Bien qu’assez banale de nos jours, la chirurgie esthétique du visage n’en présente pas moins de graves dangers, pouvant causer de nombreuses séquelles d’ordre physique ou psychologique chez les personnes qui en sont victimes. Parce qu’ils sont trop souvent sous-estimés, nous nous intéressons aujourd’hui aux risques cachés et autres dommages liés à la chirurgie esthétique.
Sommaire
Risques physiques de la chirurgie esthétique liés à l’incision
De la cicatrice trop voyante et gênante…
Si des millions de personnes passent chaque année par la case retouche artificielle en vue d’entretenir la jeunesse de leurs traits, les risques engendrés par la chirurgie esthétique n’en sont pas moins réels, bien au contraire. Ils s’avèrent même parfois très sérieux.
Nous nous en sommes fait l’écho à maintes reprises sur ce blog : la chirurgie esthétique cause d’abord des dommages physiques bien plus courants qu’on ne le pense, dont l’illustration la plus fréquente est la cicatrice.
Il faut bien être conscient qu’une cicatrice reste visible et que l’incision chirurgicale entraîne nécessairement l’apparition de traces sur la peau et sur les tissus opérés en profondeur. Les cicatrices cutanées sont les plus gênantes dans la mesure où il n’existe aucun moyen de les effacer ni de les faire disparaître complètement.
Avant toute opération, n’oubliez pas de demander à votre chirurgien la position et la longueur des cicatrices qui apparaîtront sur votre visage. Cette donnée vous fera peut-être réfléchir… Et sachez qu’il n’existe pas de crème ou de remède miracle permettant de les dissimuler par la suite ; ceci est valable pour tous les types d’intervention, indépendamment de votre grain de peau !
Nous ne saurions donc que trop conseiller aux phobiques du scalpel et de la cicatrice de s’abstenir !
… à la nécrose cutanée, dommage gravissime lié à la chirurgie esthétique
Malgré les promesses attirantes et l’argumentaire de vente développé par le lobbying de la retouche faciale, la cicatrice reste le risque le plus sous-estimé en chirurgie esthétique.
Dans les premiers mois suivant une intervention, une cicatrice a tendance à s’épaissir et rougir. Si cette inflammation est censée diminuer avec le temps (une cicatrice met environ deux ans à se stabiliser, son aspect définitif varie selon la nature de la peau des individus), ce n’est pas toujours le cas.
Le risque principal de la chirurgie esthétique est de voir la cicatrice laissée par un lifting quelconque, une génioplastie ou une blépharoplastie rester rouge et boursouflée. Cet événement survient de manière fortuite et le meilleur des praticiens est incapable de la prévoir. Des traitements particuliers peuvent permettre de l’atténuer mais l’empreinte restera présente sur votre visage pour toujours.
Si les cicatrices hypertrophiques, voire chéloïdes, sont très dures à soigner, la complication la plus grave concerne la nécrose cutanée. Même si celle-ci reste plutôt rare d’après les statistiques, elle n’est pas nulle et crée d’importants dommages dans le secteur de la chirurgie esthétique : elle provoque la perte d’une zone de tissus plus ou moins étendue dans la région opérée. Les effets visuels de l’intervention sont catastrophiques, sans compter la souffrance endurée par le patient.
Une reprise chirurgicale à distance est alors nécessaire pour limiter les dégâts, bien qu’un mal irrémédiable soit déjà fait.
Saignements, infections, perte de sensibilité
Malgré l’amélioration des techniques, les risques physiques de la chirurgie esthétique restent omniprésents :
- le saignement postopératoire : il est quasi systématique dans le cas d’une intervention chirurgicale et entraîne des ecchymoses sur la peau pendant en moyenne 3 semaines. En cas de saignement important, une transfusion sanguine peut s’avérer nécessaire ;
- les infections : la contamination par des bactéries d’une plaie, d’une cicatrice ou d’un orifice de drainage est possible et survient assez fréquemment. Une infection sévère peut être à l’origine d’une nécrose cutanée ;
- la perte de sensibilité plus ou moins prolongée de la zone opérée ;
- l’hospitalisation : certaines interventions nécessitent plusieurs temps opératoires et une anesthésie obligatoire, avec les risques de complication inhérents au protocole ; ceux-ci vous sont expliqués lors de la consultation préopératoire.
- les complications de tous ordres : le pourcentage de risques graves n’est pas à négliger en chirurgie esthétique : embolie, paralysie, maladie nosocomiales, septicémie, troubles de la vue, etc.
Si vous optez pour un type d’intervention dit « plus léger » telles les diverses injections (de collagène, de Botox, d’acide hyaluronique), sachez que celles-ci ne sont pas du tout maîtrisées, malgré leur succès croissant et leur démocratisation à l’ensemble des couches sociales. Il suffit de constater les dommages causés chez les stars hollywoodiennes pour s’en convaincre.
La préoccupation de l’apparence physique, symptôme de l’ère moderne
« La beauté sur mesure »
La quête de la beauté physique et la promesse de rester jeune sont étroitement associées à l’image de soi et dépendent également de facteurs sociétaux. À cet égard, il n’est pas usurpé de parler du risque psychologique de la chirurgie esthétique, tant la pratique occupe une place importante dans la société actuelle
C’est en tout cas le postulat de départ du livre « La beauté sur mesure », écrit par la psychiatre et psychothérapeute Françoise Millet-Bartoli. Dans cet ouvrage, l’auteure se penche sur les aspects psychologiques de la chirurgie esthétique et sur ses dommages potentiels lorsque l’on choisit de modifier son apparence extérieure.
Même si les altérations corporelles sont perçues d’une façon différente suivant la nature des peuples ou d’une période à une autre, la préoccupation esthétique est le propre de l’homme. Mais les choses s’enveniment lorsque ce sentiment vire à l’obsession.
Les pathologies sont diverses chez les personnes à risque, c’est-à-dire psychologiquement fragiles face à l’abus de la chirurgie esthétique :
- celles qui souffrent d’un trouble préexistant à l’opération. Cette dernière peut aggraver la névrose si le résultat est jugé peu satisfaisant (ce qui arrive dans la plupart des cas chez ce type de personne). Le risque sous-jacent de dépression est alors bien réel. Il peut conduire à un bouleversement de la perception de soi et modifier le regard des autres. Cette maladie est symptomatique des comportements excessifs qui visent à multiplier le nombre d’opérations ou d’injections.
- celles atteintes de dysmorphophobie. En augmentation croissante, elles souffrent en fait d’un véritable trouble de l’image de soi et sont convaincues d’être difformes, ou qu’un défaut pourtant minime paraît énorme et focalise l’attention des autres. La (mauvaise) solution consiste alors à se tourner vers la chirurgie plastique afin de tenter d’échapper à un malaise corporel toujours plus prononcé.
La profondeur des troubles varie sur une échelle graduée qui s’étend de la simple préoccupation anxieuse au délire le plus grave nécessitant une prise en charge immédiate par un service psychiatrique approprié.
Comment limiter le risque psychique ?
Afin de limiter les risques et les dommages de la chirurgie esthétique, deux réactions s’imposent.
Il faut d’abord vérifier ses attentes et se poser les bonnes questions :
- Pourquoi vouloir corriger telle ou telle partie du visage ?
- Que cela va-t-il m’apporter ?
- Ai-je réellement besoin de changer d’apparence physique ?
- Les résultats seront-ils satisfaisants ?
- Serai-je plus heureux (se) après ?
- Le recours à la chirurgie esthétique n’est-il pas trop risqué ?
Prendre le temps de réfléchir permet de faire le point sur la situation et évite bien souvent des désagréments.
Il convient ensuite de se tourner vers les méthodes naturelles d’épanouissement de l’esprit et du bien-être du corps afin de se sentir mieux. Un style et une hygiène de vie raisonnés représentent un premier élément à prendre en compte. Certaines techniques telles que la programmation mentale positive ou le yoga des saisons s’avèrent aussi très efficaces.
Enfin, si vous tenez à préserver la jeunesse de votre visage le plus longtemps possible, la musculation faciale et les techniques de massage développées par certains praticiens sont étonnantes !
En France, certains chirurgiens tentent depuis quelques années de poser un cadre normatif de bonnes pratiques afin de lutter contre les dérives, les excès, les risques et les dommages de la chirurgie esthétique. Si cette forme de déontologie basée sur l’approche psychologique du patient est tout à fait louable, il nous semble qu’une prise de position réglementaire de la part des pouvoirs publics est également urgente.