Dans une étude récente publiée dans Neurologieles chercheurs ont évalué l’effet de l’initiation de l’inhibiteur de la phosphodiestérase-5 (PDE5I) par rapport à la non-utilisation et au risque de développement de la maladie d’Alzheimer (MA) chez les hommes souffrant de dysfonction érectile (DE).
Sommaire
Arrière-plan
La MA est la forme de démence la plus répandue et l’une des principales causes de mortalité. Les interventions susceptibles de retarder ou de prévenir le développement de la MA sont essentielles à la promotion d’un vieillissement en bonne santé et continuent de susciter l’intérêt scientifique. Des études animales ont mis en évidence les avantages neuroprotecteurs de la réutilisation des inhibiteurs de la PDE5 comme médicaments pour la réduction du risque de MA ; cependant, les preuves chez les humains ne sont pas concluantes.
À propos de l’étude
Dans la présente étude de cohorte basée sur la population, les chercheurs ont exploré les avantages potentiels de la réutilisation des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 contre la MA.
L’équipe a analysé les données d’IQVIA Medical Research Data (IMRDA) du Royaume-Uni (The Health Improvement Network) pour identifier les hommes âgés de 40 ans et plus diagnostiqués avec une dysfonction érectile à partir du 1St Janvier 2000 au 31St mars 2017 et prescrit des PEDE5I (tadalafil, sildénafil, avanafil ou vardénafil). Ils incluaient des hommes présentant une dysfonction érectile d’apparition récente et sans prescription de PDE5I (non exposés ou non-utilisateurs) dans le groupe de comparaison.
L’équipe a exclu les personnes ayant des antécédents de déficience cognitive, de démence, de confusion et de prescriptions pour l’inhibition de la phosphodiestérase de type 5 et les symptômes de démence. Ils ont également exclu les personnes contre-indiquées pour l’utilisation de la PDE5I, telles que celles à qui on a prescrit des médicaments à base de nicorandil ou de nitrate au cours des trois mois précédents.
Les chercheurs ont identifié l’apparition d’une MA à l’aide de codes de diagnostic. Pour réduire le biais de type temps immortel, ils ont considéré que l’initiation de la PDE5I variait dans le temps. Ils ont suivi les participants à l’étude jusqu’au diagnostic de MA, au décès, au transfert de leur cabinet de médecin généraliste, à la dernière date de disponibilité des données du médecin généraliste ou à la fin de la période d’étude (31St mars 2018), selon la première éventualité.
L’équipe a estimé les scores de propension (PS) à l’aide de régressions logistiques et a effectué une modélisation des risques proportionnels de Cox pour déterminer les rapports de risque (HR) de la maladie d’Alzheimer d’apparition récente, en comparant l’initiation et la non-utilisation des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5. Ils ont ajusté les facteurs de confusion potentiels en utilisant l’approche de probabilité inverse de pondération du traitement (IPTW). Les covariables de l’étude comprenaient l’âge, l’indice de masse corporelle (IMC), la tension artérielle, les comorbidités, les médicaments, l’année civile, la consommation d’alcool, les habitudes tabagiques et les scores de privation de Townsend.
Les chercheurs ont effectué des analyses secondaires pour explorer la relation entre la maladie d’Alzheimer et le nombre de prescriptions d’inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5. Ils ont également effectué des analyses de sensibilité, y compris des périodes de retard (décalage) d’un an et de trois ans après le diagnostic de dysfonction érectile pour traiter la MA prodromique.
Résultats
Au total, l’équipe a identifié 413 858 hommes présentant une nouvelle dysfonction érectile au cours de la période d’étude ; cependant, ils n’ont inclus que 269 725 hommes éligibles à l’analyse, dont 1 119 ont reçu un diagnostic de maladie d’Alzheimer au cours d’un suivi de cinq ans (médiane). L’âge moyen des participants au moment du diagnostic de dysfonction érectile était de 59 ans. Parmi les personnes exposées à la PDE5I, 749 ont développé la maladie d’Alzheimer, soit un taux brut d’incidents de 8,10 pour 10 000 années-personnes à risque (PYAR). Parmi les personnes non exposées, 370 hommes ont développé la MA, soit un taux brut d’incidents de 9,7 pour 10 000 années-personnes à risque.
L’équipe a observé un rapport de risque ajusté de 0,8 pour l’initiation de l’inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5 par rapport à la non-utilisation. Les risques associés à la MA étaient réduits chez les individus ayant reçu plus de 20 prescriptions de PDE5I (rapport de risque, 0,6 pour 21 à 50 prescriptions de médicaments) et chez ceux ayant reçu plus de 50 prescriptions de PDE5I (rapport de risque, 0,7). Cependant, il n’y avait aucune preuve d’une diminution du risque de MA chez les individus ayant reçu une, deux, dix ou vingt ordonnances par rapport aux non-utilisateurs.
L’analyse de sensibilité prenant en compte un délai d’un an a donné des résultats similaires (HR : 0,8) ; cependant, les résultats différaient en considérant un décalage de trois ans (HR : 0,9). Les résultats de l’analyse des sous-groupes ont indiqué un risque de MA réduit chez les personnes ayant débuté le sildénafil (HR ajusté, 0,8), avec des estimations d’effets similaires chez celles utilisant le vardénafil et le tadalafil, mais en l’absence de preuves solides d’un risque réduit par rapport aux non-utilisateurs. L’équipe a également observé un risque de MA plus faible chez les utilisateurs de PDE5I que chez les non-utilisateurs parmi les participants à l’étude souffrant de diabète et d’hypertension et les individus âgés de 70 ans et plus.
Conclusion
Dans l’ensemble, les résultats de l’étude ont montré que l’initiation d’un inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5 chez les hommes souffrant de dysfonction érectile était liée à un risque plus faible de maladie d’Alzheimer, en particulier chez les médicaments PDE5I fréquemment prescrits. Les écarts entre les résultats primaires et les résultats de l’analyse de sensibilité soulignent l’importance de déterminer la période de décalage optimale. Des essais cliniques randomisés, incluant des hommes et des femmes, et explorant différentes doses d’inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 pourraient valider les résultats et améliorer la généralisabilité des résultats de l’étude.