Une équipe dirigée par le professeur agrégé spécialement nommé Tomohiko Ishihara et le professeur Osamu Onodera de l'Université de Niigata, ainsi que le professeur Yoshitaka Nagai de l'Université de Kindai, ont mené un essai randomisé en double aveugle sur l'efficacité et l'innocuité de la L-arginine dans le traitement de l'ataxie spinocérébelleuse de type 6. (SCA6).
Sommaire
I. Contexte de l'étude
L'ataxie spinocérébelleuse (SCA) est une maladie neurodégénérative affectant le cervelet, une partie du cerveau responsable de la coordination des mouvements. Les symptômes comprennent des difficultés d'équilibre, de coordination et d'élocution (symptômes d'ataxie). Au Japon, environ 30 000 personnes sont touchées par l'ACS, dont un tiers des cas sont héréditaires. De nombreux SCA héréditaires sont classés comme maladies polyglutamine, un groupe de troubles provoqués par des protéines présentant des voies polyglutamine (polyQ) longues et anormales. Ces protéines s’accumulent dans les cellules nerveuses, formant des agrégats censés contribuer au dysfonctionnement cellulaire et à la progression de la maladie. Les recherches menées par le professeur Osamu Onodera de l'Université de Niigata et le professeur Yoshitaka Nagai de l'Université Kindaii ont identifié la L-arginine, un acide aminé, comme un composé prometteur qui inhibe l'agrégation des protéines polyQ. Dans les modèles animaux de maladie polyglutamine, la L-arginine a montré un potentiel thérapeutique (Minakawa EN et al., Brain 2020). La L-arginine étant déjà un médicament approuvé, notre équipe a décidé d’explorer son innocuité et son efficacité en tant que traitement potentiel des maladies liées aux polyglutamines chez l’homme par le biais d’un essai clinique.
II. Aperçu de l'étude
Cette étude (AJA030-002, jRCT2031200135) a été conçue comme un essai de phase 2 multicentrique, contrôlé par placebo, en double aveugle et randomisé pour évaluer l'efficacité et l'innocuité de la L-arginine dans le SCA6, un sous-type de SCA avec une prévalence relativement élevée et une présentation uniforme des symptômes. au Japon. Mené de septembre 2020 à septembre 2022, l’essai a impliqué cinq institutions au Japon : l’Université de Niigata, le Centre national de neurologie et de psychiatrie, l’Institut des sciences de Tokyo, l’Université d’Osaka et l’Université de Kindai. Quarante patients atteints de SCA6 ont été recrutés et répartis au hasard pour recevoir soit de la L-arginine, soit un placebo. Pendant 48 semaines, 20 patients ont reçu de la L-arginine tandis que les 20 autres ont reçu un placebo. Cet essai de phase 2 était exploratoire, avec pour objectif principal d'observer la sécurité et l'efficacité préliminaire dans un échantillon relativement petit. L'essai a évalué l'efficacité du traitement à l'aide de l'échelle d'évaluation et d'évaluation de l'ataxie (SARA), un outil standardisé pour évaluer la gravité de l'ataxie, en particulier dans les maladies cérébelleuses. Les scores SARA de base et de suivi à 48 semaines ont été comparés pour mesurer les changements dans les symptômes de l'ataxie.
III. Résultats de l'étude
Après 48 semaines, le groupe L-arginine a montré une amélioration de 0,96 ± 0,55 points des scores moyens SARA, indiquant une légère réduction des symptômes d'ataxie. En revanche, le groupe placebo a connu une aggravation moyenne de 0,56 ± 0,55 points des scores SARA. Cela se traduit par un effet de traitement d’environ 1,5 point sur un an. Cependant, la différence observée entre les deux groupes n'a pas atteint une signification statistique (p = 0,0582), ce qui suggère que même s'il peut y avoir une tendance positive, des recherches plus approfondies sont nécessaires pour confirmer l'efficacité. En termes de sécurité, deux événements indésirables graves potentiellement associés au médicament à l'étude ont été rapportés. Il s’agissait notamment d’un cas de pneumonie ayant entraîné la mort et d’un cas d’insuffisance hépatique résolu.
IV. Orientations futures
L'étude suggère que la L-arginine pourrait offrir certains avantages thérapeutiques aux patients atteints de SCA6, comme l'indique la tendance à l'amélioration observée des scores SARA. Cependant, en raison du manque de signification statistique, des essais de phase 3 plus vastes et plus robustes sont nécessaires pour établir définitivement l’efficacité. De tels essais fourniraient des preuves plus fiables de l'utilisation de la L-arginine comme traitement de l'ataxie spinocérébelleuse et pourraient clarifier son profil d'innocuité à long terme dans cette population. Si la L-arginine s’avère efficace dans une cohorte plus large, elle pourrait devenir une option thérapeutique importante, répondant à un besoin non satisfait dans la gestion de cette maladie neurodégénérative progressive.