Dans une étude récente publiée dans Réseau JAMA ouvertles chercheurs ont étudié l'impact des différentes manières de définir la carence en fer (DI) sur les estimations de la prévalence de ce trouble courant chez les femmes.
Leurs résultats indiquent que l'utilisation de seuils de ferritine sérique (SF) plus élevés augmente considérablement le taux de diagnostic de DI, conduisant potentiellement à une amélioration du traitement et à une diminution de la morbidité associée.
Étude: Prévalence de la carence en fer selon 3 définitions chez les femmes aux États-Unis et au Canada. Crédit d’image : angellodeco/Shutterstock.com
Sommaire
Arrière-plan
Plus de deux milliards de personnes dans le monde, en particulier les enfants et les jeunes femmes, sont touchées par la DI, ce qui entraîne divers problèmes de santé, notamment la fatigue, l'intolérance au froid, des anomalies épithéliales et muqueuses, des troubles liés aux menstruations, le pica, une altération des performances musculaires et conséquences indésirables liées à la grossesse.
Les recherches antérieures sur la prévalence de la DI chez les femmes aux États-Unis et au Canada ont été limitées et variées. Traditionnellement, le diagnostic ID combine de faibles taux de fer sérique, SF et saturation de la transferrine (TS), mais de nombreuses études utilisent le SF seul.
L'étude de dépistage de l'hémochromatose et de la surcharge en fer (HEIRS) a défini la DI en utilisant des critères combinés TS et SF, tandis que la définition de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) utilise la SF seule pour diagnostiquer la DI.
Une autre définition de l'Enquête nationale sur la santé et la nutrition (NHANES) fixe un seuil SF plus élevé pour l'érythropoïèse déficiente en fer (IDE).
À propos de l'étude
Cette étude transversale a comparé la prévalence de la DI dans la cohorte HEIRS en utilisant trois définitions pour comprendre comment les critères diagnostiques influencent les estimations de prévalence et éclairent la pratique clinique et les études de population.
Menée de 2001 à 2003, l'étude HEIRS a recruté 101 168 adultes multiethniques âgés de 25 ans et plus dans des établissements de soins primaires aux États-Unis et au Canada.
Les données de 62 685 femmes ont été analysées, à l’exclusion de celles ayant une connaissance préalable des diagnostics d’hémochromatose ou de surcharge en fer. Les participants ont fourni un consentement éclairé écrit et des données sur l'âge, le sexe, la race, l'origine ethnique, le TS et le SF ont été collectées.
La grossesse a été autodéclarée. Les échantillons de sang ont été analysés pour TS et SF à l'aide de méthodes standardisées. L'ID a été définie à l'aide de trois critères : HEIRS (TS < 10 % et SF < 15 ng/mL), OMS (SF < 15 ng/mL) et IDE (SF < 25 ng/mL).
L'analyse statistique a comparé la prévalence de la DI selon l'âge, le statut de grossesse et les groupes raciaux/ethniques à l'aide de tests de variance, de tests χ2, de tests t et de modèles linéaires. Les augmentations relatives de la prévalence de la DI ont été calculées avec des intervalles de confiance de 95 % à partir de 100 000 échantillons aléatoires.
Résultats
L'étude a analysé les données de 62 685 femmes âgées en moyenne de 49,58 ans. La prévalence de la DI variait considérablement en fonction de la définition utilisée : 3,12 % sur la base de la définition utilisée par HEIRS, 7,43 % selon la définition utilisée par l'OMS et 15,33 % sur la base de la définition de l'IDE.
Parmi les femmes âgées de 25 à 54 ans, 4,46 % avaient une pièce d'identité basée sur HEIRS, 10,57 % selon l'OMS et 21,23 % selon l'IDE. La prévalence de la carte d'identité variait également selon les groupes ethniques et raciaux, les taux les plus élevés étant enregistrés chez les femmes hispaniques et amérindiennes.
Parmi les femmes âgées de 25 à 44 ans ayant déclaré être enceintes, la prévalence de la DI était de 5,44 % selon HEIRS, 18,05 % selon l'OMS et 36,10 % selon IDE. La prévalence relative globale de la DI a augmenté de 2,4 fois selon l'OMS et de 4,9 fois selon l'IDE par rapport aux HEIRS.
Les femmes blanches ont enregistré les augmentations relatives les plus élevées (3,0 fois selon l'OMS et 6,9 fois selon l'IDE), tandis que les femmes noires et amérindiennes ont enregistré les augmentations relatives les plus faibles.
Ces résultats soulignent l’impact des critères de définition sur les estimations de la prévalence de la DI.
Conclusions
L'étude a révélé que la prévalence de la DI chez les femmes variait considérablement selon la définition utilisée, ces différences semblant être observées indépendamment de l'âge, de l'état de grossesse et des groupes raciaux et ethniques.
L'étude comprenait une vaste cohorte de plus de 62 000 femmes de diverses origines raciales et ethniques et utilisait une technologie de pointe pour mesurer le TS et le SF.
Les trois définitions de la DI – HEIRS, WHO et IDE – correspondaient à une prévalence croissante et à une diminution de la gravité de la DI. Des recherches antérieures ont montré des tendances similaires, avec des seuils de SF plus élevés en corrélation avec des prévalences de DI plus élevées.
Les points forts de l'étude comprennent la taille de son échantillon large et diversifié et sa méthodologie robuste. Cependant, les limites incluent le manque de données sur les taux d'hémoglobine, les facteurs socio-économiques et le recours à l'état de grossesse autodéclaré.
L'étude était également géographiquement limitée au Canada et aux États-Unis et incluait uniquement des femmes âgées de 25 ans et plus.
Les recherches futures devraient remédier à ces limites en incluant des populations plus diversifiées et des variables supplémentaires telles que le statut socio-économique et l'apport alimentaire en fer. Il devrait également valider la définition de l’IDE dans différents groupes d’âge et contextes cliniques.
L'étude souligne la nécessité de définitions internationales unifiées de l'identification, en particulier pendant la grossesse, pour améliorer les résultats du diagnostic et du traitement et réduire la morbidité associée.
Plus précisément, l’utilisation de seuils SF pour identifier les cas de DI pourrait conduire à des taux de diagnostic plus élevés et, par conséquent, à un traitement de meilleure qualité, ce qui pourrait réduire le fardeau de la maladie causée par la DI.