Dans une étude récente publiée dans le Journal international des maladies infectieuses (IJID), les chercheurs ont caractérisé des cas négligés de mpox (MPX).
Arrière plan
Le MPX est une maladie émergente en dehors de l’Afrique, affectant particulièrement les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). À ce jour, plus de 80 000 cas de MPX ont été identifiés au cours de l’épidémie en cours. Le MPX est principalement observé chez les HSH, se propageant par contact sexuel. De nombreux cas de MPX présentent des ulcères génitaux, une rectocolite, une lymphadénopathie inguinale et de la fièvre, tandis que d’autres présentent une maladie bénigne.
Environ 30 % des cas de MPX présentent une infection sexuellement transmissible (IST) concomitante. Le MPX représente une nouvelle maladie dans les régions qui ne sont pas endémiques et pourrait présenter un éventail de caractéristiques cliniques, y compris celles similaires à une IST. Le MPX peut être facilement négligé ou mal diagnostiqué car de nombreux médecins ne le connaissent pas, ce qui entraîne des retards de diagnostic, d’isolement et de traitement.
L’étude et les conclusions
Dans la présente étude, les chercheurs ont décrit les caractéristiques des cas de MPX chez les HSH initialement mal diagnostiqués avec une autre maladie. Les patients diagnostiqués avec MPX entre le 16 mai et le 6 octobre 2022 ont été inclus. Ils ont défini un diagnostic erroné comme ne pas identifier le MPX lors du premier examen, mais le confirmer plus tard sur la base d’un test de laboratoire.
Seuls les patients diagnostiqués par un test de réaction en chaîne par polymérase (PCR) ont été inclus. Au total, 26 patients ont été inclus qui se sont identifiés comme HSH avec des antécédents de contact sexuel. Ces sujets n’ont pas été interrogés sur le contact avec un patient MPX lors de leur examen primaire par le médecin. Cinq patients étaient positifs pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et 17 étaient sous prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP).
Les lésions anogénitales (46 %) et cutanées (30,7 %) étaient fréquentes, les lésions croûteuses ou vésiculopustuleuses étant prédominantes. Le nombre de lésions était variable selon les patients mais était le plus souvent inférieur à 10 par patient. Une rectite a été observée chez 27 % des sujets, et un mal de gorge et de la fièvre chez 23 % des patients lors de la présentation initiale. Quatre patients présentaient des co-infections bactériennes de gonorrhée (3 cas) et de syphilis (1).
Six cas de MPX ont été initialement diagnostiqués à tort comme ayant une amygdalite bactérienne, six comme ayant la syphilis, cinq comme l’herpès et quatre comme une proctite. Les médecins ayant posé un mauvais diagnostic comprenaient les médecins de soins primaires/d’urgence, les dermatologues et les proctologues. Vingt et un médecins, qui étaient des médecins urgentistes/de soins primaires ou des spécialistes des maladies infectieuses, ont correctement diagnostiqué le MPX. La durée moyenne entre le diagnostic manqué et le diagnostic correct était de 4,4 jours.
conclusion
Les chercheurs ont démontré que le MPX pouvait être facilement ignoré et confondu avec d’autres maladies, en particulier les IST. Compte tenu de la présentation non classique des lésions autour des zones anogénitales et de la nature de la transmission, le MPX est confondu avec d’autres IST, notamment la syphilis et l’herpès. Environ 23 % des sujets ont reçu un diagnostic de pharyngite/amygdalite due à des lésions oropharyngées.
Au total, neuf personnes ont présenté des co-infections (cinq avaient le VIH et quatre avaient des IST bactériennes). Les personnes atteintes d’IST ou de VIH ont été touchées de manière disproportionnée par l’épidémie actuelle de MPX. Étant donné que de nombreux patients sont sous PrEP et sont probablement impliqués dans des rapports sexuels non protégés, il est essentiel de tester les co-infections par les IST. Une sensibilisation continue au MPX et aux symptômes et signes cliniques associés est nécessaire pour un diagnostic rapide et correct du MPX et pour freiner sa transmission.