Dans une étude récente publiée dans la revue BMJ Santé mondialeles chercheurs comparent les lignes directrices de gestion de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) à celles publiées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) parmi différents États membres.
Étude: Comparaison des directives thérapeutiques de l’OMS avec les directives thérapeutiques nationales contre le COVID-19 à travers le monde : une correspondance pas vraiment parfaite. Crédit d’image : Cryptographe/Shutterstock.com
Sommaire
Disparités mondiales dans la gestion du COVID-19
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, le paysage thérapeutique a radicalement changé, avec une couverture vaccinale croissante, des infections plus fréquentes et une évolution virale réduisant la pathogénicité.
Cependant, les nations les plus pauvres ont souvent subi les pires conséquences sociétales et économiques de la pandémie. Les variations dans les recommandations de traitement entre les pays n’ont pas été mesurées publiquement ni étudiées de manière approfondie, avec une administration inégale de vaccins et de médicaments efficaces.
À propos de l'étude
Dans la présente étude, les chercheurs ont effectué une analyse rétrospective des lignes directrices (NG) de chaque pays pour le traitement de l'infection par le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) à l'aide de la liste de contrôle de l'enquête sur les versions publiques des lignes directrices (RIGHT-PVG) et une métrique de comparaison développée basée sur les normes de l’OMS.
Entre septembre et novembre 2022, les données des lignes directrices compilées par les ministères de la Santé, les sites Web nationaux sur les maladies infectieuses, la Coalition de recherche clinique sur le COVID-19 et les principaux chercheurs et dirigeants d’opinion ont été analysées. Les directives nationales les plus récentes pour le traitement de l'infection par le SRAS-CoV-2 ont été stratifiées par gravité tout en éliminant les directives hospitalières locales ou régionales, les politiques de vaccination, les mesures de contrôle des infections et celles sans recommandations pharmacologiques. Toute information sur les complications du COVID-19, telles que la pneumonie bactérienne et la thrombose, a été éliminée des lignes directrices.
Huit médecins et une infirmière clinicienne ont extrait des informations, notamment les dates de publication, la langue, le corps, l'évaluation de la gravité de la maladie, les médicaments prescrits, le statut réglementaire et les données réglementaires collectées par les autorités nationales. Les suggestions d'antibiotiques ont été omises, sauf si elles étaient destinées à l'infection par le SRAS-CoV-2.
Les pays ont été classés en cinq zones sur la base de la classification de l'OMS, qui comprenaient la Région européenne (EUR), la Région africaine (AFR), la Région de l'Asie du Sud-Est (SEAR), la Région des Amériques (AMR), le Pacifique occidental et l'Est. Région Méditerranéenne (EMR). Les données sur les recommandations de traitement émanant des autorités sanitaires compétentes de chaque pays ont été obtenues et analysées.
L’alignement entre les recommandations nationales et les 11 de l’OMSème une itération des recommandations a été déterminée. À cette fin, des pondérations numériques positives ont été attribuées aux suggestions qui respectaient les critères de l’OMS, tandis que des pondérations négatives ont été attribuées à celles qui décourageaient ou incluaient des conseils non fondés sur des preuves. Le score final reflète l'adhésion du pays aux recommandations de l'OMS.
Les suggestions thérapeutiques et les catégories de gravité des maladies ont été évaluées à l'aide du produit intérieur brut (PIB) par habitant de la Banque mondiale, de l'indice de développement humain et de l'indice de sécurité sanitaire mondiale.
Résultats de l'étude
Les directives de traitement contre le COVID-19 ont été obtenues auprès de 109 pays membres de l’OMS et ont montré une variabilité significative dans les recommandations et les catégories de gravité de la maladie. Les conseils thérapeutiques dans certains GN s'écartaient considérablement des recommandations de l'OMS. Fin 2022, 93 % des directives nationales recommandaient un ou plusieurs médicaments qui avaient échoué aux essais randomisés et qui n’étaient pas autorisés par l’OMS.
Malgré des preuves solides des bénéfices du traitement, environ 10 % des GN ne recommandaient pas les corticostéroïdes en cas de maladie grave. En stratifiant par PIB annuel, indice de développement humain (IDH) et indice de sécurité sanitaire mondiale (GHS), les GN des pays à faibles ressources présentaient l'écart le plus élevé.
La population médiane des pays ayant des recommandations acquises était de 14 millions, avec 70 % des lignes directrices mises en œuvre en EUR, suivie par l'AFR à 53 %. De plus, 65 % des lignes directrices ont été publiées six mois avant les protocoles de l’OMS, et 31 % ont été publiées ou révisées au cours de la même période.
Environ 84 % des recommandations ne décrivaient pas la gravité du COVID-19 selon les définitions de l’OMS, avec seulement 9,2 % des lignes directrices intégrant des critères de gravité équivalents à ceux utilisés par l’OMS. La gamme de thérapies incluses dans les recommandations variait de un à 22, la médiane étant de cinq, quelle que soit la gravité. En comparaison, les directives de l’OMS prescrivent dix médicaments.
Fin 2022, plusieurs GN ont continué à préconiser des médicaments contre lesquels l’OMS avait précédemment mis en garde, avec quelques variations régionales. Pris ensemble, 105 GN ont recommandé au moins un traitement approuvé par l’OMS, avec 71 % de médicaments adaptés à la gravité de l’infection par le SRAS-CoV-2.
Les corticostéroïdes étaient le médicament le plus largement recommandé, avec 92 % des NG utilisant ces traitements et 80 % indiquant leur utilisation pour une maladie de même gravité que celle de l'OMS. De plus, 23 % et 79 % des 72 NG ont recommandé respectivement le remdesivir et le tocilizumab pour le COVID-19 léger.
Conclusions
D’après les résultats de l’étude, la COVID-19 a entraîné des variations considérables dans les recommandations des GN, nombre d’entre elles préconisant des solutions inefficaces, coûteuses et inaccessibles, en particulier dans les zones à faibles ressources.
Les résultats de l’étude soulignent l’importance de formaliser les procédures de génération de NG pour les maladies infectieuses afin de garantir leur développement sur la base des meilleures données disponibles. Les recommandations fournies par les GN variaient considérablement, certaines n'ayant aucune directive nationale, omettant les médicaments recommandés par l'OMS, proposant des médicaments non testés ou utilisant différentes classifications de gravité de l'infection par le SRAS-CoV-2.