Sommaire
Le problème de santé
Le syndrome de fatigue chronique se caractérise par une fatigue persistante inexpliquée, ainsi que par des symptômes tels que des douleurs musculo-squelettiques, des malaises après un effort physique, des maux de tête, des troubles du sommeil, des difficultés de concentration et des oublis fréquents. L’état d’épuisement intense persiste au moins six mois sans raison apparente. Cette maladie handicapante mal comprise touche une personne sur deux cents à six cents en affectant plutôt l’adulte entre vingt et quarante ans, mais des cas existent chez les adolescents et les personnes âgées.
L’étude de référence
Une méta-analyse a évalué l’efficacité d’un programme d’activités physiques adaptées (APA) chez des malades atteints de fatigue chronique par rapport à toute autre intervention. Elle s’appuyait sur mille cinq cent dix-huit participants inclus dans huit essais randomisés dont un testait un programme de renforcement musculaire et sept un programme d’exercice d’endurance. Ces derniers ont systématiquement montré une réduction de la gravité de la fatigue chronique.
Descriptif de la méthode
Éprouvé par un essai randomisé, le programme Graded exercise therapy (GET) vise à diminuer la fatigue et à augmenter la capacité d’entreprendre une activité physique malgré une intolérance engendrée par une sédentarité prolongée. Se déroulant sur six mois, il consiste à établir un niveau d’activités physiques réalisable par le patient, puis à augmenter sa durée dans le but de faire ensuite de même dans la vie quotidienne. Après évaluation initiale des capacités physiques et fixation d’objectifs personnels, un réentraînement d’endurance débute sur une base peu intensive donc gérable. Toute modalité de pratique devient utile : marche, vélo, natation, rameur, stepper… La durée est augmentée lentement toutes les une à deux semaines de 10 à 20 %. L’intensité est également accrue. Si une augmentation des symptômes survient, il faut rester à ce palier jusqu’à ce qu’ils diminuent, avant d’élever à nouveau la durée ou l’intensité. L’activité est ainsi régulièrement réexaminée par le praticien et les objectifs ajustés.
Les mécanismes d’action
La GET s’appuie sur la théorie du déconditionnement à l’exercice qui suppose que le syndrome est auto-généré et auto-entretenu par des changements physiologiques et neuropsychologiques réversibles et des stratégies inconscientes d’évitement de l’activité qui se traduisent par une perception accrue de la difficulté de l’effort. En aidant à reprendre progressivement des activités physiques, l’INM inverse à petite dose ce mécanisme délétère.
Bénéfices
La GET réduit la fatigue et améliore le fonctionnement physique, ainsi que le sommeil, la cognition et l’humeur.
Quels sont les risques ?
L’INM ne présente pas d’effets secondaires majeurs si la personne n’a pas d’antécédents cardiovasculaires ou articulaires. Le risque principal est l’abandon du programme sous prétexte de majoration de la fatigue. Le rôle du praticien est alors d’expliquer que la production naturelle d’une fatigue « saine » par l’activité physique est une réponse normale à l’exercice, non un signe d’aggravation de sa maladie.
Conseils pratiques
Vous pouvez par exemple réaliser les exercices d’endurance cinq fois par semaine avec une durée de cinq à quinze minutes, puis l’augmenter progressivement jusqu’à trente minutes. Il est important de personnaliser vos activités physiques selon vos préférences pour ne pas perdre la motivation, et d’être attentif à la régularité de l’exercice. Créez-vous des routines quotidiennes, et évitez par ailleurs de passer plus de deux heures assis ou allongé dans la journée, y compris devant la télévision. Utilisez toutes les situations de la vie quotidienne qui permettent de bouger, comme descendre une station de métro avant votre destination ou prendre l’escalier plutôt que l’ascenseur.
À qui s’adresser ?
Un kinésithérapeute ou un enseignant en APA capable de superviser le programme, donc de préférence avec une formation spécifique au GET.