Dans une étude récente publiée dans Animals Journal, un groupe de chercheurs a évalué l’efficacité d’un vaccin bivalent contre Aeromonas hydrophila (A. hydrophile) et Streptococcus agalactiae (S. agalactiae) chez le tilapia du Nil au moyen d’essais en laboratoire et sur le terrain à grande échelle au Brésil.
Étude: Vaccin bivalent contre Streptococcus agalactiae et Aeromonas hydrophila chez le tilapia du Nil (Oreochromis niloticus) : une étude en laboratoire et à grande échelle. Crédit d’image : Treecha/Shutterstock.com
Arrière-plan
Le tilapia du Nil, prédominant dans plus de 120 pays, représente 63,93 % de la pisciculture du Brésil. Bien que l’élevage en cage offre des rendements élevés et une gestion facile, les environnements à haute densité peuvent altérer la qualité de l’eau, conduisant à des poissons stressés et immunodéprimés.
Cela les rend sujets aux maladies causées par des bactéries opportunistes comme A. hydrophile et S. agalactiaequi ont de graves implications économiques. A. hydrophile entraîne des hémorragies et une léthargie, tandis que S. agalactiaerépandue au Brésil, peut provoquer des symptômes tels qu’une nage irrégulière et des hémorragies.
Le recours aux antibiotiques présente des risques pour l’environnement et la santé. Il est donc nécessaire de poursuivre les recherches sur des vaccinations efficaces en tant qu’approche plus durable.
À propos de l’étude
À Foz do Iguacu, au Brésil, des tilapias présentant des signes de bactériose ont été étudiés pour isoler A. hydrophile et S. agalactiae souches. Les échantillons d’organes ont été cultivés pendant 48 heures à 30°C puis identifiés à l’aide de procédures standard. Le système VITEK® 2 Compact a été utilisé pour une identification plus poussée des souches, et des kits spécifiques ont identifié les S. agalactiae sérotypes
Pour l’analyse moléculaire, la technique de purification médiée par amplification en boucle (LAMP) a été utilisée. L’acide désoxyribonucléique (ADN) a été extrait des bactéries cultivées dans un milieu d’extrait de levure. Des conditions définies et des séquences d’amorces ont ensuite été utilisées pour amplifier l’ADN des souches bactériennes.
Un vaccin a été formulé en inactivant les cultures bactériennes et en les mélangeant dans des proportions particulières. La concoction a ensuite été testée pour sa stabilité et sa viabilité de stockage à long terme. Avant la recherche primaire, des tests préliminaires ont été menés sur 72 tilapias mâles dans un environnement contrôlé, imitant les conditions réelles d’une pisciculture à haute densité.
Pour l’étude principale, 72 poissons ont été répartis en groupes témoins et vaccinés. Les deux groupes ont subi des traitements différents et leur état de santé a été étroitement surveillé. Par la suite, une étude de terrain plus vaste a porté sur 12 000 poissons placés en cage, la moitié étant vaccinés et l’autre moitié agissant comme témoins.
Enfin, une analyse statistique rigoureuse a été menée pour déterminer l’efficacité du vaccin, le taux de survie et d’autres paramètres importants, à l’aide d’outils logiciels spécialisés.
Résultats de l’étude
Les tests biochimiques ont donné une probabilité d’identification de 99 % pour A. hydrophile et 98% pour S. agalactiae. De plus, l’analyse du sérotypage a indiqué la présence isolée S. agalactiae était du sérotype III.
En utilisant la méthode LAMP avec le colorant de fluorescence vert au bromure de cyanine symétrique (SYBR), les réactions positives pour les deux échantillons bactériens ont été confirmées, comme le montre l’électrophorèse sur gel d’agarose.
Après la vaccination, une agglutination significative a été observée avec les sérums de poissons vaccinés lorsqu’ils ont été testés contre les antigènes des deux bactéries, contrairement au groupe témoin, qui n’a montré aucune agglutination.
L’analyse histopathologique des tissus du foie et de la rate de tilapia vaccinés et contrôlés a révélé toute une série de réponses, notamment une hyperplasie de la pulpe blanche et rouge, et aucune différence significative n’a été trouvée entre les deux groupes.
De plus, l’analyse des tissus de la région intrapéritonéale du groupe vacciné a montré plusieurs changements, tels que le dépôt de collagène et la formation de cartilage, tandis que le groupe témoin présentait des symptômes différents.
Concernant l’efficacité du vaccin bivalent, l’expérience en laboratoire a montré un effet protecteur significatif avec une efficacité vaccinale de 93,66%. Les expériences sur le terrain ont fait écho à ces résultats, montrant une efficacité vaccinale de 59,14 %.
Après la vaccination, les groupes de poissons témoins et vaccinés ont connu une diminution de leur consommation alimentaire, qui s’est normalisée le lendemain. Les poissons vaccinés ne présentaient aucun signe clinique significatif, tandis que les poissons témoins présentaient divers symptômes, tels que des hémorragies et une nage irrégulière.
En ce qui concerne la mortalité, le groupe vacciné présentait des taux de mortalité significativement inférieurs en laboratoire et sur le terrain. Concrètement, l’expérience en laboratoire a révélé un taux de mortalité de 2,94 % pour le groupe vacciné contre 32,35 % pour le groupe témoin.
Les expériences sur le terrain ont montré une nouvelle diminution des taux de mortalité, les cages vaccinées connaissant moins de la moitié du taux de mortalité quotidien par rapport au témoin.
Enfin, il n’y avait pas de différence significative de poids entre les deux groupes le jour de la vaccination. Cependant, 30 jours après la vaccination, les poissons vaccinés pesaient nettement moins que le groupe témoin.
Cette tendance s’est inversée 60 jours après la vaccination, les poissons vaccinés étant plus nombreux que le groupe témoin, même si la différence n’était pas significative. Les résultats sur le terrain ont démontré que la masse corporelle des poissons vaccinés a augmenté d’environ 22 % par rapport au groupe témoin.
Il est important de noter que les poissons vaccinés ont présenté un meilleur taux de conversion alimentaire, mettant en évidence leur transformation plus efficace de la masse alimentaire en masse corporelle.