Notre système immunitaire est composé de deux mondes : inné et adaptatif. Les cellules immunitaires innées sont comme des troupes prêtes à repousser les envahisseurs et à déclencher l'alarme du corps. Les cellules immunitaires adaptatives sont des spécialistes qui prennent plus de temps à réagir mais peuvent combattre les ennemis de manière plus ciblée. Curieusement, il existe également des cellules immunitaires qui existent entre les deux mondes. Parmi ces combattants cellulaires, les cellules T de type inné sont importantes. Leur nature hybride en fait des candidats prometteurs pour le développement de nouveaux types d'immunothérapies contre des maladies telles que le cancer.
Le problème est que les scientifiques ne savent pas encore grand-chose sur le fonctionnement et le développement de ce type unique de lymphocytes T chez l'homme. Hannah Meyer, professeure adjointe au Cold Spring Harbor Laboratory (CSHL), et son collaborateur à l'Université du Colorado à Anschutz, le professeur Laurent Gapin, ont entrepris de déterminer précisément ce phénomène.
« Étudier le développement du système immunitaire est aussi important que d’étudier son rôle dans la maladie », explique Salomé Carcy, une ancienne étudiante diplômée du laboratoire Meyer qui a co-dirigé cette étude. « Nous devons comprendre l’origine des cellules immunitaires pour mieux comprendre leur potentiel fonctionnel dans des contextes pathologiques. L’une des principales motivations de notre travail était de déterminer dans quelle mesure nos connaissances acquises à partir de modèles murins s’appliquent à la physiologie humaine. »
L'équipe a découvert que les lymphocytes T innés mûrissent différemment chez l'homme et chez la souris, et que l'âge joue ici un rôle essentiel. Ils ont découvert qu'au début de la vie, la plupart des lymphocytes T innés du thymus humain ne sont pas capables d'utiliser toutes leurs capacités immunitaires. C'est comme s'ils avaient une main attachée dans le dos. Dans le sang des adultes, en revanche, c'est une autre histoire. Là, les lymphocytes T innés sont en veille, prêts à se battre dès qu'ils reçoivent leur signal « go ». Ce schéma est observé à la fois chez la souris et chez l'homme.
Selon Meyer, ces distinctions devraient être prises en compte lors du développement et du test d’immunothérapies, d’autant plus qu’une grande partie des recherches précliniques sont menées sur des modèles murins.
Il faut tenir compte de ces différences. Nous serions intéressés d'observer ces différences pour voir comment elles évoluent au fil du temps et si ces cellules sont plus puissantes à différents âges. Et est-ce quelque chose que nous pouvons exploiter thérapeutiquement ?
Hannah Meyer, professeure adjointe, Cold Spring Harbor Laboratory (CSHL)
Pour l’instant, Meyer et son équipe continuent de décortiquer la vie complexe des agents du système immunitaire tels que les lymphocytes T innés. Leurs travaux pourraient un jour permettre aux chercheurs d’exploiter la puissance des systèmes immunitaires innés et adaptatifs dans un nouveau type d’immunothérapie plus redoutable.