Dans une récente étude de cohorte publiée dans Réseau JAMA ouvert, des chercheurs chinois ont étudié l’effet d’un programme multidisciplinaire de prise en charge du diabète sur le risque de démence chez les patients atteints de diabète de type 2 (DT2). Ils ont découvert que le contrôle glycémique pouvait être lié à l’incidence de la démence et qu’un programme de gestion du diabète pourrait être bénéfique pour les patients atteints de DT2 contre la démence et ses sous-types.
Étude : Risque de démence chez les patients diabétiques dans un programme multidisciplinaire de gestion des soins primaires. Crédit d’image : Studio d’Afrique/Shutterstock
Sommaire
Arrière-plan
La démence représente un fardeau de santé mondial important, en particulier chez les personnes âgées, avec une incidence en augmentation particulièrement chez les personnes atteintes de DT2. Le DT2 est lié à une probabilité 50 % plus élevée de démence toutes causes confondues, et son association avec la maladie d’Alzheimer (MA) et d’autres démences implique diverses caractéristiques pathologiques, notamment des lésions vasculaires, une accumulation de β-amyloïde et une neuroinflammation. Bien que des taux d’hémoglobine A1C (HbA1C) plus élevés chez les patients atteints de DT2 soient liés à un risque accru de démence, l’efficacité des interventions de contrôle glycémique pour réduire l’incidence de la démence reste incertaine. Les programmes multidisciplinaires de gestion du diabète montrent des résultats positifs en matière de mortalité et de complications diabétiques. Cependant, les études sur leur association avec les résultats de la démence, en particulier avec des suivis plus longs et des objectifs de contrôle glycémique individualisés, sont limitées.
À Hong Kong, plus de 90 % des patients atteints de DT2 sont pris en charge au sein du système de santé public, en utilisant le programme multidisciplinaire d’évaluation et de gestion des risques-diabète sucré (RAMP-DM) depuis 2009. RAMP-DM a démontré des améliorations significatives du contrôle glycémique et des réductions de la mortalité, des événements macrovasculaires et des événements microvasculaires sur une période de suivi de 9 ans. L’étude actuelle examine l’association entre les services RAMP-DM, le contrôle glycémique et le risque d’incidence de démence toutes causes confondues, offrant ainsi des informations précieuses sur la prévention de la démence chez les patients atteints de DT2.
À propos de l’étude
La présente étude de cohorte rétrospective a utilisé les dossiers de santé électroniques du système de santé public de Hong Kong. Les patients adultes diagnostiqués avec un DT2 en 2011, à l’exclusion de ceux atteints de diabète de type 1, de diabète gestationnel ou de démence préexistante, ont été identifiés. Les patients fréquentant les services RAMP-DM ainsi que les soins habituels faisaient partie du groupe de traitement, tandis que ceux qui ne rejoignaient pas RAMP-DM formaient le groupe témoin. Le suivi (médiane de 8,4 ans) s’est poursuivi jusqu’à la survenue d’événements liés aux résultats, au décès ou à la fin de l’étude en décembre 2019. Les patients ayant rejoint les services RAMP-DM entre 2012 et 2019 ont été exclus en raison d’un temps de suivi insuffisant pour les résultats de la démence.
Au total, 55 618 patients ont été inclus (âge moyen 68,28 ans ; 51,4 % de femmes), avec 27 809 patients chacun dans le groupe RAMP-DM (âge médian 69 ans) et dans le groupe de soins habituels (âge médian 70 ans).
Le critère de jugement principal était l’incidence de la démence, identifiée grâce aux codes CIM-10 ou ICPC-2 et aux prescriptions de médicaments contre la démence. Les causes de démence non liées à l’alcool, aux drogues ou à des agents infectieux ont été prises en compte. Le diagnostic a suivi les évaluations cliniques en référence aux critères du DSM-IV et du DSM-5. Les critères de jugement secondaires comprenaient la MA, la démence vasculaire (VD) et d’autres types de démence. L’analyse principale s’est concentrée sur l’utilisation de RAMP-DM, avec une exploration des taux d’HbA1C à un stade précoce après avoir rejoint RAMP-DM en relation avec l’incidence de la démence. Plusieurs covariables ont été extraites au départ. Les participants atteints de DT2 qui ont reçu les services RAMP-DM ont été appariés à l’aide d’un score de propension à ceux qui ont reçu uniquement les soins habituels. L’analyse statistique impliquait l’utilisation d’une comparaison des caractéristiques de base, d’une estimation du taux d’incidence cumulée, d’une réduction brute du risque absolu (ARR), d’une réduction du risque relatif (RRR), d’une courbe de Kaplan-Meier et d’une modélisation multivariée des risques proportionnels de Cox.
Résultats et discussion
Environ 6,97 % du groupe RAMP-DM et 9,81 % du groupe de soins habituels ont reçu un diagnostic de démence. Le taux d’incidence de la démence pour 1 000 années-personnes était plus faible (9,31) pour le RAMP-DM que pour les soins habituels (14,02). RAMP-DM a montré une réduction significative du risque de démence toutes causes confondues, de MA, de VD et d’autres formes de démence. Les taux d’HbA1C se sont révélés plus faibles dans le groupe RAMP-DM, et les patients RAMP-DM présentaient un risque inférieur de 28 % de démence toutes causes confondues, un risque inférieur de 39 % de MV, un risque inférieur de 15 % de MA et un risque inférieur de 29 %. d’autres démences par rapport aux soins habituels.
L’analyse de sensibilité a systématiquement indiqué des résultats similaires. L’analyse des sous-groupes a démontré la réduction du risque de RAMP-DM dans divers sous-groupes, avec un effet plus prononcé chez les patients présentant une HbA1C ≤ 7,5 % et ceux souffrant d’hypertension. Aucune différence significative n’a été observée en fonction du sexe, de l’assistance publique, de la résidence dans une maison de retraite ou du score CCI.
L’analyse a révélé une association entre les niveaux d’HbA1C pendant le suivi et le risque de démence. Par rapport au groupe de référence (HbA1C = 6,5 à 7,5 %), les patients présentant des taux compris entre 7,5 % et 8,5 % et supérieurs à 8,5 % présentaient un risque plus élevé. Des taux d’HbA1C plus faibles (<6 % et 6 %-6,5 %) étaient également associés à un risque élevé de démence.
L’étude est limitée par sa conception observationnelle, son biais de sélection potentiel, ses caractéristiques de base non mesurées influençant l’incidence de la démence et ses biais d’information.
Conclusion
En conclusion, l’étude suggère qu’un programme multidisciplinaire de gestion du diabète basé sur les soins primaires est associé à une réduction du risque de démence toutes causes confondues chez les patients atteints de DT2, soulignant l’importance du contrôle glycémique. Des études et des essais prospectifs sont nécessaires pour confirmer l’efficacité et explorer les mécanismes biologiques.