Les violences sexuelles et sexistes dans les écoles en Angleterre ne sont pas seulement une série d’incidents isolés, mais un problème systémique profondément enraciné. Ce problème croissant dans les environnements scolaires et en ligne exige des solutions immédiates et transformatrices, selon des chercheurs de l’Université de Surrey, de l’UCL et du Bedfordshire.
Dans un nouveau rapport, des chercheurs plaident en faveur d'un changement radical dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, à travers le concept de citoyenneté sexuelle post-numérique. Cette approche contraste fortement avec la philosophie du « nudge » du gouvernement britannique précédent, qui encourage subtilement les changements de comportement sans intervention directe.
La citoyenneté sexuelle post-numérique étend les principes de la citoyenneté sexuelle à l'ère numérique. Elle reconnaît l'influence omniprésente des médias numériques et des environnements en ligne sur le développement sexuel et l'identité des jeunes. Ce concept plaide en faveur de :
- Autonomisation par l’éducation : les jeunes devraient avoir accès à une éducation sexuelle complète, inclusive et précise qui aborde à la fois les contextes hors ligne et en ligne.
- Agence et participation : reconnaître les jeunes comme des participants actifs dans la définition de leur identité et de leurs expériences sexuelles. La citoyenneté sexuelle post-numérique implique de donner aux jeunes les moyens de participer à des discussions, de faire des choix éclairés et de défendre leurs droits dans les espaces physiques et numériques.
- Lutter contre les normes néfastes : lutter contre les systèmes socioculturels qui perpétuent des comportements et attitudes sexuels néfastes. Cela comprend la lutte contre le harcèlement en ligne, l’exploitation et la diffusion de stéréotypes préjudiciables et de fausses informations.
- Sécurité et protection : veiller à ce que les jeunes soient protégés contre la violence et l’exploitation sexuelles sous toutes leurs formes, y compris dans les espaces numériques.
L’adoption d’une citoyenneté sexuelle post-numérique a des conséquences importantes sur les politiques et pratiques éducatives. Les programmes scolaires inclusifs doivent refléter les réalités de la vie des jeunes, en intégrant l’éducation numérique à l’éducation sexuelle.
Les décideurs politiques et les éducateurs devraient également impliquer les jeunes dans l’élaboration et l’évaluation des programmes d’éducation sexuelle, en veillant à ce que leurs voix et leurs expériences soient au centre.
Dr Emily Setty, auteure principale de l'article et maître de conférences en criminologie à l'Université de Surrey
Le terme « post-numérique » fait référence à une étape où la technologie numérique est profondément intégrée à la vie quotidienne. Il s'agit d'un changement de perception des outils numériques : d'une vision nouvelle ou distincte des autres aspects de la vie, ils sont désormais reconnus comme un élément essentiel de la société et de la culture.
La citoyenneté sexuelle est un concept qui inclut les droits, les responsabilités et la reconnaissance des individus en tant qu’êtres sexuels. La citoyenneté sexuelle implique l’accès à une éducation sexuelle complète, la protection contre la discrimination et la violence et la capacité de participer pleinement à la vie sociale et culturelle.
L’équipe de recherche a analysé minutieusement la politique nationale, identifiant les limites des stratégies existantes et la nécessité d’un changement de paradigme. En intégrant les voix des jeunes et en intégrant leurs expériences et leurs points de vue, les chercheurs estiment que leur approche est plus inclusive et plus efficace pour le programme d’éducation aux relations et à la sexualité (RSE).
Le Dr Emily Setty a poursuivi :
« Les preuves de violences sexuelles et sexistes dans les écoles remettent en cause le statu quo et appellent à l’abandon des méthodes descendantes qui ne parviennent pas à résoudre les problèmes fondamentaux de la violence sexuelle et sexiste. Au lieu de cela, nous voulons plaider en faveur de politiques qui reconnaissent les jeunes comme des citoyens sexuels post-numériques, dotés des connaissances et de la capacité d’agir pour évoluer dans leur environnement social et en ligne de manière sûre et responsable. Nous devons établir des systèmes de soutien solides, en ligne et hors ligne, pour aider les jeunes à surmonter les défis liés à leur développement sexuel et à leurs interactions numériques. »
Bien que l’étude se concentre sur l’Angleterre, ses implications ont une résonance mondiale. Les pays du monde entier qui luttent contre la violence sexuelle et sexiste dans les écoles pourraient tirer profit de l’adoption d’un cadre similaire qui donne la priorité à la participation et à l’autonomisation des jeunes.