Le rôle joué par les écoliers dans la transmission de l’infection par le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) est une question controversée dans de nombreux pays. Bien que les taux d’infection puissent être élevés chez les enfants, ils développent rarement des symptômes ou des problèmes de santé graves de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). Malgré cela, les écoles de nombreux pays ont été fermées au cours de la première vague de la pandémie pour contrôler la transmission du virus, ce qui a perturbé l’éducation de plus de 1,5 milliard d’élèves dans le monde.
Analyse des changements longitudinaux de la séroprévalence du SRAS-CoV-2 et du regroupement chez les écoliers de Zurich au cours des première et deuxième vagues de la pandémie
Des chercheurs suisses ont récemment présenté les résultats d’une étude de cohorte longitudinale qu’ils ont menée dans la ville de Zurich. L’objectif principal de l’étude de cohorte prospective était d’analyser les changements longitudinaux de la séroprévalence du SRAS-CoV-2 et d’évaluer le regroupement des enfants séropositifs dans les classes scolaires de juin à novembre 2020 à Zurich, en Suisse.
La Suisse est l’un des pays les plus touchés par la deuxième vague de pandémie de SRAS-CoV-2 à l’automne 2020 en Europe. Étant donné que les écoles en Suisse sont restées ouvertes, elles ont offert un environnement d’exposition modérée à élevée pour étudier les infections au SRAS-CoV-2. Les enfants ont été choisis au hasard dans différentes écoles et classes, stratifiés par district, et ont été invités à un test sérologique SRAS-CoV-2. Les parents des enfants sélectionnés ont rempli des questionnaires sur la santé et les questions sociodémographiques.
Les participants à l’étude provenaient de 275 classes de 55 écoles. Au total, 2 603 enfants ont participé à l’étude en juin-juillet 2020, et 2 552 enfants ont participé en octobre-novembre 2020. La tranche d’âge des enfants se situait entre 6 et 16 ans. Les principaux critères de jugement mesurés comprenaient la séroprévalence du SRAS-CoV-2 en juin-juillet et octobre-novembre 2020, le regroupement des enfants séropositifs au sein des classes et la présence de symptômes chez les enfants.
La séroprévalence du SRAS-CoV-2 était de 2,4% en été et de 4,5% à la fin de l’automne
En juin-juillet 2020, 74 enfants étaient séropositifs sur 2496 enfants dont les résultats sérologiques étaient disponibles. En octobre-novembre 2020, le nombre d’enfants séropositifs est passé à 173 sur 2503 enfants. Dans l’ensemble, la séroprévalence du SRAS-CoV-2 en été était de 2,4% et celle de la fin de l’automne était de 4,5% chez les enfants qui n’étaient pas séropositifs plus tôt. Cela a conduit à un total de 7,8% d’enfants séropositifs. La séroprévalence variait selon les districts. À l’automne, il se situait entre 1,7 et 15,0%.
Aucune différence significative n’a été observée entre les niveaux scolaire inférieur, intermédiaire et supérieur ou entre les enfants âgés de 6 à 9 ans, 9 à 13 ans et 12 à 16 ans, respectivement. Sur les 2223 enfants qui ont été testés à la fois en été et en automne, 28/70 ou 40% des enfants précédemment séropositifs sont devenus séronégatifs et 109/2 153 ou 5% des enfants précédemment séronégatifs sont devenus séropositifs. 22% des enfants séronégatifs et 29% des enfants nouvellement séropositifs depuis l’été présentaient des symptômes. Le rapport entre les enfants infectés par le SRAS-CoV-2 et les enfants séropositifs était de 1 à 8 entre juillet et novembre 2020.
Au moins un enfant a été détecté dans 47 écoles sur 55 et dans 90 classes sur 275 nouvellement séropositives. Sur 130 classes à fort taux de participation, aucun enfant séropositif n’a été retrouvé dans 73 ou 56% des classes; 1 ou 2 enfants étaient séropositifs dans 50 classes (38%) et au moins 3 enfants étaient séropositifs dans 7 classes (5%). Dans les modèles de régression logistique à plusieurs niveaux, le niveau scolaire expliquait 8% et le niveau classe expliquait 24% de la variance de séropositivité.
Les résultats montrent que les grappes d’infection par le SRAS-CoV-2 sont rares dans les classes scolaires
Avec des écoles en Suisse ouvertes depuis août 2020 et des stratégies préventives en place, le regroupement d’enfants séropositifs n’a eu lieu que dans quelques classes malgré un pic de séroprévalence globale au cours d’une période de transmission modérée à élevée du SRAS-CoV-2 dans la communauté. La question de savoir si ces résultats seront différents avec l’émergence de nouvelles variantes du SRAS-CoV-2 et les niveaux de transmission dynamique de la communauté reste incertaine.
«Les futures séries de tests de cette étude fourniront des informations sur la transmission au sein des classes sur des périodes prolongées pendant les niveaux dynamiques de transmission communautaire et la propagation de nouvelles variantes du SRAS-CoV-2.
Référence du journal:
- Ulyte A, Radtke T, Abela IA, Haile SR, Berger C, Huber M et al. Clustering et évolution longitudinale de la séroprévalence du SRAS-CoV-2 chez les écoliers du canton de Zurich, Suisse: étude prospective de cohorte de 55 écoles BMJ 2021; 372: n616 doi: 10.1136 / bmj.n616, https://www.bmj.com/content/372/bmj.n616