Dans une étude récente publiée dans la revue BMJ ouvertdes chercheurs ont exploré la relation entre la consommation de kimchi et l’obésité en Corée du Sud.
L’obésité est associée à des facteurs nutritionnels, environnementaux et liés au mode de vie et constitue un facteur de risque important de diabète, de maladie rénale chronique, de maladies cardiovasculaires et d’hyperlipidémie. La prévalence de l’obésité en Corée du Sud a augmenté régulièrement au fil des ans. Parallèlement, la prévalence de l’obésité abdominale a également augmenté au fil du temps.
La prévalence accrue de l’obésité est associée à des dépenses médicales plus élevées ; ainsi, la prévention de l’obésité reste une priorité de santé publique. En Corée, le kimchi est un plat d’accompagnement traditionnel faible en calories mais riche en vitamines, fibres alimentaires, polyphénols et bactéries lactiques. On s’inquiète du fait que le kimchi est l’un des principaux contributeurs à l’apport en sodium.
Une enquête de 2019-2020 a révélé que l’apport quotidien en sodium provenant du kimchi était de 500 mg (15 % de l’apport total en sodium). Des études ont montré des associations entre une consommation accrue de sodium et une plus grande prévalence de l’hypertension et de l’obésité. Néanmoins, la consommation de légumes fermentés et de kimchi a été associée à un poids corporel inférieur et à une amélioration des taux de cholestérol total et de glycémie à jeun.
À propos de l’étude
La présente étude a exploré les associations entre la consommation de kimchi et l’obésité chez les adultes sud-coréens. Les chercheurs ont utilisé les données d’une vaste étude de cohorte prospective et communautaire, « Health Examinees » (HEXA). HEXA faisait partie d’une étude génomique et épidémiologique plus vaste examinant les facteurs de risque génétiques et environnementaux des maladies chroniques chez les adultes âgés de plus de 40 ans.
Les évaluations de base de l’étude HEXA ont été réalisées entre 2004 et 2013. Les participants ont été exclus s’ils avaient des antécédents de cancer, de maladie cérébrovasculaire, de diabète, de maladie cardiovasculaire, d’hyperlipidémie ou d’hypertension. Ceux ayant un apport énergétique peu plausible et des données anthropométriques manquantes ont également été exclus.
Un questionnaire semi-quantitatif sur la fréquence des aliments a évalué l’apport alimentaire au cours de l’année écoulée. Le kimchi total comprenait le kkakdugi, le dongchimi (kimchi aqueux), le baechu kimchi (kimchi au chou) et d’autres, par exemple le kimchi vert moutarde, le kimchi de laitue et le kimchi à l’oignon vert. L’apport en sodium, potassium, macronutriments et fibres a été calculé. L’obésité est un indice de masse corporelle (IMC) ≥ 25 kg/m2.
L’obésité abdominale était définie comme un tour de taille (WC) ≥ 90 cm pour les hommes et ≥ 85 cm pour les femmes. Un questionnaire a été administré pour recueillir des données sur les données sociodémographiques, le tabagisme, les antécédents de maladie, l’état de ménopause et l’activité physique.
Les participants ont été stratifiés en groupes en fonction de leur consommation de kimchi. Une analyse logistique multivariée a estimé les rapports de cotes et les intervalles de confiance à 95 % de l’obésité en fonction de la consommation de kimchi.
Résultats
L’étude a porté sur 115 726 personnes âgées en moyenne de 51,8 ans. La plupart des participants (> 68 %) étaient des femmes. La prévalence de l’obésité était de 28,2 % dans l’ensemble, de 24,7 % chez les femmes et de 36,1 % chez les hommes. Les personnes consommant cinq portions ou plus/jour de kimchi total avaient augmenté leur poids et leur poids corporel par rapport à celles consommant moins d’une portion par jour ; ils étaient également plus susceptibles de consommer de l’alcool et d’être obèses.
Les hommes consommant ≥ cinq portions/jour de kimchi total étaient plus jeunes, fumeurs, plus grands et plus actifs physiquement que ceux consommant moins d’une portion/jour. En revanche, les femmes consommant ≥ cinq portions par jour étaient plus âgées, non-fumeuses, physiquement inactives, ménopausées, plus petites et mariées que celles qui consommaient moins d’une portion par jour.
Les hommes consommant jusqu’à trois portions de kimchi par jour avaient une prévalence d’obésité plus faible que ceux qui en consommaient moins d’une portion par jour. La consommation de Baechu kimchi (≥ trois portions/jour) chez les hommes était significativement associée à une prévalence réduite de 10 % de l’obésité et de l’obésité abdominale par rapport à ceux qui consommaient moins d’une portion/jour.
Chez les femmes, deux à trois portions par jour de consommation de baechu étaient associées à une prévalence d’obésité inférieure d’environ 8 % et à une prévalence d’obésité abdominale inférieure de 6 % par rapport à celles consommant moins d’une portion/jour. Les personnes consommant plus de kkakdugi que la quantité médiane présentaient un risque plus faible de souffrir d’obésité abdominale que les non-consommateurs.
Conclusions
Dans l’ensemble, l’étude a illustré une association inverse entre la consommation totale de kimchi (une à trois portions par jour) et le risque d’obésité chez les hommes. De plus, les hommes consommant davantage de baechu kimchi présentaient une prévalence plus faible d’obésité abdominale et d’obésité. Une consommation accrue de kkakdugi était associée à une prévalence plus faible de l’obésité abdominale chez les hommes et les femmes.
Même si la consommation de cinq portions ou plus de kimchi était associée à une prévalence plus élevée d’obésité, ce n’était pas statistiquement significatif. Une consommation totale plus élevée de kimchi était également associée à une augmentation des protéines, des glucides, des graisses, du sodium, du riz cuit et de l’apport énergétique total. Les limites de l’étude incluent sa conception transversale, qui limite l’inférence causale, et le manque de généralisabilité à d’autres populations.