Une étude publiée dans Scientifique Rapports souligne que la goutte peut augmenter le risque de maladie d’Alzheimer et de maladie de Parkinson chez les personnes plus jeunes ou en surpoids. L’étude a été menée dans une population coréenne représentative.
Sommaire
Arrière-plan
La goutte est une forme courante et complexe d’arthrite inflammatoire caractérisée par de fortes douleurs articulaires. La condition est causée par une altération du métabolisme des purines, entraînant l’accumulation d’acide urique dans le sang et la formation de cristaux d’urate monosodique. Ces cristaux d’urate se déposent dans les articulations, provoquant une inflammation et une douleur intense.
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative irréversible du cerveau, caractérisée par une perte de mémoire et d’apprentissage. C’est la forme la plus courante de démence. L’agrégation extracellulaire des plaques bêta-amyloïdes et l’accumulation intracellulaire de la protéine tau hyperphosphorylée sont les principaux moteurs de la pathogenèse de la maladie d’Alzheimer.
La maladie de Parkinson est une autre maladie neurodégénérative caractérisée par un large éventail de symptômes moteurs et non moteurs. La dégénérescence progressive des neurones dopaminergiques dans le cerveau est principalement responsable du développement de la maladie de Parkinson.
Le stress oxydatif est une caractéristique majeure des maladies neurodégénératives. Avec sa puissante propriété antioxydante, l’acide urique semble avoir un impact positif sur ces conditions. La goutte étant caractérisée par une accumulation excessive d’acide urique dans le sang, il est possible d’avoir une association entre la pathogenèse de la goutte, la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson.
Dans l’étude actuelle, les scientifiques ont exploré si la goutte a une influence positive ou négative sur la pathogenèse de ces deux maladies neurodégénératives.
Étudier le design
Cette étude longitudinale a impliqué une population représentative d’adultes coréens. Un total de 18 079 adultes qui ont reçu un diagnostic de goutte entre 2003 et 2015 ont été inscrits dans le groupe de la goutte. Dans le groupe de comparaison, un total de 72 316 adultes sans goutte ont été inscrits.
Les participants appartenant au groupe de la goutte ont été appariés avec les participants du groupe de comparaison selon un ratio de 1:4 en termes d’âge, de sexe, de revenu mensuel et de zone résidentielle.
L’association entre la goutte et la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson a été évaluée après ajustement des facteurs de confusion potentiels, notamment les facteurs démographiques, l’indice de masse corporelle (IMC), les facteurs de risque liés au syndrome métabolique, les facteurs liés au mode de vie et les comorbidités.
Observations importantes
Les analyses statistiques menées dans l’étude ont révélé que la goutte n’augmente pas de manière significative le risque de maladie d’Alzheimer et de maladie de Parkinson dans la population coréenne générale. Les rapports de risque ajustés de la maladie d’Alzheimer et de la maladie de Parkinson étaient respectivement 1,01 fois et 1,16 fois plus élevés dans les groupes de goutte que dans le groupe de comparaison.
Compte tenu de tous les facteurs de confusion sélectionnés, les analyses de sous-groupes ont révélé que le risque des deux maladies neurodégénératives est significativement plus élevé chez les patients goutteux de moins de 60 ans. De plus, un risque significativement plus élevé de maladie de Parkinson a été observé chez les patients goutteux en surpoids.
Importance de l’étude
L’étude ne décrit aucune association significative entre la goutte et la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson dans une population représentative d’adultes coréens. Cependant, la goutte peut augmenter considérablement le risque des deux maladies neurodégénératives chez les personnes de moins de 60 ans. De même, le surpoids est un autre facteur de risque d’apparition de la maladie de Parkinson chez les patients goutteux.
S’agissant d’une étude observationnelle, les scientifiques n’ont pas pu justifier mécaniquement l’absence d’association entre la goutte et les maladies neurodégénératives. Cependant, ils ont mentionné dans l’article que l’acide urique peut induire à la fois des réponses antioxydantes et inflammatoires et que l’interaction entre ces deux actions fortes doit être analysée avec soin pour comprendre l’influence de la goutte dans la pathogenèse des maladies neurodégénératives.