffrant de douleurs lombaires ou cervicales avec un traitement aux opioïdes.