Dans une étude récente publiée dans la revue PNASun groupe de chercheurs israéliens ont cartographié quantitativement l’abondance, la masse et la répartition des cellules immunitaires primaires dans les tissus humains à l’aide de méthodes biotechnologiques intégrées.
Sommaire
Réseau cellulaire du système immunitaire
Le réseau cellulaire complexe du système immunitaire est vital pour la santé, mais comprendre sa distribution reste difficile en raison de la diversité cellulaire et des limites des études antérieures. Les recherches existantes, souvent étroites dans leur champ d’étude et leur méthodologie, manquent de données complètes spécifiques à l’homme, ce qui suscite des débats sur des sujets tels que l’organe le plus immunogène. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier la distribution des cellules immunitaires, concilier les divergences des études et approfondir les connaissances sur la fonctionnalité immunitaire chez l’homme.
Étude : La masse totale, le nombre et la répartition des cellules immunitaires dans le corps humain. Crédit image : Créé avec l’aide de DALL·E 3
Cartographie du système immunitaire humain
La présente étude cartographie minutieusement le système immunitaire humain, en catégorisant les cellules en groupes lymphoïdes et myéloïdes, en utilisant un jeune homme en bonne santé comme référence pour établir les densités cellulaires de base. La recherche s’appuie sur trois méthodologies : une revue approfondie de la littérature, une imagerie multiplexée à haute résolution et une nouvelle déconvolution basée sur la méthylation. La revue met à jour les données historiques avec les estimations modernes de la densité cellulaire, en tenant compte des caractéristiques uniques des tissus et en utilisant des méthodes avancées telles que la cytométrie en flux pour les données d’abondance relative. Les tissus et les organes sont classés en fonction de la présence anticipée de cellules immunitaires, formant ainsi une structure systématique pour l’analyse.
L’imagerie multiplexée offre des instantanés détaillés des tissus, identifiant avec précision diverses cellules immunitaires. Cette approche, analysant simultanément de nombreux marqueurs moléculaires, présente une image inclusive des populations immunitaires. Pendant ce temps, la déconvolution basée sur la méthylation déchiffre les empreintes épigénétiques uniques à chaque type de cellule, dévoilant les proportions et le nombre absolu de cellules immunitaires dans les tissus.
Résultats sur la densité et la distribution des cellules immunitaires
La présente étude révèle des informations détaillées sur la densité et la propagation des cellules immunitaires dans les tissus humains. Les données, dérivées d’une étude approfondie de la littérature, indiquent la densité de divers types de cellules dans des tissus regroupés selon une composition et des rôles similaires. Les systèmes lymphatiques et la moelle osseuse enregistrent les densités les plus élevées, étant principalement composés de cellules immunitaires, tandis que les organes épithéliaux maintiennent une densité nettement inférieure.
La répartition des cellules immunitaires dans le corps humain. Estimations des populations de cellules immunitaires par type de cellule et tissu regroupés par tissus et systèmes primaires. Les tissus sont affichés via une carte du corps humain. Un graphique gaufré représente la répartition des cellules immunitaires dans chaque tissu, chaque carré représentant une population de 109 cellules. Pour faciliter la présentation, les populations ont été arrondies aux multiples de 109. La population totale de chaque tissu est indiquée par un chiffre significatif. Dans toutes les figures, les types de cellules sont codés par couleur pour faciliter la référence. GI = tractus gastro-intestinal. Les autres tissus et organes comprennent le cerveau, le cœur, le tissu adipeux, les muscles squelettiques, les reins, etc.
Des modèles distincts apparaissent dans la distribution de cellules immunitaires spécifiques. Les macrophages, les lymphocytes T et B varient considérablement selon les tissus, tandis que les plasmocytes et les éosinophiles sont largement confinés au tractus gastro-intestinal. Curieusement, les tissus musculaires adipeux et squelettiques, qui représentent environ 75 % de la masse cellulaire du corps, n’abritent que 0,2 % du nombre total de cellules, un fait attribué à leur plus grande taille cellulaire.
Dans une nouvelle approche, l’étude associe les densités de cellules immunitaires spécifiques aux tissus avec la masse d’organes dans un modèle humain standard, approchant le nombre total de cellules immunitaires dans divers tissus à environ 1,8 × 1012. La plupart sont situées dans la moelle osseuse et le système lymphatique. avec divers types de cellules immunitaires dispersés dans des proportions différentes dans chaque système organique.
Une analyse approfondie des tissus révèle une composition de cellules immunitaires hétérogène. La moelle osseuse est remplie de neutrophiles et le système lymphatique regorge de lymphocytes. D’autres tissus, tels que le tractus gastro-intestinal, la peau et les poumons, hébergent des communautés considérables de mastocytes et de macrophages.
Le système lymphatique est l’habitat principal des cellules T, des cellules B et des cellules dendritiques, tandis que la moelle osseuse héberge diverses autres cellules. À l’inverse, les mastocytes, les cellules NK et les macrophages résident en grande partie dans les tissus et ne prédominent dans aucun système spécifique.
Ces estimations ont été validées à l’aide d’une approche de déconvolution basée sur un atlas de méthylation, confirmant les résultats de la littérature, en particulier pour les lymphocytes. Cependant, quelques écarts ont été notés, notamment pour les granulocytes.
L’étude s’est également aventurée en territoire inconnu en estimant la masse de ces cellules immunitaires, un exploit accompli en regroupant des données sur la taille et le volume des cellules. La masse totale de cellules immunitaires de l’organisme est estimée à 1,2 kg. La répartition par type de cellule révèle un écart significatif par rapport à leur répartition en nombre, principalement due aux variations de taille des cellules. Par exemple, les macrophages représentent une partie substantielle de la masse totale des cellules immunitaires en raison de leur plus grande taille.
En outre, la recherche conclut ces résultats à d’autres données démographiques, en utilisant une femme et un enfant de référence. Il est intéressant de noter que le type de cellules et la distribution tissulaire restent cohérents selon le sexe et l’âge, ce qui suggère un modèle standardisé de distribution des cellules immunitaires dans tout le corps humain.
Points clés à retenir et implications
Pour résumer, l’étude a proposé de nouvelles estimations sur le nombre, la masse et la distribution des cellules immunitaires chez l’homme, remettant en question la croyance selon laquelle la plupart résident dans l’intestin ; les sites principaux sont plutôt la moelle osseuse, les ganglions lymphatiques et la rate. Elle a mis en évidence le rôle de l’intestin dans la production d’anticorps et les fonctions immunologiques du foie. La validation a été réalisée grâce à de multiples analyses, confirmant la fiabilité des résultats. La recherche a également pris en compte les variations dues au sexe, à l’âge et à l’état de santé, notant la nature dynamique du système immunitaire. Malgré certaines limites et incertitudes, l’étude met en lumière la complexité de la distribution des cellules immunitaires, soulignant la nécessité de disposer de données complètes et de méthodologies avancées.