Malgré une mobilité mondiale croissante, l’état des données sur la santé des migrants et des réfugiés dans les systèmes de santé européens reste préoccupant, selon une nouvelle étude. L’analyse d’une coalition internationale d’universités, d’organisations des Nations Unies, de représentants gouvernementaux et d’institutions européennes publiée dans la revue The Lancet Régional Santé Europe révèle que la couverture des données sur les migrants et les réfugiés reste incohérente et de qualité sous-optimale. Selon l’étude, ce problème n’est pas dû à un manque de connaissances ou de ressources technologiques, mais découle plutôt de multiples facteurs politiques et structurels aux niveaux local, national et européen qui entravent la mise en œuvre efficace des lignes directrices existantes. La coalition, dirigée par l’Université de Bielefeld en Allemagne et l’Université d’Uppsala en Suède, propose une feuille de route aux décideurs politiques et aux systèmes de santé européens pour améliorer la situation.
« Les données sur la santé des migrants et des réfugiés sont bien plus que de simples statistiques. Il s’agit de vies humaines et de bien-être, mais aussi d’inégalités inaperçues si les besoins en matière de santé ne sont pas mesurés », déclare le professeur Dr Kayvan Bozorgmehr. Selon lui, les systèmes de santé engagés en faveur de soins de santé inclusifs et équitables doivent garantir que les migrants et les réfugiés ne sont pas systématiquement exclus des systèmes de collecte de données.
Bozorgmehr et son collègue le Dr Soorej Puthoopparambil de l’Université d’Uppsala ont dirigé la coalition internationale d’auteurs comprenant dix universités européennes, trois agences nationales de santé publique, trois centres collaborateurs de l’Organisation mondiale de la santé, ainsi que plusieurs institutions et agences des Nations Unies (ONU) telles que le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Europe, l’Organisation internationale pour les migrations et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
L’article a été réalisé dans le cadre des activités du Lancet Migration European Hub et publié dans la revue médicale The Lancet Regional Health. L’étude révèle des lacunes flagrantes dans l’inclusion des migrants et des réfugiés dans les systèmes nationaux de collecte de données, ce qui, selon les auteurs, empêche ces groupes d’exercer leurs droits humains fondamentaux et empêche les gouvernements de créer des sociétés inclusives et saines. L’une des principales conclusions de l’étude est que la disparité existante dans la collecte de données reflète la faible priorité politique accordée à ce sujet et les défis complexes de gouvernance liés à la migration et au déplacement.
En réponse aux lacunes identifiées dans les systèmes d’information sanitaires actuels, les auteurs proposent une feuille de route pour combler le fossé entre connaissance et action. Ils proposent quatre approches critiques pour les systèmes de santé européens :
- Collecte systématique de données : mettre en œuvre des stratégies garantissant que les données sur la santé des migrants et des réfugiés sont collectées, analysées et diffusées de manière systématique, comblant ainsi les lacunes existantes et éclairant les décisions politiques fondées sur des données probantes.
- Garanties de confidentialité et intégration des données : capitalisez sur des méthodes qui protègent la confidentialité tout en facilitant le couplage de données provenant de diverses sources pour générer des données complètes à un coût relativement faible. Cela nécessite de garantir que les normes les plus élevées en matière de protection des données soient respectées.
- Méthodes d’enquête inclusives : adopter des méthodes qui tiennent compte des divers besoins et antécédents des populations de migrants et de réfugiés lors de la réalisation d’enquêtes.
- Autonomisation par l’engagement : impliquer les migrants et les réfugiés dans la prise de décision concernant leur santé et leurs données de santé. Leurs voix devraient façonner les politiques et les pratiques qui ont un impact direct sur leur vie.
La Région européenne de l’OMS accueille environ 36 pour cent de la population migrante internationale mondiale. L’étude souligne que la santé des migrants et des réfugiés est une question qui ne peut être ignorée.
Les pays doivent passer d’approches ad hoc à des approches systématiques pour inclure de manière proactive les migrants et les réfugiés dans les systèmes d’information sur la santé, favorisant ainsi l’équité en matière de santé.
Soorej Puthoopparambil
Cela implique de capitaliser sur les sources de données existantes tout en en exploitant de nouvelles. Le rapport propose une approche de gestion du changement pour réduire l’écart entre la connaissance et l’action, en jetant un pont vers des politiques et des pratiques de santé véritablement inclusives pour les migrants et les réfugiés. «Ce faisant, les sociétés non seulement favoriseront le bien-être des migrants et des réfugiés, mais elles répondront également mieux aux besoins de santé publique de leurs sociétés et favoriseront l’équité dans les systèmes de santé européens», déclare Kayvan Bozorgmehr.
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