Dans une étude randomisée et contrôlée de manière factice publiée dans le Journal de l’Association médicale américaine (JAMA)des chercheurs ont étudié l’effet du conditionnement ischémique à distance (RIC) sur les résultats fonctionnels chez les patients ayant subi un AVC aigu dans un contexte combiné préhospitalier et hospitalier.
Ils ont constaté qu’à 90 jours, le traitement RIC n’améliorait pas de manière significative les résultats fonctionnels chez les patients ayant subi un AVC aigu par rapport au groupe témoin.
Étude: Conditionnement ischémique à distance pour les accidents vasculaires cérébraux aigus. Crédit d’image : SewCreamStudio/Shutterstock.com
Sommaire
Arrière-plan
Le RIC avec cycles transitoires d’ischémie et de reperfusion des membres est une intervention simple et non invasive visant à minimiser le risque de lésion ischémique des organes affectés. Dans les études précliniques sur des modèles d’hémorragie intracérébrale, le RIC améliore le flux sanguin collatéral dans la zone ischémique et réduit l’inflammation post-AVC.
Lors d’essais cliniques, le RIC s’est révélé sûr, réalisable et efficace après 48 heures d’AVC. Il a également été démontré que le RIC est associé à une résorption accrue des hématomes.
Cependant, les preuves restent peu concluantes sur l’efficacité du RIC en tant qu’option thérapeutique pour l’AVC aigu. Par conséquent, le présent essai clinique visait à déterminer si le RIC démarré en milieu préhospitalier et répété à l’hôpital pouvait améliorer les résultats fonctionnels chez les patients diagnostiqués avec un AVC ischémique ou hémorragique aigu.
À propos de l’étude
L’essai « Remote ischémique conditionnement chez les patients atteints d’un accident vasculaire cérébral aigu » (RESIST) était un essai randomisé, en double aveugle et contrôlé de manière fictive, mené dans quatre centres différents au Danemark entre mars 2018 et novembre 2022, et un suivi a été réalisé en février. 2023.
L’étude a inclus 1 500 patients adultes qui se sont présentés à l’hôpital dans les quatre heures suivant les symptômes d’un AVC, comme l’indique un score préhospitalier d’AVC (PreSS) de un ou plus.
Les critères d’exclusion étaient des antécédents d’anévrisme intracrânien, de néoplasme cérébral, de malformation artério-veineuse, d’abcès cérébral, de maladie neurodégénérative évolutive, de maladie artérielle périphérique sévère des membres supérieurs ou la présence d’un shunt artérioveineux dans le bras sélectionné pour le RIC.
La « population cible » était constituée de patients recevant un diagnostic hospitalier d’accident vasculaire cérébral ischémique aigu ou d’hémorragie intracérébrale.
Les patients ont été randomisés selon un rapport 1:1 pour recevoir soit un RIC (n = 749), soit un traitement factice (n = 751) sur un membre supérieur à l’aide d’un brassard gonflable. La procédure comportait cinq cycles : gonflage du brassard (cinq minutes) suivi d’un dégonflage (cinq minutes).
La pression du brassard dans le RIC était de 200 mmHg, tandis que celle du ballon fictif était de 20 mmHg. Le traitement a été initié dans l’ambulance et répété au moins une fois à l’hôpital. Les patients avec un diagnostic cible ont été traités deux fois par jour pendant sept jours.
L’amélioration du résultat fonctionnel à 90 jours était le principal critère d’évaluation de l’efficacité dans la population cible, mesurée par une évolution favorable du score sur l’échelle de Rankin modifiée (mRS), où 0 implique l’absence de symptômes et un score de 6 implique le décès.
Les critères d’évaluation secondaires étaient une modification du PreSS à 24 heures, des événements cardiaques ou cérébraux indésirables graves à 90 jours, des événements ischémiques récurrents, une amélioration neurologique précoce, la durée du séjour à l’hôpital et la mortalité toutes causes confondues à 90 jours.
L’analyse statistique impliquait l’utilisation des courbes de Kaplan-Meier, des courbes d’Aalen-Johansen et l’estimation du rapport de cotes, des risques relatifs et de la différence de moyennes.
Résultats et discussion
Sur les 1 500 patients inclus, 1 433 ont pu terminer l’essai. L’âge moyen des patients était de 71 ans et 41 % d’entre eux étaient des femmes. La population cible était composée de 902 patients, dont 436 dans le groupe RIC et 466 dans le groupe fictif.
Environ 82 % de la population cible ont eu un accident vasculaire cérébral ischémique aigu, tandis que 18 % ont eu une hémorragie intracérébrale. Les deux groupes étaient similaires en ce qui concerne les données démographiques de base, les taux de reperfusion et les caractéristiques cliniques. Environ 90 % des patients ont adhéré au traitement dans la population cible.
À 90 jours, le score mRS médian était estimé à 2 dans le groupe RIC, tandis que celui du groupe fictif était de 1 (rapport de cotes = 0,95). Ainsi, selon l’étude, le traitement RIC n’a pas amélioré de manière significative les résultats fonctionnels dans la population cible.
Les critères de jugement secondaires d’efficacité, la mortalité et les événements indésirables graves ne différaient pas significativement entre les deux groupes.
Dans une analyse per protocole menée sur des patients adhérents, les résultats obtenus étaient similaires à ceux de la recherche primaire auprès de la population cible. Bien que l’étude présente plusieurs limites, les résultats ne démontrent pas d’avantages significatifs du RIC lorsqu’il est appliqué à des patients ayant subi un accident vasculaire cérébral aigu.
Conclusion
Selon les résultats de l’étude, le RIC initié en milieu préhospitalier et poursuivi à l’hôpital n’a pas amélioré les résultats fonctionnels de manière significative à 90 jours chez les patients avec un diagnostic confirmé d’accident vasculaire cérébral ischémique aigu ou d’hémorragie intracérébrale.
Ces résultats suggèrent que le RIC pourrait ne pas être un traitement autonome efficace contre les accidents vasculaires cérébraux aigus. Cependant, son rôle en tant que traitement d’appoint doit être évalué par des recherches plus approfondies.